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Comment on fait aimer les échecs à un gamin par La***nt****12733 le  [Aller à la fin] | Clubs |
Bonjour,
Une amie m'a demander d'apprendre à jouer a son fils de 7 ans. Celui ci connait a peu près le mouvement des pièces car il a déjà eut activité échecs à l'école et apparemment il a aimé.

Je sais pas exactement, ou il en est, je crois qu'il sait à peu près le mouvement des pièces.

A votre avis, les échecs, on aime ou on aime pas ou alors la façon dont on présente le jeu a un gamin est essentiel ?
Comment on fait pour faire aimer ce jeu ?

Plus que lui transmettre le peu de connaissance que j'ai, ce que j'aimerai surtout, c'est lui transmettre ma passion. Vous croyez que c'est possible ou alors la passion, cela ne se commande pas ..?


A mon avis on aime ou on n'aime pas. Ca peut bien sûr évoluer avec le temps mais assez peu.


En ce moment je fais découvrir les échecs à mes colocs, qui ne connaissent pas grand-chose d'autre que le mouvement des pièces : je leur montre des problèmes, mat en 3, mat en 2. Souvent en partant au taf je laisse une position sur l'échiquier avec l'énoncé sur un petit mot...ça marche bien, ils adorent découvrir l'enchaînement logique qui mène à la solution. Tu peux peut-être essayer quelque chose comme ça, avec d'abord des jolis mats en 1, puis en 2, en le guidant...


A


A mon avis, environ 1 personne sur 4 est susceptible d'aimer les échecs, et 3/4 non; pour les enfants, ça doit être pareil à terme. Il y a un moment où l'on apprend, c'est facile, sympa, et là presque tout le monde aime. Quand ça devient plus difficile, les rangs s'éclaircissent, c'est normal.


AD, le
Chaque enfant a son levier d'intéressement.

Pour mes 2 premiers enfants (6 et 8 ans), j'ai trouvé ce levier dans la façon de leur faire faire leurs devoirs.
Pour ma fille, il faut que ce soit ludique (Ex : Apprendre les dizaines et unités avec des jetons de poker).
Pour mon fils, c'est le côté esprit de compétition qui le tire vers le haut.

Ils se sont intéressés au début aux échecs du fait de me voir partir le we pour jouer.
Ma fille ne joue pas en club, ça ne l'intéresse pas mais demande parfois à faire une partie à la maison. On va rarement au bout de la partie mais elle prend du plaisir à jouer. D'ailleurs, ce we, il nous manque notre féminine et elle a accepté avec plaisir de venir faire le remplacement.
J'ai dû inscrire mon fils très vite en club, il avait ce besoin de jouer contre d'autres enfants. D'ailleurs, il a participé au championnat départemental alors qu'il n'avait pas encore 6 ans.

En conclusion, il faut trouver ce qui plait à l'enfant et tenter d'axer la formation au maximum dans ce sens.


Ref Maelbreih: la notion de mat est beaucoup trop abstraite pour des enfants! Ce qui les amuse, c' est attaquer et prendre des pièces adverses.

J' enseigne les échecs (principalement dans des écoles primaires) depuis une dixaine d' années, je base mes cours sur la méthode par étapes.

Il faut prendre en compte le fait qu' un gamin de 7 ans ne peut en général pas se concentrer sur quelquechose plus de 10 minutes, il est donc important de varier les exercices.

J' alterne mes cours entre une leçon (marche des pièces, attaquer en sécurité, comment défendre etc...), des exercices se rapportant au cours sur échiquier, des exercices dans un cahier, des mini-jeux (jeux avec matériel réduit: 8 pions contre 8 pions, dame contre cavalier...), et des "vraies" parties avec toutes les pièces, mais sans aller jusqu' au mat. Une fois le temps défini pour la partie écoulé, on compte les points: dame 9, tour 5, fou et cavalier 3, pion 1.


Deux choses :
- Faire la chasse aux pions au lieu de chercher à faire mat, je le vois souvent chez les enfants qui débutent.

- Concernant le temps de concentration, cela varie suivant leur motivation (chose importante aux échecs).

Pour répondre au 1er message, je pense qu'un loisir suggéré par les parents a peu de chance d'être poursuivi au collège/lycée.


ins3242, le
Ma fille de 4 ans et demi adore jouer de temps en temps. En général on joue à celui qui arrive à prendre le roi. Génial le regard dans ses yeux lorsqu'elle menace de prendre mon roi !


