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Lettre ouverte aux... par ins1474 le
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Si vous vous êtes déjà intéressé, de plus ou moins près, au parcours historique de la théorie échiquéenne, vous n'avez pu que remarquer qu'elle a toujours suivi les tendances de jeu.
Wilhelm Steinitz (1836-1900), le premier champion du monde, a marqué la fin de l'époque romantique dont Paul Morphy (1837-1884) fut l'ultime représentant. Il fut le premier à préconiser verbalement le cumul des avantages positionnels devant précéder toute attaque combinatoire. Mais comme l'a souligné Alexandre Koblentz dans son excellent ouvrage "L'entraînement aux Echecs", la façon de jouer de Morphy est toujours valable et représente la base de la stratégie générale moderne : développement rapide des pièces, contrôle des cases centrales, ouvertures de lignes et diagonales pour augmenter l'activité des pièces.
L'école hyper-moderne, à laquelle nous appartenons malgré nous, a développé au possible l'idée de Steinitz, sans parfois bien s'en rendre compte. La théorie actuelle est si riche, dans certaines ouvertures, que le milieu de jeu a un peu perdu ses limites : l'ouverture a pris le pas sur lui, tant la quête de l'avantage positionnel fut grande. Du coup, l'aspect romantique du noble jeu, qui fut à la base de sa gloire présente et du ravissement intellectuel de plusieurs générations, a presque été éradiqué de la surface des échiquiers.
Du coup, les gambits ont disparu du répertoire des joueurs de premier plan. Certes, certains se risquent de temps en temps à tenter le diable, comme Kasparov qui surprit tout le monde en jouant le gambit Evans contre Anand. Mais cela reste une exception, et peu osent vraiment tenter de redonner vie à des concepts oubliés, ou considérés comme erronés. On ne surprend plus véritablement par le choix de son ouverture, mais par l'innovation théorique que l'on va placer dans une partie à la mode.
Mais doit-on faire preuve d'une confiance aveugle en la théorie ? Je ne le crois pas. On peut trouver un cas d'école en regardant d'un peu plus près le parcours historique du gambit du Roi. Tour à tour considéré comme excellent, puis comme carrément mauvais, puis de retour sur le devant de la scène, puis à nouveau oublié à cause d'une variante innovante pour les noirs, etc.… jamais ouverture n'a connu de tels revers. Mais pourquoi une telle évolution ? Tout simplement parce que les joueurs, comme vous et moi, l'ont pratiqué sans relâche pendant des années, mettant en cela notre pierre à l'édifice de la vérité. Si personne ne prend le temps de croire en la véracité d'une ouverture, sa théorie sera arrêtée sur un jugement erroné basé sur des considérations référentielles inconséquentes.
Mais pour ma part, je ne souhaite pas participer à la sélection pseudo scientifique fomentée par les théoriciens modernes. C'est pourquoi je me suis acharné à tenter de redonner un souffle de vie à des ouvertures depuis longtemps condamnées par ces même théoriciens. L'ouvrage que je suis en train de réaliser contient donc des analyses inédites sur des débuts inusités régulièrement depuis plus d'un siècle, et dont le nom n'évoquera sûrement rien pour vous. Combien de joueur ai-je surpris en tournoi en jouant le gambit Englund ! Et combien sont tombés des nues en constatant qu'ils perdaient une partie contre un adversaire qui semblait avoir donné le pion e5 par erreur après un aveuglement ! Evidemment, je n'ai pas toujours remporté la victoire, et ait même subit de cinglantes défaites. Sur cette mer constamment agitée qu'est parcours initiatique de tout joueur d'Echecs et qui a parfois la défaite pour rivage, capitaine, lui aussi, d'un navire qui n'est autre que lui-même, il manœuvre la barre, largue ou cargue les voiles suivant le temps qu'il fait, le roulis, le déferlement des lames... parfois, il lui faut jeter l'ancre, consulter la boussole et les cartes, lutter contre les éléments déchaînés pour franchir finalement les passes les plus difficiles et rentrer au port. A chaque partie, il se heurte à des murs épais et redoutables. Pour triompher de tant de difficultés, ce courageux capitaine a sans nul doute dû faire appel à son intelligence, à sa science, à son expérience. Néanmoins, il aurait sûrement échoué s'il n'avait pas mis en jeu cette faculté qui, seule, assure la parfaite exécution du jugement : la volonté.
Car il s'agit bien ici de volonté. La volonté de ne pas faire partie de la masse aveugle, de s'affirmer par l'emploi inaltérable de ce que celle-ci rejette par une sorte de consensus inconscient.
J'ai pour ma part essayé de trouver des idées originales et innovantes dans certains schémas, tout spécialement dans le complexe sicilien. Le choix fut pour moi très simple car c'est l'un des plus riche, mais aussi celui que je rencontre le plus souvent de par ma fâcheuse habitude d'ouvrir systématiquement avec les blancs mes parties par le pion du roi !
