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Initiation au mat en deux coups – 4ème partie : quelques trucs de solutionniste par pessoa le  [Aller à la fin] | Problèmes |
Vous pouvez trouver les trois premiers chapitres de cette initiation au problèmes d’échecs ici :



Notions de base
Le jeu apparent et le jeu d’essai
Quelques thèmes


Nous avons déjà vu une dizaine de mats en deux coups, et j’espère que les lecteurs qui m’ont suivi jusque-là ont déjà appris à admirer un beau problème d’échecs.
Mais se contenter de lire la solution est certainement un peu frustrant. Peut-être avez-vous essayé de les chercher par vous-même, et peut-être avez-vous été surpris de la difficulté qu’il y a à résoudre un problème. Dans ces positions peu naturelles, aux multiples pièces imbriquées, les réflexes habituels des joueurs d’échecs sont mis à mal. Aussi, je me propose dans ce qui va suivre de donner au « solutionniste » néophyte quelques pistes qui l’aideront à vaincre plus facilement ces petits casse-tête. Et puis ce sera l’occasion de voir encore quelques belles compositions des maîtres du genre.


Avant de commencer, je voudrais toutefois signaler que je suis moi-même un autodidacte en matière de solution ; par ailleurs, il n’y a pas beaucoup de littérature sur la question à ma connaissance (il y a un livre de John Nunn intitulé Solving in Style, mais j’avoue ne pas l’avoir lu). Ceci pour préciser que le chapitre qui suit n’a pas vocation, ni à faire autorité, ni à combler un vide. Prenez-le comme la collection de « trucs » d’un solutionniste moyennement expérimenté.


La méthode « bête et méchante »


Tautologie : un mat en deux, ce n’est jamais qu’un mat en deux coups. Autrement dit, les possibilités sont limitées, il est possible d’en faire le tour systématiquement. C’est la méthode la plus simple : tester un par un tous les coups blancs possibles !
Bien sûr, je ne recommande pas cette façon laborieuse de résoudre un problème, mais c’est finalement ce à quoi vous serez sans doute réduits après avoir utilisés les divers trucs et astuces détaillés plus bas : concrètement, la méthode et l’habitude vous aideront à réduire le nombre de coups plausibles à tester, mais ne vous dispenseront sans doute pas d’appliquer la bonne vieille méthode des essais et des erreurs. Il en va exactement de même lors d’une partie d’échecs, où la connaissance des principes généraux vous aide, mais ne vous dispense jamais de calculer des variantes. Bref, sortez un échiquier et bougez les pièces !


Examinez le jeu apparent


Nous avons déjà parlé du jeu apparent, et de son importance dans de nombreux thèmes. Mais le jeu apparent est également très utile au solutionniste. Je recommande, face à un problème de mat en deux coups, de considérer tout d’abord le jeu apparent, c’est-à-dire la position du diagramme, trait aux noirs. Je précise : cherchez le jeu apparent, même si l’énoncé du problème ne vous y invite pas (a contrario, si la mention « jeu apparent » figure dans l’énoncé, ne vous bloquez pas dessus ; l’utilité du jeu apparent se comprend parfois uniquement par comparaison avec la solution et les éventuels essais).

Dans le jeu apparent, vous devrez chercher deux types de coups pour les noirs :
- les défenses fortes : fuite du roi noir, coups qui donnent des cases de fuite au roi, échec au roi blanc, prise de pièces blanches importantes… Et surtout, parmi ces coups de défense plausibles, ceux qui ne sont pas suivis d’un mat immédiat des blancs. Votre coup-clé devra à tout le moins prévoir un mat en réponse à ces défenses fortes.
- les coups neutres. Il s’agit de coups noirs qui, de toute évidence, ne changent pas la nature de la position ; le coup d’un pion loin du roi noir, par exemple. Si les noirs disposent de nombreux coups qui semblent neutres, alors il faudra trouver une clé porteuse d’une menace (de mat en un coup). Au contraire, si les noirs sont dépourvus de coups neutres (cas extrême : si les noirs sont dans une situation de blocus complet : tous les coups qu’ils peuvent envisager sont suivis d’un mat), alors on sera sans doute en présence d’un problème de type blocus. Dans ce cas, n’oubliez pas qu’il peut y avoir des mats « changés » entre le jeu apparent et le jeu réel.


Identifiez les éléments importants


Il est souvent possible de déterminer, après un bref examen du diagramme, la ou les pièces importantes. En particulier :
- La pièce matante, ou du moins la pièce la pièce qui donne les principaux mats. Apportez une attention particulière à la dame, surtout quand elle semble peu utilisée : si elle est « hors-jeu » dans la position de départ, la clé devra lui redonner des possibilités. Si elle ne sert qu’à garder une case autour du roi noir, peut-être est-il judicieux qu’une autre pièce blanche garde cette case pour permettre à la dame de menacer mat. Eventuellement, ce raisonnement peut s’appliquer aux autres pièces blanches.
- La pièce-clé. Au contraire, il est parfois possible de repérer la pièce blanche qui gène, celle qui doit jouer pour ouvrir des possibilités blanches. Par exemple, la pièce blanche qui obstrue des lignes utiles, ou celle qui bloque une case près du roi noir, case sur laquelle on aimerait bien jouer un coup matant. En identifiant la pièce-clé et en essayant les divers mouvements de cette pièce, vous aurez souvent l’occasion de découvrir, en sus de la solution du « jeu réel », les essais thématiques.