Chemtov, le
@benvoyons : ''la notion de mat est beaucoup trop abstraite pour des enfants!''

??????

Samedi, j'ai emmené plus de 100 enfants du club au championnat départemental des scolaires. Je crois que presque tous savent bien ce qu'est un mat ! Et ils adorent en faire quand ils peuvent ( au moins le mat du Berger, le mat du couloir et le mat de l'escalier ).


ins3242, le
@chemtov Il veut peut- être dire au tout début, quand les enfants maîtrisent juste le déplacement des pièces.


je m'occupe d'un nouveau club d'échecs depuis 2 ans, j'ai une moyenne de 30 enfants entre 6 ans et 13 ans, la grosse majorité étant entre 7 et 9 ans.
Ce que j'applique :
1) Avec les petits je suis ludique, je n'enseigne pas les échecs, je raconte des histoires avec les pièces en m'inspirant de ce qu'ils aiment heroic fantasy, jeux video, chaque pièce est un personnage avec ces caractéristiques, etc...
2) Les échecs c'est vivant, ils ont des pièces à bouger, cela les intéresse toujours. Ne pas hésiter à rentrer dans leurs jeux en transformant un échiquier en bataille rangé avec leurs règles par moment.
3) Ils sont plusieurs, je pense que c'est une clé de la réussite, quand l'enfant est tout seul, il n'a pas l'impression de s'amuser, à plusieurs ils s'amusent, se défient. Essaye de voir s'il n'a pas un copain qui voudrait aussi apprendre.
4) Je suis aussi la méthode précédemment cité (step by step). Je ne fais pas toujours dans l'ordre mais je garde l'idée de base.
5) Jamais je ne les pousse, leurs temps de concentration varie beaucoup en fonction des enfants mais sur un petit je n'insiste pas au delà d'1/4 d'heure par notion. Après je les fait joueur et même faire autre chose que les échecs s'il sature.


Chemtov, le
@Chessisfun: Oui, ce serait plus précis. Mais un enfant (en tant qu'enfant, même petit enfant) peut comprendre le mat très, très, vite.

@CavalierRouge : Tout à fait. Les miens, quand ils font mat, ils capturent des trésors sur des galions, dévalisent des banques, parcourent des labyrinthes, rejoignent leurs amoureux (le baiser de la mort !), à eux de choisir !
Mais ils ne sont pas dupes. Un enfant, c'est à la fois très intelligent et imaginatif, il sait bien qu'il colle une histoire sur une autre, un peu plus technique.

En revanche, je refuse absolument qu'ils modifient les règles.


Bossuet, le
@Chemotv: dans le championnat départemental, ce sont des enfants de quel âge? Car moi je suis plutôt d'accord avec benvoyons, jusqu'en grande section de maternelles et CP, ceux qui arrivent à comprendre l'échec et mat font exception (il y en a, mais c'est rare).

Sinon, je suis en très grande partie d'accord avec ce qui a été dit ci dessus: ce n'est pas la majorité des enfants qui s'intéressent au jeu d'échecs (du moins, dès qu'on entre dans le stade de la réflexion). Je m'en rends souvent compte dans mon activité professionnelle (l'enseignement du jeu d'échecs). Malheureusement, en France, l'école et l'éducation nationale ne doivent pas se rendre compte qu'il y a des enfants et des centres d'intérêt de leur part très différents, elle qui propose exactement les mêmes matières avec presque les mêmes méthodes d'enseignement à tous les enfants...


Ref Chemtov, Bossuet: la notion de mat est bien sûr plus facilement appréhendée par un enfant de 10 ans qu'un enfant de 6 ou 7 ans.
Il n' est pas rare chez les plus jeunes d' entendre la réaction, après s' être fait mater, "oui, mais j' ai pris sa dame!".

Ce que je voulais dire à Laurentdu94, c' est que la notion de mat ne doit AMHA pas être abordée en priorité, bien que ce soit le but du jeu.

CavalierRouge a relevé un autre point important pour motiver un jeune joueur: avoir la possibilité de jouer avec des camarades de son âge.


marcq, le
Bonjour Laurentdu94,

Bien entendu chaque enfant est unique et le caractère doit être pris en compte mais généralement nos petits élèves réagissent bien à :
- la valorisation, ne pas hésiter à les complimenter, parfois remettre des récompenses comme les diplômes de la fédération (pion d'or, cavalier d'or, fou d'or etc...),
- l'humour,
- la narration de petites histoires autour du jeu d'échecs,
- la stimulation de groupe.

