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Retour sur Potkin-Grischuk par JR_Koch le
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| Finales | |
Je poursuis cet exposé entamé dans un autre article, atteint par la limite (200 messages). Il s'agit de la fin de partie (rapide) entre Potkin et Grischuk, qui permit à ce dernier de se qualifier.
Position après 46.h4 :
suite de la partie:
46. ... Kc6 47. Kc4 Kb6 48. Kb3 Kb5 49. Kc3 e3 50. Kd3 Kxb4 51. Kxe3 Kc3 52. Ke2 Kc2 53.
Ke3 Kd1 54. Kf2 Kd2 55. Kf3 Ke1 56. Ke3 Kf1 57. Kf3 Kg1 0-1
Je disais : il y a au moins une erreur de chaque côté dans la finale de pions. Saurez-vous les trouver ? Erony ayant depuis confirmé mon "diagnostic", je poursuis donc l'analyse.
Le moment critique se situe au 47ème coup. Après 47...Rb6, les blancs peuvent essayer 48.Rc3 (suggéré par Houdini, qui prédit la nulle) au lieu de 48.Rb3 joué dans la partie. Après la suite naturelle 48...Rb5 49.Rb3 e3 50.Rc3 e2? 51.Rd2 Rxb4 52.Rxe2 Rc4 53.Rd2! Rd4 54.Re2 Re4 55.Rf2 Rd3 56.Rf3 les blancs sauvent la nulle : l'opposition "verticale" est moins efficace que l'opposition "horizontale".
Cependant, les noirs améliorent par 50...Ra4! 51.Rd3 Rxb4 52.Re2 Rc4 53.Rxe3 Rc3 et gagnent comme dans la partie.
Pourtant il y avait moyen de se sauver : 48.b5! est un ZZ (zugzwang réciproque). 48...Ra5 49.Rc5! ne mène qu'à une finale de dames nulle, 48...e3 49.Rd3 Rxb5 50.Rxe3 Rc5 51.Rd3 fait nulle comme déjà vu, et sur un retrait du roi comme 48...Rc7 les blancs reculent également (49.Rc3) puis ne retournent en c4 que lorsque le roi noir vient en b6.
Par conséquent, 47...Rb6? était une erreur! Il fallait reculer (47...Rc7 ou 47...Rb7) pour ne jouer en b6 qu'au coup suivant (lorsque le roi aura quitté c4 ou que le pion sera déjà en b5). Avec la victoire au bout.
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Bien vu !
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Reste plus qu'à écrire cela à Potkin.
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Très difficile à défendre cette finale pour les Blancs, Grischuk a bien pris sa chance en échangeant les tours.
En regardant la vidéo, on voit Grishuk comprendre que c'est gagnant dès que Potkin joue Rb3, impressionnant, alors que l'on voit bien que Potkin ne comprend que bien plus tard qu'il va perdre.
Merci JRK pour cette explication d'une précision diabolique qui me fait presque peur de ces horribles finales de pions.
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Oui Merci JRK, lumineux, comme d'hab.
C'est vrai qu'elles sont dures ces finales, parce qu'elles reposent avant tout sur du calcul. Des coups comme 47...Rb7 (ou c7) sont pratiquement introuvables en quelques secondes, même pour les meilleurs (la preuve). 48.B5 semble plus abordable pour un trés fort finaliste. Penses-tu que tu l'aurais trouvé ?
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Oui, je pense que j'aurais trouvé 48.b5, par élimination, pour peu qu'il me reste quelques minutes (ce que Potkin n'avait pas peut-être). Pour ce qui est de 47...Rb7, difficile à dire : il faut "sentir le danger" du ZZ.
En fait ces finales "pion passé éloigné contre pion passé protégé" se déroulent pratiquement toujours de la même façon : sacrifice du pion protégé pour gagner le pion éloigné, et il faut évaluer correctement les positions qui en résultent.
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Je suppose qu'il n'avait que quelques dizaines de secondes au mieux.
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Une parenthèse personnelle mais le monde est petit.
JRK, j'étais présent à Evry en 88 lors de la simultanée de Kasparov.
J'avais 16 ans et je ne jouais aux échecs encore qu'avec mes potes à la MJC du quartier (Corbeil aux Tarterets)
C'est lors de cet évènement que j'ai commencé vraiment à être passionné pour les échecs. Et surtout ta partie qui m'avait captivé.
Ensuite, Manu, alias DocteurPipo fût le premier fort joueur que j'ai connu, et dont je suivais les cours à Orly pour le club d'Air Inter.
Et voilà que j'ai 40 ans maintenant, et que je me retrouve à lire une discussion sur ce forum entre vous.
Bon pour finir avec mon histoire qui n’intéresse personne, mon premier livre d'échecs fût celui de Aldo Haik (4 tournois pour un titre)
Et le premier MI que j'ai battu, c'était Haik :-)
Tout cela ne nous rajeunit pas :-)
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@Doc et JR :
J'ai suivi cette finale en direct : Grischuk a pris du temps et hésité avant de jouer 47...Rb6, alors que Potkin, qui avait environ deux minutes au 48ème coup, a joué 48.Rb3 très vite.
Potkin semblait encore confiant à ce moment là, mais ça ne veut pas dire qu'il l'était réellement.
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Dans ce cas c'est clairement une erreur de gestion du temps de la part de Potkin. S'il s'était rendu compte que son 48ème était décisif, il aurait utilisé tout son temps restant pour ce coup. En calculant quelques coups à l'avance, il n'aurait eu aucune peine à jouer les coups suivants rapidement, reconstituant ainsi un capital temps grâce à l'incrément.
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ce qui m'a énormément étonné dans la finale c'est lorsque Potkin a joué ses pions a l'aile Dame pour rester avec le seul pion b4. la nulle n'était-elle pas plus simple en gardant les deux pions contre un de ce coté de l'échiquier ?
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@ Parisest: dans l'absolu, c'est vrai. Cependant, si on examine concrètement la position, à chaque fois que les blancs jouent un pion de l'aile dame (a3 puis b4) c'est qu'ils sont en zugzwang; faute de jouer le pion ils devraient reculer leur roi, et laisser les noirs s'infiltrer.
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Oui effectivement, les Noirs peuvent forcer cette finale favorable en jouant e3 et en allant chercher les pions de l'aile dame.
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Première ronde de l'open de Vandoeuvre, j'ai les noirs dans une finale nulle que je continue en attendant une faute improbable, mais avec en tête cette finale Potkin Grischuk (et les analyses d'Erony sur un autre post que je n'ai pas retrouvé), raison pour laquelle j'avais fixé les pions blancs par c5 mais bien sûr gardé deux tempi de réserve, au cas où. Jusqu'à...
Ici le simple f5 avec les échecs croisés qui suivent donne la nulle. Mais mon adversaire a joué sa dame en h3... que j'ai prise à tempo...
Plus tard j'ai croisé Alberto David qui m'a direct dit "t'as gagné comme dans Potkin Grischuk". Par contre, deux autres grands maîtres français étaient persuadés que cette finale était nulle...
Moralité : on devrait lire FE. Quand ça y parle d'échecs.
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