Utilisez les règles d’esthétique


Vous êtes devant un problème publié : vous savez que ce problème est correct, et qu’il a un minimum de valeur esthétique. Vous pouvez utiliser cette information pour rechercher la clé !

- Ne vous attardez pas sur les clés inesthétiques : clé donnant échec ou prise d’une pièce noire. Ce ne sera presque jamais la solution, vous le savez. A la limite, ces clés peu plausibles peuvent vous servir à déterminer les éléments de défense noirs, c’est tout.
- Au contraire, cherchez un coup « beau et plausible ». Un sacrifice, vérifiez d’abord si son acceptation est suivie d’un mat. Une clé ampliative : s’il y a un mat sur les fuites du roi noir, vous n’êtes peut-être pas loin de la solution. N’oubliez pas que le problème est vérifié correct : si les variantes principales marchent, en général les autres variantes fonctionneront d’elles-mêmes.
- Un truc qui peut souvent aider aussi : sachant que le problème est régi par l’impératif d’économie, demandez-vous « à quoi sert ce pion/cette pièce qui semble inutile ? ». Cela peut ouvrir des possibilités, donner des pistes.
- Ne négligez pas, dans l’énoncé, les mentions « jeu apparent » ou « jeu d’essai ». Avec l’examen du diagramme, cela peut vous conduire, parfois, à deviner l’idée, le thème du problème avant même de l’avoir résolu !
- Enfin, mais c’est réservé aux solutionnistes expérimentés, la connaissance du nom de l’auteur ou de l’époque de composition peut vous orienter vers la recherche de tel ou tel type de solution.

Deux exemples, pas à pas


Alexander Zidek, 1er prix, Schach-Report 1988

#2, jeu d’essai (9+5)

Voyons donc le jeu apparent. Il est sommaire puisque seules deux pièces noires peuvent bouger. Si le fou joue, il ouvre la moitié de la ligne h3-a3 à la dame, autorisant, Cb2 #. En effet, le cavalier peut se permettre d’intercepter la tour b1 qui garde la case b3 puisque c’est maintenant la dame qui garde cette case. De même, si le cavalier bouge, il ouvre à moitié l’accès à b5 pour le fou. Malheureusement, il n’est pas possible d’en profiter dans l’immédiat.
Il semble quand même qu’on ait l’ébauche de l’idée : un blocus, avec des ouvertures de ligne pour la dame et le fou blancs, et donc des mats donnés par le cavalier.


Cherchons maintenant une clé qui prépare un mat sur un coup du cavalier noir. Cc5 étant le seul autre coup du cavalier blanc donnant échec, il est envisageable de l’utiliser. Cc5 a le défaut d’intercepter le fou qui garde a3, on peut le corriger en tentant le coup-clé 1 Fb4. Si le cavalier noir joue, alors 2 Cc5 #, si le fou joue, alors Cb2 #. Malheureusement, il reste une défense aux noirs : 1… Fc1 ! qui garde la case de mat b2 (défense déjà présente dans le mat apparent d’ailleurs). Alors ? Alors on a avancé : tout indique qu’on a trouvé l’essai thématique.
Il reste à prolonger le raisonnement. Que faire contre Fc1 ? Le mat en b2 étant alors exclu, est-il possible de mater alors en c5 ? Oui, pour peu qu’on s’occupe, cette fois, de garder la case a5, en jouant 1 Tfb5. Plus qu’à vérifier les variantes, et l’on a la solution :


1 Tfb5 ! blocus
1... F joue 2 Cc5 #
et si 1... C joue ? 2 Cc5 ne mate plus comme dans l’essai mais 2 Cb2 # si !
On a donc des mats échangés, avec une belle combinaison d’ouverture et de fermeture de lignes blanches.

Je suis allé directement dans la bonne direction, sans doute un solutionniste s’égarera-t-il moment à chercher à mater avec la dame ou le fou sur la diagonale a4-e8 (après 1 Fg2 ? ou un coup de la dame ou de la tour f), avant d’admettre que dans tous les cas, 1… Cc3 ! défend cette diagonale. Mais ce qu’il est important de noter ici : en utilisant cette méthode, on a découvert non seulement la clé, mais aussi toute la thématique de ce problème.

Un autre exemple :

Norman Macleod, 3ème prix,Thessalonique 1986

#2, jeu d’essai (8+7)


L’examen du jeu apparent ne permet pas vraiment de conclure sur la présence de coups neutres pour les noirs (le fou a4 pourrait ouvrir une ligne à la dame et l’autre fou garde peut-être d8 et d2 ou e3). Quant aux défenses fortes, elles n’apparaissent pas non plus clairement.
Essayons une autre méthode, cherchons le rôle des pièces blanches. Deux semblent inutiles pour l’instant , le fou e2 et le cavalier d3. Passons sur le fou, dont on se convaincra qu’il n’y a rien à en tirer. En revanche, ce cavalier est encombrant : il intercepte le fou et la tour h3, ne garde rien et si on l’enlève, on a un mat en 1 : Td3 #. D’où l’idée de jouer ce cavalier pour menacer 2 Td3 #.
Où jouer ce cavalier ? Il y a bien sûr plusieurs cases possibles, peut-être bien que les essais signalés dans ce problème sont des essais de ce cavalier, ça paraît plausible.
Si un coup quelconque du cavalier, les noirs ont trois défenses contre Td3 # : 1… fxe4, 1… Fc2 et 1… Fe3. Il faut préparer des mats contre ces trois répliques, dès lors les essais s’enchaînent :


1 Cb4 ? (2 Td3 #) et si :
1… fxe4 2 Cc6 #
1… Fc2 2 Cxc2 #
mais 1… Fe3 ! et pas de mat.

Tentons alors :
1 Ce5 ? (2 Td3 #) et si :
1… Fe3 2 Cf3 #
1… fxe4 2 Cc6 #
mais alors 1… Fc2 ! et Cxc2 n’est plus possible. De même :

1 Ce1 ? (2 Td3 #) permet
1… Fc2 2 Cxc2 # et
1… Fe3 2 Cf3 #
mais bien sûr
1… fxe4 ! réfute cet essai car cette fois c’est c6 qui est hors de portée.