Une enseignante m'avait expliqué qu'elle n'avait jamais vu une activité aussi fédératrice dans sa classe, alors bien sûr l'intérêt du jeu d'échecs peut être plus ou moins important selon l'enfant mais finalement lorsque le jeu d'échecs est enseigné par des animateurs expérimentés, il est assez rare de voir des enfants rebutés (j'ai tout de même eu ce type de réaction mais je peux les compter sur le doigt d'une main).

En conclusion je pense que l'intérêt de l'enfant peut être suscité par la compétence de l'animateur mais le caractère et l'histoire personnelle va évidemment influer également.

En ce qui concerne la discussion autour du mat, je pense qu'il est important de transmettre cette notion dès le début de l'apprentissage (lorsque j'apprends le déplacement du Roi, je donne déjà l'information qu'il est le chef et qu'on doit toujours lui éviter le danger et qu'en cas d'absence de solution pour lui sauver sa vie on perd alors la partie, bien sûr je reviendrai plus tard sur le travail d'échec et mat mais au moins la graine est semée dans leur esprit) et cela quelque soit l'âge de l'enfant (mon fils est en petite section maternelle et a maintenant compris cette notion, je précise qu'il n'est ni doué ni forcé, c'est de son propre plaisir qu'il va chercher l'échiquier).

Dans mes classes de CP, les mats pleuvent au bout de quelques mois de pratique. Alors bien sûr, encore une fois tout dépend de la compétence/expérience/charisme de l'animateur dans sa transmission du savoir.
Dans mes premières années, j'ai fait plusieurs erreurs qui ont compliquées la compréhension de la notion de mat pour les tous petits mais avec l'expérience on parvient à trouver la bonne formulation.
Les premiers mots/gestes/regards/mimiques qui accompagnent l'explication sont très importants ainsi que la capacité à rebondir sur les commentaires/questions des enfants.

Si par contre vous voulez expliquer la notion de mat à un tout petit sans expérience alors bien sûr ça risque de ne pas être si fluide mais il faut bien commencer un jour à transmettre et vous réussirez encore mieux avec votre prochain jeune padawan !


Chemtov, le
@Bossuet : Championnat départemental scolaire = de CP ( licences petits poussins ) à CM2. Et il y avait beaucoup de CP et même des maternelles.

Bien sûr, il y a des réfractaires... Ceux-là ne vont pas au championnat scolaire. Mais je ne pense pas qu'ils ne comprennent pas, simplement ils ne veulent pas (jouer avec cette règle). C'est un choix !



Bossuet, le
Alors, dites-moi, comment vous expliquez la notion d'échec et mat aux tout petits? Cela m'intéresse.


J' allais poser la même question!

Voici l'ordre dans lequel se déroule mes leçons pour les débutants :

1. L'échiquier
2. La marche des pièces
3. La prise , l' attaque (attaquer en sécurité)
4. Le pion
5. La valeur des pièces / l' échange favorable
6. La défense (s'en aller, protéger, prendre, interposer)
7. L' échec / défendre contre échec
8. Le roque
9. Echec et mat
10. L' attaque à double reprise
11. La partie nulle
12. Faire mat avec roi et dame contre roi
13. La prise en passant

Je consacre deux leçons au mat: une pour le mat donné par une pièce, l' autre pour le mat ou plusieurs pièces coopèrent.
Ces leçons n 'ont lieu qu' en fin de cursus, après que les techniques d' attaque et de défense sont maîtrisées.

La notion de mat aura cependant été auparavant évoquée lors des parties libres, notamment pour expliquer que prendre le roi alors qu' une défense est possible est interdit.
Ces parties libres ne s'achèvent généralement pas par le mat: une fois le temps imparti écoulé, les enfants comptent les "points" (l' ensemble du matériel adverse pris) qu' ils ont récolté.




Chemtov, le
@Bosssuet : J'ai du mal à comprendre la question. Je procède ainsi depuis très longtemps, sans problème. Je prends d'abord comme exemple le mat du couloir. C'est assez simple. Dès qu'on a fait la marche du roi et de la tour. Avant même la marche des pions (qui restent de petits mur qui bloquent les sorties). La notion de mat ne pose aucun problème. Pour expliquer, on peut prendre plein d'images, suivant les types d'enfant avec lesquels on travaille. Il faut être imaginatif et s'adapter. Je le fais même avec des enfants aveugles ( dans une école spécialisée où je travaille aussi ).