Les analyses que je soumettrais bientôt à la critique sont le fruit d'un travail de longue haleine, étalé sur plusieurs années. J'ai tenu à ne baser mon étude que sur mes propres capacités, et ai donc écarté d'emblée l'utilisation d'un ordinateur. Certes, j'aurais pu le faire, et peut être ainsi éviter des coquilles tactiques, mais le but n'était pas autre chose que de prouver aux autres et à moi même que j'étais capable, du haut de mes 2000 élo (et encore, même pas…), d'effectuer un véritable travail analytique. En cela, en utiliser un aurait été mentir aux autres, mais aussi et surtout à moi même. De toute façon, les ordinateurs se révèlent bien souvent incompétent dans l'analyse de certaines ouvertures, donnant des évaluations complètement fausses sur des positions pourtant théoriquement reconnues comme égales, par exemple. Et ils ne comprennent rien aux gambits, pas plus qu'aux positions tactiques complexes issues, par exemple, du gambit Sicilien étudié dans mon ouvrage.
Vous verrez pourtant quelquefois des parties référentielles de l'auteur de ces lignes contre un programme. Pourquoi une telle ambiguïté ? Tout simplement car tester mes variantes contre un programme était le seul moyen pour moi de les vérifier un tant soit peu. N'ayant pas à portée de main un MI ou un GMI apte à me donner un avis concret sur elles, il me fallait bien trouver un palliatif.
Botvinnik et Larsen ont compris avant tout le monde qu'un joueur se devait de rester, tout au long de sa carrière, aussi modeste soit-elle, en accord avec ses propres principes, sans que la barrière de la théorie ne soit un frein à leurs aspirations et réflexions. Que cette idée vous pénètre et guide votre sens critique lors de l'étude de cet ouvrage ! Et comme dirait Spielmann, Rudolf bien sur, je passerais bientôt la parole à la critique…
Stéphane GLICKMANN
email : sglickmann@chesslines.com
copie de la lettre ouverte diffusé sur le site : chesslines.com
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comment fais-t on pour se procurer ton ouvrage ? Je suis un peu dans le même cas en jouant des débuts insolitesafin de démontrer aux Players Books leurs stupidités à ingérerdes quantités de variantes...Stéphane MORINémail : stephane.morin@ajec-echecs.org
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c'est quelle ouvrage Je suis un joueur de club et je suis vraiment interessé par les ouvrages où on peut trouver des variantes presque inexistant.... Sakaria HASSAN:émail;sabansakaria@aol.com
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Tous mes encouragements ! Bravo pour ce post ! Les propos sont pertinents et la démarche d'historien assez rare pour être relevée. Cela me rapelle Myers au USA, Stephan Bücker en Allemagne, Gerard Welling en Hollande... et même l'article de Michel Roos dans Les Cahiers Rationalistes(166!). Bent Larsen lui-même depuis quelques années à commencer d'envisager les variantes et ouvertures selon l'angle historique. C'est tout à fait passionant et instructif. Je reste à ta disposition pour te fournir des contacts ou de la documentation. Pour quand l'édition de ton travail ? A ce titre, je veux bien t'aider, par exemple, pour la relecture.
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Bravo je me joins au concert approbateur et suis prêt à aider dans la mesure de mes moyens. Ouvrant aussi par 1.e4, j'aime certaines lignes peu fréquentées ou des variantes rares que je joue : gambit Tennison, variante Stotz contre Pirc/moderne et autres..et je me prépare à jouer la famille BDG, gambit Lisitsin, gambit letton, gambit Englund ...Si il s'agit d'un ouvrage commercial, je désirerais être informé de sa sortie pour l'acheter merci et a plus tard
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il est quand même dommage de voir que les grands esprits de France-Echecs n'ont rien à dire sur ce post pertinent A PLUS D'UN TITRE ? Nom de diou !
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Précise donc ta pensée, Dany : pourquoi A PLUS D'UN TITRE ?
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Au secours!
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j'aime bien la demarche qui consiste a se faire des idees par soi meme. Suivre la mode, ou reprendre des phrases toutes faites comme "le gambit letton est refute..." me semble etre dangereux pour le joueur moyen. Si etre un bon joueur, c'est savoir juger une position, et si les grands joueurs nous donnent des clefs pour etayer notre jugement, il me semble qu'il faut distinguer ce qui releve de la pure theorie, du jeu "parfait" entre deux connaisseurs, et la pratique du jeu, qui met en contact deux joueurs avec des comprehensions differentes des memes positions. Comme c'est dit plus haut, l'evolution de la "cote" du gambit roi au cours des ages est un exemple instructif de l'evolution des "sensibilites" et peut etre meme des moyens d'estimer une position. (materiel,dynamisme,possibilites d'erreurs de part et d'autre...) La meilleure ouverture est peut etre tout simplement celle que l'on connait le mieux, celle qui conduit aux milieux de jeu dans lesquels on se sent a l'aise. Tout simplement. Si en plus, un ouvrage ou un site (comme mjae.com) peut apporter des idees nouvelles, un gage de respectabilite, alors, il est plus facile de franchir le pas, et d'adopter de nouvelles lignes de jeux pour les faire siennes. En plus, chacun a son niveau peut avoir l'impression de maitriser ces lignes peu frequentees. Pour ma part, dans certains gambit, des jugements comme -+ donnes dans l'ECO ne me font pas particulierement peur, avec les blancs, car ils se rapportent a des jugements sur un jeu parfait, entre deux joueurs qui maitrisent. Et generalement, pour moi, le milieu de jeu n'est pas qu'une phase technique. (ie, j'ai parfois du mal a concretiser un avantage d'ouverture.) En bref, pour l'ouvrage, quand ? ou ?. Le pourquoi ne semble plus poser de problemes.
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