On a donc des réfutation cycliques, c’est bien joli, mais quelle est la solution alors ? Le cavalier ne peut pas contrôler les trois cases c6, f3 et c2 !
Il est temps de penser à la dame blanche, qui a été étonnamment passive jusque ici. En effet, elle ne sert qu’à garder la malheureuse case e4. Quel gâchis !
Pourquoi ne pas la libérer de ce rôle ingrat en jouant alors 1 Cf2 ? Ca menace toujours Td3 # et la dame va pouvoir utiliser toute sa puissance :

1 Cf2 ! (2 Td3 #)
et
1… Fc2 2 Da1 #
1… Fe3 2 Dd8 #
1… fxe4 2 Dxe4 #

Et voilà ! Tous les mats sont changés par rapport aux trois essais thématiques. On a utilisé ici un mélange de deux méthodes, la détermination de la pièce clé et l’identification de la pièce matante.
Bien sûr, j’ai volontairement choisi cet ordre qui nous a fait visiter les essais thématiques avant la solution. Il vous arrivera parfois de trouver le jeu réel, mais de devoir ensuite ramer pour déterminer les essais et voir la thématique d’un problème.

Un dernier mot sur ce problème : je me permets de souligner sa richesse thématique, son élégance et la légèreté de ses moyens (seulement 15 pièces). Il me plaît énormément malgré un défaut : l’inutilité du fou blanc dans le jeu réel.


Trois exercices

Je vous propose trois autres belles pièces à résoudre vous-même. Je vous laisse un indice pour chacun à la fin du paragraphe, essayez de résoudre sans dans un premier temps.


1- John Rice, 1er prix ex aequo, Mémorial Mansfield, 1987

#2, jeu apparent (8+9)




2- Viacheslav Kopaïev, 1er prix ex aequo, Biuletyn Ts. Ch. K. SSSR *, 1986

#2, jeu d’essai (10+8)
* Désolé, je n’ai pas la référence complète de la revue !




3- Udo Degener, 1er prix, Mémorial Rizetti, 1987

#2 (10+8)




Tous ces problèmes sont extraits de l’Album FIDE 1986-88, compilation des meilleurs problèmes parus sur cette période. Bon courage !






Indices


1- L’examen du jeu apparent doit suffire à deviner l’idée, plus qu’à trouver la belle clé.


2- La pièce matante « sous-utilisée » saute aux yeux, il y a donc deux pièces-clé possibles. La solution complète fait apparaître des interversions de coups.


3- Pas de thème moderne ici, juste une clé belle et inattendue.



Voilà, je donnerai les solution des exercices à la fin de la semaine prochaine (d’ici là, vacances pour moi !). Amusez-vous bien.








Je viens de lire les trois première parties Et le premier exemple de celle-ci : bravo bravo et encore bravo pour m'avoir ouvert les yeux. Comme je ne cessais de le répéter jusqu là, je préfère(ais ?) les études aux problèmes, car je suis plus dans l'optique de ce que tu appelles la "devinette", c'est-à-dire la recherche d'une méthode de gain. Effectivement l'objectif du problème n'est pas du tout le même que celui d'une étude, et je pense maintenant que leurs objectifs diffèrent même pas mal. Et donc je jetterai un oeil un peu plus attentif maintenant je pense aux productions que l'on retrouve parfois dans la partie compositions.

Encore merci !


pessoa, le
Merci à toi Sisyphus C'est le genre de réactions que j'espérais obtenir avec cette série d'initiation, et ça me fait vraiment plaisir d'amener quelques "néophytes" dans le monde merveilleux de la composition.

Je ne peux que t'encourager à perservérer : le domaine du problème est un peu difficile d'accès, mais ça vaut le coup !


sigloxx, le
Merci aussi pessoa Ce chapitre en particulier m'est assez utile, beau boulot :). Je tâcherai d'appliquer cela aux trois exos proposés dès que j'ai un peu de temps.


El cave, le
oui, beau boulot (je sais, ce n'est pas un domaine où j'y connais grand chose ...). Les problèmes sont plutôt sympas, assez accessibles mais esthétiques.


Une question pessoa Lorsque des problemes sont postes sur France-Echecs par exemple, j'imagine que tout le monde cherche un peu la solution, mais est-il courant que les lecteurs, meme s'ils ne trouvent pas la solution, regardent avec curiosite la solution juste pour admirer la qualite esthetique de l'idee ? Ou bien les "lecteurs de probleme" (qui ne seraient donc pas forcement des solutionnistes) s'acharnent-ils vraiment a trouver la solution jusqu'a plus soif ? (Bon pas tres claire comme question, mais bon...)