Pour la marche des pièces, on commence toujours par les pièces qui marchent droit ( tour, fou, dame, roi ). On enlève les pions e et d et le premier exercice consiste à extraire les tours de leurs coins sans toucher aux pions. On comprend très vite pourquoi on a inventé le roque ! La vulnérabilité du roi apparaît très vite aussi ( donc les notions d'échec qui vont mener à celle d'échec et mat ).

Je n'ai pas de cursus précis, car ''avancer ensemble'' au même rythme ralentit tout le groupe, certains enfants étant beaucoup plus réceptifs et rapides que d'autres. Donc à l'intérieur d'un même groupe de débutants, les enfants n'ont pas les mêmes directives.

Dès que les enfants maîtrisent à peu près toute la marche des pièces, je montre évidemment le mat g4 e5 f3 Dh4 mat. Un couloir en diagonale ! En plus, on peut commencer ainsi avec les premières notions de stratégie (importance du centre, fragilité des cases f7 et f2, ne pas jouer des coups de pions inutiles sur les côtés, etc... ).

Donc beaucoup de mats ! Et très vite. Comme dit précédemment par quelqu'un, c'est le but du jeu !

Bref... il y aurait beaucoup de choses à raconter. Je regrette d'ailleurs que l'on ne creuse pas plus ces thématiques très simples dans les stages DIFFE et que l'on préfère exiger des stagiaires de connaître la liste des champions du monde et des structures fédérales !


marcq, le
Bonjour Bossuet,

Une fois la marche des pièces acquise, je commence à expliquer les mats avec la même position de départ que Chemtov, à savoir le mat du couloir très facilement assimilable pour les enfants (même très jeunes) qui comprennent immédiatement que le Roi attaqué ne peut pas s'échapper de ce long couloir.

Puis je libère une case de fuite avec h6 et je demande s'il est possible que le Roi évite l'attaque, encore une fois les enfants répondent facilement.

Je rajoute alors un Fou en d3 et je repose la même question, et là pour la première fois une grosse moitié de la classe va se tromper et je me sers de cette erreur pour expliquer que les pièces peuvent se mettre à plusieurs pour coincer le Roi tout comme ils le feraient eux-même dans la cours de récréation en jouant à attraper un camarade.

L'étape suivante consiste à leur montrer que le Roi peut aussi faire appel à l'un de ses coéquipiers pour le sauver, par exemple un Fou qui pourrait capturer la Tour faisant échec ou un Fou pouvant s'interposer pour sauvegarder sa majesté !

Une fois ce travail effectué, je poursuis en leur proposant un jeu : je place une position (simple, avec très peu de pièces) dans laquelle le Roi est menacé et ils doivent trouver si c'est échec ou échec et mat.
Bien sûr les enfants vont parfois se tromper mais leurs erreurs sont très profitables si elles sont bien expliquées à l'ensemble du groupe.

Durant tout ces exercices, je valorise les enfants en les félicitant fréquemment et je fais également beaucoup d'humour pour que tous prennent du plaisir.

Enfin, et toujours comme Chemtov, je n'ai également pas de cursus précis de cours, je préfère "ressentir" la classe ou le groupe et constamment m'adapter.
Alors bien sûr je sais ce qui doit être transmis (la géométrie de l'échiquier, les règles, les mats élémentaires, la valeur relative des pièces, les motifs tactiques, la sécurité du Roi, les grands principes généraux d'ouvertures etc.) mais tout ça se fait au "feeling".



ins2677, le
Si la question, c'est " comment faire aimer le jeu d'échecs à un gamin de 7 ans ", je répondrais en le récompensant très régulièrement, en le valorisant régulièrement, en lui apprenant le plaisir de jouer, quelque soit la position.

Le but n'est pas le sujet du cours mais comment appréhender le cours, on peut partir de la marche des pièces et arriver au mat en 1, comme arriver au jeu au centre... L'important, c'est de faire vivre le groupe, faire participer l'enfant à son niveau et le mélange des niveaux est possible (super débutants, débutants) et même bénéfique pour tous !


@ Chemtov, Marcq: "Bonjour Bossuet", et moi on m' ignore? :(

Sur la façon d' apprendre le mat, je suis d' accord avec vous.

Par contre sur quand aborder ce thème, je suis en total désaccord! Pour les raisons que j' ai évoquées, à savoir que les notions d' attaque et de défense doivent d' abord être maîtrisées. Il s' agit d'ailleurs d' un point essentiel de la méthode par étape, méthode officielle de la fédération des échecs aux Pays-Bas où j' enseigne, méthode en vigueur depuis plus de 25 ans et appliquée par pratiquement tous les formateurs.

