"Comment géner votre adversaire" par Bill Wall
Je pense que c'était mon ancien entraîneur, William Lombardy, qui disait : "Aux échecs, gagner n'est pas tout, c'est la seule chose !". Comme vous le savez, les joueurs d'échecs ne peuvent pas supporter de perdre une partie. De ce fait, il est nécessaire de savoir comment gagner aisément même lorsqu'on ne maîtrise pas cet art difficile que sont les échecs. L'art de gêner ses adversaires est un must pour ceux qui n'ont pas le temps ni la patience de maîtriser les échecs. Et c'est le cas de la plupart d'entre nous.La plus facile et la plus commune façon d'ennuyer votre adversaire est de parler. Il y a plusieurs méthodes qui peuvent être adoptées pour perturber votre adversaire au point de le distraire de faire un bon coup. Une méthode consiste à lui parler directement, en soulignant ses mauvais coups et en lui faisant savoir que sa position est sans espoir. A partir du moment où il se plaint au directeur du tournoi, sa position deviendra désespérée. Car bien entendu vous nierez lui avoir jamais parlé. Dites au directeur du tournoi que c'était lui qui vous parlait. Si votre adversaire est sur le point de faire un bon coup en dépit de vos efforts pour lui parler directement, alors dites "pièce touchée, pièce jouée !" juste avant qu'il déplace sa pièce. Bien sûr, il niera avoir jamais touché quoi que ce soit. Une dispute en résultera, déstabilisant votre adversaire au point qu'il aura oublié son plan original ou pensera que la pièce presque touchée était un coup perdant, et fera à la place un coup plus faible. Une autre méthode est de parler aux spectateurs à propos de votre adversaire, et peut être faire courir des rumeurs affreuses sur lui (il a le SIDA, il a voté pour Clinton,...). Les gens ne tarderont pas à le regarder fixement, à chuchoter, puis le montreront du doigt. Cela mettra votre adversaire dans une position très désagréable et le distraira complétement de sa partie d'échecs. Si cela ne marche pas, discutez des capacités de votre adversaire, ou parlez de ses habitudes en matière d'hygiène. Cela entraînera votre adversaire dans une discussion houleuse, et il aura ensuite tout oublié de son jeu. Une autre méthode répandue est de vous parler à vous même. Parler à Dieu ou prier à haute voix sont d'autres variantes. Marmonner, et également rire des coups de votre adversaire, ainsi que demander à des amis d'en rire, le distrairont sûrement de faire des bons coups. D'autres méthodes de perturbation consistent à tousser, renifler, et vous moucher bruyamment pendant la partie. Répandez des tas de germes, et faîtes savoir à votre adversaire que vous pourriez avoir quelque terrible maladie. S'il pense que votre maladie est contagieuse, il quittera l'échiquier souvent, incapable de se concentrer sur le jeu. Mettez des tas de mouchoirs dégueux à côté de l'échiquier. Si votre adversaire est lent à jouer, tapotez avec vos doigts sur la table. Agissez comme quelqu'un d'impatient. Laissez échapper un soupir, regardez souvent à la pendule de jeu ou à votre montre, et finalement grognez. Votre adversaire sera poussé à faire des coups hâtifs pour ne pas passer pour une limace. Quand vous échangez des pièces, gardez toujours un pion ou une pièce de votre adversaire de votre côté, ou caché dans votre main. Si votre adversaire aime comparer les pièces qui ont été échangées, il pensera qu'il gagne et relachera un peu son attention. Si vous avez une pièce d'avance, faîtes la rouler dans votre main ou lancez la en l'air quelques fois. Faîtes savoir à votre adversaire qu'il a une pièce de moins et que sa position est sans espoir. Trouvez une autre Dame venant d'un échiquier voisin et gardez la près de vous, montrant ainsi que vous pouvez faire rapidement une promotion. Pour ceux qui aiment la musique, chantonner est une nuisance idéale. Les joueurs agressifs peuvent s'attaquer à une chanson complète accompagnée de gestes de chef d'orchestre. Apportez une radio et allumez la de temps en temps pendant les phases critiques du jeu. Si votre adversaire est fan de sport, réglez la sur quelque évênement sportif important. Quand il n'est pas interdit de fumer, c'est mieux d'utiliser les cigares noirs qui empestent un maximum, ou la pipe. Une bonne bouffée de fumée n'obscurcit pas seulement la position de l'échiquier, mais fait suffoquer votre adversaire et l'aveugle. Une méthode populaire parmi les grands maîtres pour ennuyer un adversaire et de le fixer délibérément et directement.Faîtes savoir à votre adversaire qu'on l'observe. Bien sûr, s'il se met à vous fixer également lorsque c'est à vous de jouer, mettez une paire de lunettes de soleil que vous aurez apportée avec vous. Les lunettes réfléchissantes sont idéales lorsque votre adversaire ou son gourou essayent de vous hypnotiser. Quand vous pensez que vous avez une bonne position, balancez vous d'avant en arrière, souriez victorieusement, et faîtes savoir à tout le monde que vous avez une position gagnante. Votre adversaire perdra plus rapidement même s'il n'a vu aucune menace. Avec l'aide d'un ami, vous pouvez projeter de prendre des photos du jeu. Assurez vous qu'un flash lumineux sera produit. Juste avant que votre adversaire joue son coup, votre ami prend sa photo au flash et aveugle votre opposant temporairement. Ce dernier touche alors la mauvaise pièce qu'il est obligé de jouer, car il n'y a pas seulement des témoins mais un autre cliché que votre ami aura pris soin de prendre. Si vous êtes chanceux, ayez une blonde avec une grosse poitrine assise sur vous ou à vos côtés. Votre adversaire ne restera pas concentré bien longtemps sur le jeu d'échecs. Cela aide si elle a mis plein de parfum, porte des vêtements moulants, et se penche souvent sur l'échiquier. Il reste juste un autre genre d'ennui à mentionner. De tous les ennuis que vous pouvez causer à un adversaire, c'est le plus dévastateur de tous. Bien qu'il soit peu courant et en général entièrement accidentel, c'est la perturbation la plus gênante connue aux échecs. Cela s'appelle faire un bon coup ! FIN
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