Pour Sisyphus En fait selon les revues, les inédits font l'objet ou non d'un concours de solution. En général ceux qui font le concours sont contents de découvrir dans les numéros suivants les solutions non trouvées et leur score.

Mais pour un problémiste, l'intérêt n'est pas la solution en tant que tel mais les idées ou thème qu'un problème developpe. Le problème progresse grace à la publication de nouvelles oeuvres (comme la théorie de partie lors des compétitions et des analyses). En général, le problémiste trouve l'idée de la solution même si il ne résoud pas le problème. Ensuite il peut composer un problème nouveau soit en complétant cette idée (une nouvelle version du problème par exemple) soit faire un nouveau problème en sachant que quelqu'un a déjà fait ce problème.

C'est un peu comme en peinture, il y a les spectateurs, les critiques et les peintres. Chacun regarde une nouvelle peinture et capte des informations pour l'usage qu'il veut en faire


Ok eh bien je crois que j'ai choisi ma catégorie :) Je jetterai un coup d'oeil à chaque fois que des problèmes sont postés, en ennuyant à chaque fois mon monde en demandant ce que signifie ce thème au nom barbare. Je chercherai la solution pour un moment, mais sans doute pas trop non plus, puis je regarderai la solution avec ravissement. Voilà voilà


pessoa, le
@ sisyphus Personnellement, j'aime bien résoudre, ça permet de prendre le temps de découvrir un problème et ses subtilités. Je fais d'ailleurs le concours de solutions de la revue Phénix.

Quand je ne trouve pas ou que j'ai la flemme de chercher, j'attends la solution (ou je fais tourner un solveur quand c'est possible). Surout pôur les problèmes proposés ici, qu'on doit en général résoudre rapidement avant qu'ils ne tombent dans l'oubli.

Evidemment, je n'utilise pas de logiciels pour le concours de Phénix, il n'y aurait plus d'amusement.


Oui oui chercher avec un logiciel, pas d'intérêt Et je suis bien d'accord qu'il faut chercher un minimum pour apprécier la beauté du concept. Juste que je pense que dans deux ou trois exemples que tu as donné (je n'ai pas essayé les exercices encore), le minimum n'aurait pas été suffisant pour que je trouve, et il aurait fallu que je m'y mette vraiment.

Or pour une étude, m'y mettre vraiment ne me dérangerait pas trop (car comme on le disait la recherche en soi est importante, car souvent lire la solution sans avoir chercher ne procure pas beaucoup de plaisir), autant je pense pouvoir apprécier la solution d'un problème en n'ayant cherché qu'un peu. (pour avoir vite dégagé le thème dominant)


pessoa, le
Solution de l'exercice 1 Oups, j’allais oublier de donner les solution détailler des mes exercices ! Commençons par le premier.



Examinons le jeu apparent, comme l’énoncé nous y invite.


On voit vite que tous les coups sont pourvus :

1… d2 2 Db1 #

1… e1=D 2 Dxe1 #

1... fxg2 2 Dxg2 #

1... g3 2 Dh4 #

1... F~ 2 Dxh7 #

1… C~ 2 Cd6 #


C’est donc un blocus complet. Y a-t-il un coup d’attente qui conserve cette situation ? Ce n’est presque pas surprenant : il n’y en a pas ! Un coup de tour ouvre des lignes au fou noir (1 Tg7 ? e1=D ou g3), un coup du cavalier f7 « libère » le cavalier adverse qui peut jouer librement, un coup comme 1 Ff6 abandonne un des deux contrôles de f4, permettant 1… fxg2. La dame doit surveiller quantité de cases sur la première ligne et la colonne h. Le cavalier g2 ne peut pas jouer sans intercepter une ligne utile à sa dame. Il faut donc un coup qui change la donne.

Les coups de dame échouent : 1 Dc1 ? sur Fxg5 !, 1 Dh2 ou Dh4 sur 1… d2 ! (pas évident). Restent alors les coups du cavalier g2 : 1 Ce1 ? bloque l’accès à b1 donc 1… d2 !, 1 Ce3 ? obstrue la ligne e1-e4 donc 1… e1=D, 1 Cg3 ? obstrue e4-h4, d’où 1… g3 !, reste 1 Cxh4 qui bouche l’accès à h7, donc 1… F joue devrait réfuter…

Mais voilà, 1 Ch4 permet aussi de « recontrôler » la case f5 et donc de libérer la tour de cette tâche. Ainsi, si 1… Fg7 ou Ff8, 2 Txg4 # mate. Et si le fou prend la tour, 2 Cxg5 # car la case f5 reste sous contrôle blanc. Pensez à ces clé qui transfèrent le contrôle d’une case d’une pièce à une autre, ce sont souvent la solution.

La suite coule de source : comme 1 Ch4 bouche la case h4, 1… g3 semble défendre, mais 2 Dxf3 #. Les autres variantes sont inchangées par rapport au jeu apparent comme on le vérifiera aisément. Donc, en résumé, la solution est :


1 Ch4 ! blocus

1… Fg7 ou Ff8 2 Txg4 #

1… Fxg5 2 Cxg5 #

1… g3 2 Dxf3 # : trois mats changés

1… d2 2 Db1 #

1… e1=D 2 Dxe1 #

1… C~ 2 Cd6 #


Un très beau mutate.



pessoa, le
Solution de l'exercice 2 Je serai plus bref.