Y a-t-il un équivalent en France (ou d' autres pays)? Je serais interessé de pouvoir faire un comparatif.


Bon, Chemtov et Marcq, j' ai l' impression que je vous ai vexé vu que vous enseignez tous les deux le mat aux gamins directement après la marche des pièces depuis des lustres et que je vous dis qu' il s' agirait d' une faute didactique répandue.

Telle n'était pas le sens de ma démarche, vous n' avez à ce que je comprends ni l' un ni l' autre suivi de formation spécifique dans le domaine de l' enseignement des échecs aux enfants, ce qui ne signifie évidemment pas que vous n'en avez pas les compétences. J' avance des arguments et j' espérais simplement des réactions constructives.

Marcq, tu soulignes l'importance de “sentir” la classe et de s' adapter au niveau des élèves. Je suis d' accord, c'est essentiel et c' est ce qui distingue les bons profs des moins bons. J' imagine cependant que tu prépares tes cours avant de les dispenser non? Ou tu fais dans l' improvisation?

J' aurais aimé profiter d' exemples concrets des thèmes que vous abordez, et aussi dans quel ordre.
J' ai listé les miens plus haut, qu' en pensez-vous?



Chemtov, le
Désolé benvoyons, j'ai répondu globalement (même si j'ai cité Bossuet).

En ce qui concerne l'enseignement des échecs, je suis un peu surpris par votre assurance ! Je connais évidemment aussi la méthode par étape, même depuis son origine, puisque j'en parlais déjà avec Cor Van Wijgerden quand il a commencé à y réfléchir et à l'écrire ! ( on a souvent voyagé ensemble, en Colombie, Israël, etc... Et bien sur en Hollande ). Mais pour ma part, elle ne m'intéresse pas vraiment car elle prend beaucoup trop de temps.

Pour la formation spécifique, les fautes didactiques répandues et le domaine de l'enseignement des échecs aux enfants, veuillez bien m'excuser, mais je pense en savoir au moins autant sinon un peu plus que vous ! Je fais cela depuis trente ans, j'ai fait passer les premiers brevets d'éducateurs de la FFE déjà en 1984 et j'étudie la question depuis bien longtemps !
Et j'ai aussi pensé, à mes tous débuts, qu'il fallait différer l'enseignement du mat. Avant de me rendre compte que c'était complètement absurde.

En fait, il faut voir ce qui marche, avec les enfants. En réalité, il n'y a que les résultats qui comptent ! Par exemple, nos écoles d'échecs tournent à fond avec, comme dit, plus de 100 enfants du club qui savaient jouer (et mater) samedi dernier, pour certains après seulement quelques semaines d'échecs. Et encore quelques centaines de petits qui pointent leurs nez !

Quant aux leçons que vous listez, elles suivent certes un ordre assez logique ( à part le mat !), mais cela doit prendre un temps fou avant de pouvoir jouer de vraies parties ?
Il y a aussi là une uniformité qui ne doit pas satisfaire tous les enfants dont les niveaux ( parmi les débutants ) doivent être très variables.
Je crois qu'il faut profiter des nombreuses possibilités du Jeu d'Echecs pour sortir des modèles d'enseignement scolaires classiques et faire ''autre chose'', de plus varié, adapté et inventif, en fonction des profils et des groupes différents que l'on peut gérer ( je ne dois pas avoir deux groupes, parmi une douzaine, où je fais la même chose !).


marcq, le
Bonsoir benvoyons,

Je ne suis pas vexé et je n'ai pas eu l'impression non plus d'avoir une réaction "non constructive" !

Effectivement je passe beaucoup de temps à préparer des cours/vidéos pour mes jeunes élèves même si pour les scolaires, mon principal objectif n'est pas de suivre une méthode imposée mais plutôt que les enfants soient heureux de me retrouver pour leur prochain cours d'échecs.

Voici un exemple de vidéo que j'ai réalisé pour Europe-Echecs afin que les débutants se familiarisent au mat du couloir :
https://www.youtube.com/watch?v=HbitLoCdqQ0&feature=youtu.be

Un exemple de cours que j'ai dispensé à de jeunes joueurs justement sur l'échec et mat de l'escalier (le plus jeune joueur dans la vidéo avait 4 ans et la plus jeune joueuse est devenue l'année suivante à 6 ans championne d’île de France des moins de 8 ans en battant même à l'occasion la future championne de France !) :
https://www.youtube.com/watch?v=_6wGH1DzM-s&feature=youtu.be

Et si mes élèves ne parviennent pas au niveau de ceux des Pays-Bas, alors peut être qu'ils joueront mieux au piano !
https://www.youtube.com/watch?v=TiQ8mflvgt8


Bonjour,

Benvoyons, deux questions :
- tu indiques que ta 1ère leçon est L'échiquier. Tiens-tu 50-55 minutes avec l'échiquier sans pièces ?
- comment procèdes-tu avant la 9ème leçon pour qu'ils gagnent éventuellement des parties ? Peuvent-ils gagner ? Capturent-ils le Roi ?

Voici, de mémoire, l'ordre que j'ai généralement utilisé pour des primaires, avec des variations bien sûr entre des CP et des CM2 :
1. Echiquier, marches du Roi, Tour, Fou, Dame
2. Marche du Cavalier
3. Marche du pion
4. Valeur des pièces, Echec, Echec et mat
5. Roque + principes élémentaires d'ouvertures
6. Mat de l'escalier (+ mat RD vs R si grands)
7. Parties nulles (+ prise en passant si grands)
Etc.
Séances 2 et 3 éventuellement fusionnables avec des grands si le groupe marche bien.

Chaque séance contient des rappels de la séance précédente, la présentation des nouvelles notions avec questions/réponses, ainsi qu'une phase de jeu durant environ 50% du temps total.

Dans les séances 1 et 3 je leur fais capturer le Roi. Je considère qu'il faut qu'ils puissent finir des parties dès les premières séances (ludique), or il est difficile pour un débutant complet de mater un Roi dans une partie libre en moins de 2-3 séances (sauf situation imposée et guidée).
La prise du Roi me plaît pour les premières séances, c'est très ludique et cela permet de se concentrer sur la marche des pièces et la notion de prise, tout en introduisant que le Roi est la clé du jeu. La bascule est assez facile ensuite vers l'échec et le mat.

J'apprécie globalement la méthode par étapes mais comme Chemtov je la trouve trop longue parfois, et donc en particulier pour ces 1ères séances si c'est ce qu'ils recommandent. 9 séances c'est 3 mois, ils ne vont pas mettre 3 mois avant de découvrir un échec et mat tout de même...



Chemtov, le
Oui. Je préfère déjà cet ordre. Ou plutôt 1.4 (pour le mat). 2-3-5 ensemble (5 pour le roque).

Bon... après je crois qu'il ne faut surtout pas généraliser.

La divergence de point de vue avec benvoyons repose peut-être sur le type d'enseignement dont nous parlons. Au départ Laurentdu94 commence son post par une question concernant un seul enfant.
Un peu plus loin, benvoyons enclenche sur les scolaires (donc groupe et choix de la méthode par étape où l'explication du mat survient tardivement).

Alors, je ne sais pas ce que chacun d'entre nous a comme public, mais c'est très différent d'avoir 8, 12 ou 16 enfants, en enseignement public où parfois ils n'ont pas le choix, en école mais en petit groupe choisi où tous les enfants sont très motivés, avec éventuel suivi des parents, en périscolaire, en club, autres, etc...

A chaque groupe, une progression différente. Et à l'intérieur d'un groupe, encore des sous-groupes à différencier.

Mais en ce qui concerne le fond et la compréhension basique d'un enfant de CP ( et même maternelle), j'insiste pour dire que la notion du mat ne pose aucun problème.


@Arnackor:
La première leçon porte sur l'échiquier et la marche de la tour et du fou.
Mes élèves jouent de "vraies" parties une fois la marche de toutes les pièces connue. Comme je l' ai dit plus haut, ils comptent les "points" (dame 9, tour 5 etc..) une fois le temps écoulé, le joueur ayant le plus de points l' emporte. Seules les parties des joueurs plus expérimentés s' achèvent parfois par le mat, jamais celles des débutants.

@Chemtov: peu importe qu' il s' agisse d'un cours individuel ou collectif, enseigner le mat avant que l' attaque et la défense ne soient maîtrisées est illogique à mon sens, vu qu' échec et mat signifie que le roi est attaqué et qu' il ne peut plus être défendu.

Pratiquement tous les enfants apprennent les échecs avec la méthode par étape aux Pays-Bas depuis un quart de siècle, je suis vraiment surpris par ta réaction (on peut se tutoyer, non?!).