On voit une belle « demi-batterie » avec le fou h2 et les deux tours, qui ne demande qu’à s’activer. Par ailleurs, la dame a un rôle assez passif jusqu’à présent. Il suffirait qu’un des deux tours joue pour menacer 2 Dd7 # (la dame est soulagée du contrôle de la case e5) et pour permettre des échecs à la découverte de l’autre tour. Oui mais voilà : quelle tour et où ? Essayons.

Nous allons nous concentrer sur deux défenses, qui coupent la ligne a4-d7, soit 1… Tb5 et 1… Dc6



1 Tge3 ? (2 Dd7 #)

après 1… Tb5 2 Tf5 # (grâce à l’interception de la dame)

mais 1… Dc6 ! réfute



1 Tg2 ? (2 Dd7 #)

après 1… Dc6 2 Tf5 # (cette fois, c’est la tour qui est interceptée par la clé)

mais 1… Tb5 ! réfute à son tour.

Dans chacun de ces deux essais, on a le même mat sur la réfutation de l’autre.



On peut ruser et commencer par le coup thématique Tf5

1 Tf5 ? (2 Dd7 #)

et logiquement, 1… Tb5 2 Te3 #

1… Dc6 2… Tg2 #

Mais cette fois, 1… Dc3 ! et on s’en sort en clouant la dame.



Il reste la clé, qui « recontrôle » (tiens, tiens) e5 au profit de l’autre tour :

1 Txd3 ! (2 Dd7 #)

1… Tb5 2 Tee3 #

1… Dc6 2 Te2 # car l’autre tour peut s’occuper d’intercepter la pièce noire restante.

Autres défenses interceptant a4-d7 :

1… b5 2 Cb7 #

1… c6 2 Dc7 #

Autres défenses :

1… Txh2 2 Cxb7 #

1… Cf8 ou Cf6 2 D(x)f8 #


Une belle œuvre avec un festival d’interceptions (pour les amateurs de mots barbares, cela présente le thème Reversal doublé, le thème Arnhem et le thème Umnov. Je dis ça vraiment pour faire mon intéressant).



pessoa, le
Solution de l'exercice 3 Ici, je me contenterai de vous laisser admirer la belle clé ampliative et qui sacrifie quatre fois un cavalier, avec les jolies variantes :



1 Cxf6 ! 2 Cd7 #

1… Rxf6 2 Dxh8 #

1… Dxf6 2 Db8 #

1… Fxf6 2 Ff4 #

1… exf6 2 Dd6 # et par ailleurs :

1… Fe8 2 Te4 #

1… Fxe6 2 Cc6 #

1… Cc3+ 2 Fxc3 #



Et deux beaux essais en sus :

1 Cf4 ? (2 Cc6 #) mais 1… Fe8 !

1 Cg3 ? (Te4 #) mais 1… Fxe6 ! (mats que l’on retrouve dans le jeu réel).



Les excellents problèmes cités par Pessoa ont un "jeu d'essai" qui se considère.

Quand la clef est trop évidente, on ne considère aucun essai. On passe à côté, peut-être, mais en l'occurrence, c'est plutôt le compositeur qui est passé à côté... de la beauté. Vous ne rencontrez pas ce genre de choses chez Marjan Kovačević, spécialiste mondial du 2#.

Pourtant, même des premiers prix sont donnés à des problèmes ayant ce défaut rédhibitoire. Ce soir, je tombe par hasard sur le 2# ayant eu la 1ère place au dernier "WCCT". Ce n'est pas rien. Même quand on ignore le jargon des problémistes, on devine que la lettre W signifie un truc mondial. Et WC, en principe, n'évoque point les toilettes.

Je joue le coup évident, poussant un pion pour mettre en jeu la Dame. Eh bien, c'est la clé. Et ils se sont mis à 3 pour pondre ça. Je n'oserais même pas vous donner le diagramme.

Le comble : le commentateur (anglais mais ce n'est pas "qui vous savez") ose écrire ceci. "Je crois que personne ne mettra en question la prééminence de ce merveilleux 2# moderne". SIC !

Votre "modernité" à la manque, vous pouvez vous la mettre...

J'avais bien dit "en principe".


Qu'une oeuvre puisse être primée sans le mériter n'est pas une surprise, aux échecs comme ailleurs. C'est pour ça que chacun est invité à se rendre compte par lui-même. Est-il possible de voir le diagramme ?







Merci Ofkrad. Donc, après 1.d7 il y a quatre façons de parer la menace de mat en f4 menant chacune à un mat différent. C'est réussi, mais apparemment rien d'exceptionnel et l'évidence du premier coup, soulignée par Erony, est un défaut important. Les juges n'expliquent-ils pas leur choix ?


Merci Ofkrad.

A titre de comparaison, voici un problème classé dans les choux (9e-12e). Malgré un léger défaut, que je garde secret au cas où vous voudriez chercher, il est tout de même... beaucoup plus présentable.

Si, si, Slucaino, ils considèrent les essais, de la Dame (en b6, b7 et g8) et même 1 Cg4? que l'on serait amené à considérer si... l'on séchait, mais c'est impossible ! Ils parlent de thème Dombrovskis et bla et bla...

Mat en 2 (M. Kovačević, 2013).

2K2n2/Q1P2P2/R7/3PkNNR/1pP5/6pp/2BBP2r/5rbn





ins4360, le
En ce qui concerne le 1er prix et la façon dont celui-ci est présenté par erony semble effectivement d’une simplicité déconcertante, mais peut être que les trois variantes principales qui donne chacune un 3x1 changés a énormément influencé le juge ?