@ Marcq: j' ai vu ta vidéo sur le mat, elle implique les notions d'attaque, de défense, d' élimination d' un défenseur, d' attaque sur une case, et n'est donc à mes yeux pas adaptée à des enfants débutants.

Enfin bref, tout cela n'est pas bien grave, l'essentiel au final est que les enfants apprennent le jeu et y prennent du plaisir, et l' implication de l' enseignant prévaut sur la méthode appliquée.


Chemtov, le
@benvoyons :

1) Cours individuels ou collectifs : On arrive tout de même à établir un programme plus rapide, avec des séances où on peut expliquer plus ou moins de choses pendant une heure ( 10-15mn au tableau et 40-45mn de parties suivies ) si on doit se partager entre 1, 6, 12 ou 18 enfants.

Mais je signalais aussi les grandes différences existant entre les cours collectifs mêmes ( cadre, structure, environnement, objectifs, qui ont une influence sur la pédagogie à adopter ) .

2) Notion d'attaque avant le mat: évidemment elle apparaît immédiatement avec la marche des pièces ( prise ).

3) Notion de mat en CP : Aujourd'hui j'ai bien fait rire mes P1 (primary 1 = CP) à qui j'ai raconté que certaines personnes pouvaient avoir des doutes sur leurs capacités à faire mat à leurs adversaires. J'ai subi un déferlement de récits de mats administrés samedi au championnat scolaire ( mat de l'escalier, berger, couloir, et autres plus sophistiqués ).
D'ailleurs, même si on essaie de faire le blackout sur le mat, les enfants veulent savoir ce que c'est. Et il le découvre toujours !

4) Tous les enfants utilisent la méthode par étape aux Pays-Bas : oui, Cor me parlait de 800 écoles déjà à la fin des années 80. So what ? C'est une méthode généralisée pour professeurs des écoles en classe d'école primaire. Ce n'est pas mon job et je n'en ai pas vraiment besoin. Mais je ne doute pas qu'elle soit très utile pour d'autres.

5) Tutoiement : je vous en prie, faîtes comme vous voulez !

6) Effectivement tout cela n'est pas bien grave et même pas grave du tout ! Et votre conclusion me convient parfaitement.

Bon... maintenant, je crois que nous avons un peu dévié du sujet originel. Désolé pour Laurentdu94.


1) Absolument d'accord

2) Tu abordes la prise directement après la marche des pièces, ok pourquoi pas. Mais quid de la notion de défense, plus complexe à appréhender?

3) Là tu déformes mes propos (blackout sur le mat?)
Si tes CP de 6 ans administrent des mats à foison dans leurs parties, félicitation, chez moi à cet âge ils préfèrent prendre les pièces adverses (roi compris, et là j' interviens)

4) Cette méthode ne s'adresse pas en priorité aux professeurs des écoles mais à quiconque souhaite enseigner les échecs. La plupart des cours d'échecs dans les écoles à Amsterdam sont dispensés par des joueurs de club formés par la fédération.

5) Tu vouvoies la plupart des intervenants ici, c' est étrange mais ok:)

6) ok




En 5 cours scolaires je fais comme ça :
1) marche du pion et "bataille de pion"
2) déplacement T+F+D+R
3) déplacement du Cavalier
4) roque, notion d'échec et d'échec et mat (jusque là le but était la prise du Roi)
5) mat de l'escalier, coup du berger

Suivant la progression des élèves je respecte plus ou moins ce programme, sachant qu'ils ne supportent les explications que pendant 10-15mn et qu'ensuite ils veulent jouer (ou faire autre chose).


Chemtov, le
@benvoyons :
2)J'aborde la prise en même temps que la marche des pièces. Je ne conçois pas l'une sans l'autre.

3) ''la notion de mat est beaucoup trop abstraite pour des enfants!'' Ce sont vos propos là qui m'avaient fait bondir initialement.
Cela m'avait rappelé ce que m'avait raconté un stagiaire lors d'un week-end DAFFE que je dirigeais en 2006 ou 2007.
Il nous avait dit qu'il avait été recalé à son examen du BAFFA ( ou quelque chose d'équivalent ) car il avait présenté un projet d'animation d'échecs pour les enfants ! Ses examinateurs, très experts en la matière, lui avaient déclaré que les échecs c'était un domaine trop ''abstrait'' pour des enfants de 6 ans !
Depuis j'ai le poil qui se hérisse quand j'entends des affirmations similaires sur ''les notions trop abstraites''.

5) C'est le tutoiement qui me semble, en général, très étrange. Les gens que je tutoie sur FE sont ceux que je connais dans la ''vraie vie'', hors internet. Et encore... cela dépend. J'ai aussi de très bons amis que je vouvoie.

@JLuc74 : Je préfère faire des batailles de pion ( 8 contre 8 ) beaucoup plus tard, au moment de l'apprentissage de la prise en passant.
C'est un jeu très intéressant lorsque les enfants ne sont plus débutants. Une bonne introduction à l'étude des finales.
J'ai eu des révélations en découvrant que des enfants plutôt faibles avec toutes les pièces devenaient très fins et battaient tous les autres avec seulement des pions !
Même chose en les faisant jouer avec des jeux pour aveugles ( en fermant les yeux et en touchant les pièces ). Sujet à creuser...quand j'aurai le temps.


@Chemtov : le but de la bataille de pions c'est (dans mon cas) de leur apprendre à déplacer les pions, la première pièce que je leur apprend à déplacer. J'ai bien préciser que c'était dans un cadre scolaire, pour leur apprendre à jouer en 5 séances. Il ne s'agit que de leur permettre de faire une partie de quelque chose au cours de cette première séance, une bataille de pions en l’occurrence. Je suis très loin de vouloir leur apprendre à jouer des finales.


Chemtov, le
Oui. Bien sûr. Je suis parfaitement d'accord. C'est un autre cadre.

C'est comme pour la prise du roi. Moi je ne l'autorise pas, même au tout début. Mais si je n'avais que 5 séances ( !) , puis adieu les petits, je ferais peut-être pareil.

5 semaines, cela doit être vraiment frustrant !


5 semaines c'est un peu frustrant oui, ensuite ils peuvent rejoindre le club et certains l'ont fait. Pour l'instant je sème des graines, pour récolter dans le futur.


Intéressant cette discussion...

Même si je comprends pourquoi benvoyons ne souhaite pas apprendre le mat tout de suite, je reste sceptique.
Moi aussi, j'ai rencontré pas mal de gamins qui une fois matés se consolaient en disant "mais j'ai pris sa Dame !".
S'ils apprennent à jouer en comptant la valeur des pièces, ils ne donneront aucune importance au mat ? Ils préfèreront les règles "d'avant", celle où on devait manger des pièces.

En fait, moi aussi je me pose la question de Laurentdu94, mes neveux commencent à me demander à jouer, et je ne sais pas vraiment comment m'y prendre sans être chiant.
Parce que la marche des pièces, honnêtement, on est bien obligé d'y passer mais qu'est-ce que c'est chiant pour un môme !

Ou alors j'y pense, je pourrais lui donner une pièce, et moi un pion et le mettre au défi de me manger avant que je fasse Dame.
Ca doit être assez marrant de prendre le temps de penser des méthodes ludiques pour les enfants.


Chemtov, le
Plein de petits jeux rigolos: http://anim.echecs35.fr/taxonomy/term/24

Ceci dit, je n'en utilise aucun avec mes groupes. Mais j'ai un animateur au club qui est ravi par ce matériel.

A essayer...


@Moriarty :
"la marche des pièces, qu'est-ce que c'est chiant pour un môme !"
Euh... Rien ne saurait être plus loin de la réalité. L'intérêt des jeunes vient dès la découverte de toutes ces pièces différentes, qui ont toutes un déplacement différent. Ils trouvent ça passionnant ! Bien sûr il est fondamental que, très rapidement, ils s'y essaient par eux-même.

La simple marche des 6 pièces différentes est en soi une mine d'or pour un animateur pour intéresser des enfants. Il peut embellir chaque déplacement, expliquer les différences, les spécificités, conter, etc.

Effectivement, on peut inventer une infinité de petits jeux visant à s'exercer au déplacement des pièces.

@JLuc :
D'un point de vue pédagogique je n'aime pas débuter avec le pion, qui est la pièce la plus spéciale de toutes pour 4 raisons :
1) Prend différemment de son déplacement
2) Ne recule pas
3) Peut faire un déplacement spécifique s'il est sur sa case départ
4) Peut se promouvoir en une autre pièce
[sans même citer la prise en passant, vue plus tard]
Ces 4 spécificités m'enjoignent à le traiter en dernier, après les autres pièces qui ont un fonctionnement "conventionnel" en comparaison du pion.
J'utilise également la bataille de pions, mais avec autorisation de promotion puis d'utiliser la pièce promue, dont le déplacement est déjà connu. Ils assimilent ainsi par la même occasion la force du concept de promotion.




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