Si je comprends bien, il y a deux courants de pensée :
- l'un estime que tout ce qui est dans la position en constitue la richesse, ce qui implique que si la clé saute aux yeux cela ne gêne pas.
- l'autre estime que la richesse de la position doit apparaître dans le processus de recherche de la solution.
Peut-on le dire comme ça ?



ins4360, le
Il n’y a pas deux façons de pensé car dans le domaine de l’art chacun a sa façon de voir les choses comme il le ressent.
Certains attacherons plus d’importance a la clé, d’autres a la beauté, mais également d’autres s’intéresserons plutôt a la richesse du problème en se penchant sur la difficulté des thèmes utilisés.
Donc le choix d’une personne à une autre peut varier selon les critères recherchés mais ceci dit une bonne clé est toujours un plus mais pas forcement le critère primordial d’un problème.



pessoa, le
N'allons pas trop vite en besogne. Le problème ci-dessus décrié a en effet remporté un machin qui a l'air important, il vaut forcément quelque chose.

Qu'est-ce-que le WCCT, déjà ? C'est le championnat du mode de composition par équipe nationales. Ce n'est pas rien, en effet. Cette compétition se joue en plusieurs catégories, dont les mats en deux coups). Les juges sont les pays eux-mêmes : chaque pays (un juge, ou plus souvent un collège de juges de ce pays note, un peu scolairement, tous les problèmes proposés.
Parmi 75 mats en 2 coups proposés, celui-ci est le préféré des juges ukrainiens et des Allemands (qui remarquent toutefois la "pâleur" de la clé) ; il est classé deuxième par les Serbes et les Slovaques. Il a donc conquis plus d'un problémiste expérimenté.

Alors quoi ? Alors déjà, ce concours demandait des problèmes qui devaient impérativement répondre au thème suivant (acrochez-vous) : "Deux essais blancs menacent le même coup matant A. Deux autres essais menacent le mat B. La clé véritable ne menace aucun de ces deux mats, mais on les retrouve comme variantes sur des défenses noires."

Cela n'effraiera pas le lecteur assidu des mes articles d'initiation : il se souvient que le tome 2 parle de jeu apparent et de jeu d'essai. Si, huit ans après, le lecteur a besoin d'un petit rappel, qu'il n'hésite pas à cliquer sur le lien un peu plus haut.

On va donc devoir examiner les essais, et même le jeu apparent. Et aussi, puisque je le recommandais déjà il y a huit ans, nous allons commencer par jeter un oeil au jeu apparent.
Deux coups noirs font figure de défenses fortes : prise d'une unité adverse, ce qui donne une case de fuite au roi noir.
Ces coups sont 1... Cxd5 (donne la case e5 au roi) et 1... fxe3 (qui donne f4).

Maintenant, cherchons des coups matants plausibles. Quatre échecs sont visibles, mais on ne voit pas comment la tour pourrait donner mat. Restent les coups Ff5+ (qui ne mate pas de suite car on perd le contrôle de d5) et d3+ (qui donne malencontreusement e3).
Tâchons de contrôler d5 ou e3, et on aura nos quatre essais :

1 Db6? menace 2 d3#
Si alors 1... fxe3 2 Dxe3# mais 1... Cxd5 ! sauve les noirs.
1 Cg4? menace aussi d3#
Si alors 1... Cxd5 Db1# mais 1... fxe3 !

1 Dg8? menace 2 Ff5#
Si alors 1... fxe3 2 Dg4# mais 1... Cxd5 !
1 Db7? menace aussi Ff5#
Si alors 1... Cxd5 2 Dxb5# mais 1... fxe3 !

Enfin, la clé, assez évidente sans doute, est 1 d7 !
Son intérêt est de contrôler e5 et f4 et la menace est 2 Dxf4#
Sur les deux défenses, on retrouve nos deux mats "fil rouge" :
1... fxe3 2 d3#
1... Cxd5 2 Ff5#

C'est aride, peut-être, mais on a des thèmes modernes (qui ne le sont plus tant) avec un très haut niveau de technique, dans une position légère. D'abord le paradoxe Dombrovskis (un coup noir pare une menace dans un essai, mais provoque ce même mat dans le jeu réel), toujours plaisant. Et deux fois. Ensuite, les quatre essais sont liés parfaitement : les deux coups de menace sont parés par chacun des deux coups de défense, alternativement. Tous les autres mats sont différents, pas de répétition désagréable d'un coup non thématique. Une belle extension du thème requis.

C'est en réalité une réalisation très difficile et admirable, mais pas forcément facile d'accès pour le profane ; en tout cas il ne faut pas s'arrêter aux apparence, la qualité de la clé ne fait pas tout (Erony le sait bien du reste).

Et pour finir, n'oublions pas en route les auteurs de ce tour de force : Pavel Murashev, Anatoli Slesarenko et Aleksandr Feotkistov, tous trois russes.


Le seul ennui de ce problème pour "intellos" est qu'il y a deux coups "forts" dans la position pour les Noirs, 1...fxe3! et 1...Cxd5!. Même en feignant d'oublier l'aspect trivial de la clé, un solutionniste normal cherche à pourvoir les coups forts, ne considérera donc pas les essais, TOUS réfutés, comme Pessoa vous l'explique, par l'un ou l'autre des coups forts, donc sans valeur.

Le point de vue de Pessoa n'est évidemment pas isolé, il est même, comme il le dit de façon convaincante, probablement majoritaire parmi les problémistes. Je me souviens que c'était celui de JR, qui n'est pas "abominable" mais au contraire très courtois et sympathique, qui a quitté le forum sur un coup de tête en 2009.

La question, fort bien amorcée par Slucaino, est la suivante, qui exprime en effet deux "courants de pensée" : le monde du problème tient-il à se démarquer constamment du monde des joueurs d'Echecs en les écoeurant au maximum par des jeux intellectuels, ou tient-il à garder le contact ?

Comme déjà dit une bonne dizaine de fois sur ce forum, en se limitant aux 2#, des compositeurs comme Mansfield, Ellerman, Loschinsky et notre ami Marjan ont séduit des milliers de joueurs du monde entier. Concluez vous-mêmes.



Il y a les "juges ukrainiens" dont parle Pessoa, et les compositeurs ukrainiens, apparemment deux mondes séparés. Nous constatons heureusement, grâce à ces derniers, que le WC etc. n'a pas que des aspects négatifs. Voici le lauréat en catégorie multicoups. C'est ce que j'appelle un VRAI problème d'Echecs, Mesdames et Messieurs.

Do you see what I mean ?

Mat en 5 (M. Marandiouk et I Yarmonov, 2013). Solution sur demande (mais de grâce, cherchez un peu).

B4n1b/5p2/2N3p1/1R3pp1/2p1k3/1p6/4b2K/2B1N3





Merci Pessoa pour ce développement.

J'avoue qu'en voyant le problème sec je n'ai pas pensé à aller fouiller le "jeu d'essai".

Avec un thème pareil imposé, j'imagine que résoudre le problème consiste à trouver cinq premiers coups blancs, dont l'un est la clé. On peut aussi l'apprécier sans le résoudre en ayant connaissance du thème et des cinq premiers coups blancs.

Cela nous ramène au sens du mot "essai". En faisant un copié-collé du fil en lien dans l'introduction : "Les essais sont des tentatives blanches qui échouent sur une et une seule défense noire. Cette défense est appelée la réfutation de l’essai." Ainsi donc, nous avons quatre essais dans ce problème.
Il n'en reste pas moins que le choix du mot "essai" était à l'origine destiné à qualifier un coup qu'on "essaie" avant de trouver la solution et qui nous met ou non sur la voie, et non pas un coup qu'on a du mal à imaginer une fois la solution trouvée. Le sens échiquéen du mot "essai" se dissocie de son sens français.

A propos, commet dit-on "essai" (appliqué aux échecs) dans les autres langues ?





Une autre chose est à noter, il me semble : le #2 orthodoxe est non seulement un genre dont la solution ne comporte que 3 coups, mais aussi un des plus travaillé puisqu'il est le premier, historiquement parlant.

Il n'est donc pas vraiment étonnant que beaucoup de réalisations "modernes" privilégient la technique sur l'esthétique (pour dire simplement). D'autant plus que, dans ce cas précis, le thème exigé est en lui-même déjà technique...

Dans le domaine de la partie justificative, que je connais comme compositeur et comme juge, se pose le même dilemme. Un exemple récent et "ultime" est celui d'une pj qui se termine Roi contre Roi, réalisé par François Labelle grâce à un programme informatique de recherche exhaustive.

D'un côté l'exploit technique est immense, beaucoup de compositeurs pensaient d'ailleurs que c'était impossible, et ça l'est (impossible) si on demande en plus que les Rois ne bougent pas pendant la solution.

Mais d'un autre côté il n'y a aucune stratégie, et il est inutile qu'un solutionniste se penche dessus, il ne trouvera pas (par manque d'indices dans la position du diagramme final).

So what ? Ce sera l'appétence des juges qui parlera, tant celui de la revue que ceux de l'Album Fide, qui risquent d'ailleurs de diverger. A titre personnel je mettrais sans trop d'hésitation 4/4, mais c'est juste l'avis non objectif d'un taskeur froid !


ins4360, le
Jusqu’a présent je pensais que l’on considérait un jeu d’essai que par sa caractéristique de réfutation unique mais ce débat très intéressant nous apprend qu’il existe chez les spécialistes d’autres critères plus subtiles pour qu’un essai soit acceptable ou pas et c’est sans doute pour cette raison que dans la solution donnée par Pessoa l’essai 1.Db7 ? Est préféré à 1.Db3 ? Mettant en évidence le troisième mat changé sur 1…Td4 2.Ff5 # ce qui a mon avis, rajouté au thème demandé n’est pas rien non plus.


Normalement non, Slucaino, le sens échiquéen du mot "essai" n'a aucune raison de "se dissocier de son sens français". Et apparemment pas davantage en anglais ("try") ni en allemand ("Verführung"). Ce dernier mot signifiant aussi "tentation".

Encore faut-il, pour être "tenté" ou "séduit", que ce coup vienne à l'esprit.


ins4360, le
Je pense que le défaut dont nous parle erony dans la composition de M.Kovacevic, ce tient dans les explications même qu’il nous donne au sujet des essais.

Si j’ai bien compris, dans cette composition on a dans le jeu apparent le coup puissant des noir qui est 1…Fb6 et qui devrai conduire le solutioniste a trouver des essais pour paré ce coup hors, dans l’une des quatre phases, un des essais ne correspond pas a cette attente.

Sans vouloir critiquer ce magnifique problème, j’aimerai retenir votre attention sur autre chose.
Dans l’essai 1.Fe3 ? (2.Dd4 # A) la réfutation est donnée par 1…Tf4 ! a, dans l’essai 1.Cd4 ? (2.Cgf3 #B) la réfutation est 1…Fe3 ! b, dans le jeu réel, la variante 1…Tf4 a fait ressortir le coup (2.Cf3 # B) alors que 1.Fxe3 b ne fait pas ressortir (2.Dd4 # A).
Peut-on dire que dans ce cas que le problème est impur de but ?



Non, Bernard, ma critique n'était pas aussi subtile. C'est bien que le Cf3# ressorte dans le JR (c'est même "thématique", si j'ai bien compris) mais le fait que ce soit sur une réfutation d'un essai est une finesse supplémentaire, qui n'implique pas qu'il en soit de même pour le Dd4#.

Avec un thème aussi tarabiscoté, il n'est pas étonnant que le problème de Marjan soit loin de ses meilleures oeuvres. Même si, on l'a compris, il me paraît bien supérieur au problème classé premier, ne serait-ce que parce qu'on y joue aux Echecs, pour reprendre un propos qu'il avait tenu en privé. Le défaut que je lui trouvais est différent : la semi-batterie de la 5e rangée incite le solutionniste à jouer le Cf5. Ainsi que la trivialité de la réfut de 1 e3?.

Il n'empêche que, même en considérant cela, et le coup fort 1...Fb6, on commencera tout de même par 1 Cd4?, dont la réfutation est subtile. Seul un solutionniste... comme Marjan, précisément, jouera 1 Ce3! immédiatement par défi. Mais nous ne sommes pas en "solving-show" !


ins4360, le
Le piètre compositeur que je suis, ne saurai dire laquelle des deux est la meilleurs mais, je confirme que le thème imposé n’est pas coton et pour raison de m’être laisser tenté en composant ce modeste problème qui bien entendu n’a rien a voir avec celle des champions et comporte beaucoup de défaut mais on y trouve tout de même en plus du thème imposé, le thème Dombrovskis.




ins4360, le
Vous l’aurez compris que le gros défaut de cette composition est la clé, mais ce serai dommage que celle-ci rebute le solutioniste à découvrir le reste car le contenu est très riche, et pour le joueur d’échecs que je suis, que ce soit une dame ou un fou ayant le même but qui apparaît sur l’échiquier ne me choque pas plus que çà surtout vue les difficultés rencontrer par les meilleurs compositeurs du monde pour réalisé le thème imposé, alors vous imaginez pour le joueur du dimanche que je suis !
La richesse de cette composition est les quatre réfutations basées sur le thème Dombrovskis dont deux d’entre sont inclus dans les jeux d’essais, et les deux autre, font leur apparition dans le jeu réel.
1.Td3 ? (2.Fd5 # A)
1…Txb5 c 2.Cxc3 # C, 1…Cd4 ! a

1.bxc3 ? (2.Fd5 # A)
1…Txc3 2.Cxc3 # C, 1…Txb5 ! c

1.Fc7 ? (2.Tf4 # B)
1…Ff7 d 2.Dxg4 # D, 1…Ce5 ! b

1.Cxg4 ? (2.Tf4 # B)
1…Fxg4 2.Dxg4 # D, 1…Ff7 ! d

1.a8=D/F ! (2.D/F x b7 #)
1…Cd4 a 2.Fd5 # A
1…Ce5 b 2.Tf4 # B
1…Fe8 2.Dxg4 #
1…Txb5 2.Cxc3 #
1…Df5 Fxf5 #

Les remarques est critiques sont les bien venues.



Oui, c'est ce que j'avais vu (sauf que j'avais complètement oublié l'essai 1 bxc3?). Ce qui me gêne n'est pas tant la clé dualistique que le rôle du Ch2, uniquement là pour justifier l'essai 1 Cxg4?. Mais vous avez le mérite d'avoir, avec le bizarroïde thème imposé, fait un problème vivant, les essais 1 Td3? & 1 Fc7? sont bons et, même si l'on ignore que ça s'appelle "thème Dombrovskis", on voit bien que les réfutations reviennent dans le jeu réel, sous forme de variantes. Lesquelles sont donc les mats-menaces des essais.

Il semble que seule l'épreuve des 2# dans ce championnat soit aussi malchanceuse. J'ai cet après-midi, durant les intermèdes que me laissait la monstrueuse partie Nakamura-Kramnik, résolu les lauréats dans la section inverses (un inv 5#) et la section aidés (un aidé 3# à 3 solutions) qui sont tous deux passionnants.


ins7708, le
Nico : "Dans le domaine de la partie justificative, que je connais comme compositeur et comme juge, se pose le même dilemme. Un exemple récent et "ultime" est celui d'une pj qui se termine Roi contre Roi, réalisé par François Labelle grâce à un programme informatique de recherche exhaustive.

D'un côté l'exploit technique est immense, beaucoup de compositeurs pensaient d'ailleurs que c'était impossible, et ça l'est (impossible) si on demande en plus que les Rois ne bougent pas pendant la solution."

En même temps le dernier coup d'une partie qui se termine à R vs R est nécessairement un coup de roi, non ?


ins7708, le
Sinon, je partage entièrement la position d'Erony. Je suis totalement insensible aux problèmes pour lesquels il faut écrire des lettres à côté de coups idiot afin de dénicher l'idée.

Quand un coup est moche, il reste moche après qu'on l'a appelé A ou b...




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