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La langue structure la pensée par Orouet le
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"Je parle français à mes diplomates, italien à mes maîtresses, espagnol à Dieu et allemand à mon cheval". Charles Quint
Derrière cette citation se cache l'idée que des langues seraient mieux adaptées que d'autres à certains domaines de la pensée.
Mais qu'en est-il échiquéennement parlant ?
Peut-on prouver que la langue que l'on parle influe sur notre manière de jouer ?
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Un sujet magnifique, sans autre commentaire...
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La langue qu'on parle , ou celle dans laquelle on pense ?
Par exemple , en quelle langue pensait Tartacover ?
Il se trouve que je le sais , et peux le démontrer
Mais qui pourra répondre à cette devinette?
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Je crois avoir lu que les chinois ont une grande mémoire de travail à cause des tons ou des syllabes ou qch comme ça.
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Encore un peu de temps pour ma devinette
Je répondrai après ma sieste
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En yiddish ?
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Perso je ferais plutôt l'hypothèse inverse, la pratique du jeu d'échecs pourrait aider au développement des habiletés langagières.
L'étude d'Albert Frank au Zaïre mentionne cette observation.
On dit que le jeu d'échecs est logique, et on l'associe aux mathématiques, mais le langage aussi est logique.
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On entend que "le français est bon pour le raisonnement mathématique, ou l’allemand pour philosopher".
les joueurs frontaliers (genre Alsace ou Lorraine) ont-ils perçu ce genre de distinction ?
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Non. Absolument pas.
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@Photophore : Et donc... votre devinette... En quelle langue pensait donc Tartakower ?
J'ai avancé l'idée qu'il devait penser en yiddish. C'est cela ?
En fait, comme pour Charles Quint, les personnes multilingues pensent dans des langues différentes suivant les situations rencontrées ( J'ai posé la question à des enfants du club. Un invraisemblable mélange. Certains parlent couramment quatre langues ! ).
Donc pour Tartakower, je me demande s'il y a vraiment une réponse à la devinette.
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Faut penser en espagnol en jouant l'espagnole, l'anglais en jouant l'anglaise, et ça va améliorer le niveau de jeu :-)
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Paco,
j'avais entendu ça pour la musique :
il faut écouter Mozart par un orchestre autrichien et Debussy par un français.
Les allemands ne comprennent rien à Rossini ni les japonnais à Johan Strauss.
etc...
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Autre approches, autres réflexion :
- libérer son écriture.
- le projet bépo, propédeutique pour l'apprentissage de la langue.
Quels pratiques échiquéennes sont propédeutiques ?
- la créativité.
- les mots sont des fenêtres ou des prisons (marshall rosenberg).
- interview d'Andrey Filatov au mémorial alekhine :
http://www.europe-echecs.com/art/memorial-alekhine-memorial-alekhine-ronde-6-4894.html
et interview de david tammet
https://www.youtube.com/watch?v=HfvYNewjm44
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C'est bien en yiddisch
A Caissa , il s"arretait parfois à notre table , et nous disait : "félicitations' ( que nous ne méritions pas )
Ce n'est que bien plus tard que j'ai appris que le sohait yiddisch "Mazel Tov" signifie , soit félicitations , soit "bonne chance" qui aurait été plus approprié Donc , il pensait "Mazel Tov" , mais choisissait la "mauvaise" traduction
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En blitz pas évident que le langage intervienne.
En partie longue, ça ne doit pas dépasser une centaine de symboles pour noter les coups et quelques rares mots, probablement toujours les mêmes.
Le lien entre le langage parlé et le niveau de jeu semble plutôt ténu.
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La parole (intérieure ) et la pensée. Vaste question. Bientôt résolue par FE.
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quand tu dis "Derrière cette citation se cache l'idée que des langues seraient mieux adaptées que d'autres à certains domaines de la pensée."
c'est pour moi une interprétation partiellement erronée, il ne faut pas confondre la pensée et la communication.
La communication ce sont les interactions avec les autres, donc en effet moins une langue ne possède de mots, moins un domaine particulier ne possède de mots, et moins une personne ne connais de mots, plus il est difficile de se faire comprendre. Cependant la personne peut visualiser mentalement une chose sans pouvoir la nommer, d'ailleurs l'esprit n'utilise pas souvent les mots mais des images, ou alors trouver un ensemble de mots pour la nommer. Pour rebondir sur les échecs, on sait que la plupart des pièces etc sont traduites dans toutes les langues, donc prenons par ex le terme "attaque de minorité", est ce que c'est le fait de connaître cette notion et de pouvoir la nommer oralement qui va favoriser un joueur ou tout simplement le fait de connaitre un plan et de pouvoir le jouer même s'il n'existe aucun nom à ce plan dans sa langue d'origine?
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Helen Keller a fait quelques avancées sur ce sujet.
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Une psychologue cognitiviste, pense qu'un facteur important dans le développement intellectuel, est le processus qui amène une connaissance implicite, à devenir explicite. Evidement on a besoin du langage pour que cette connaissance soit explicite.
Je trouve que c'est on ne peu plus pertinent dans le domaine du jeu d'échecs.
De nombreux joueurs savent ce qu'il faut faire dans certaines situations, sans être capable d'expliquer clairement pourquoi. Peut-être que certaines langues, seraient plus appropriées pour expliciter le jeu d'échecs, vu que derrière les mots, selon les langues, les concepts sont légèrement différents.
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C'est plus dans la construction de la phrase (genre Sujet puis verbe puis complément en français) dans l'enchainement des idées (car, donc, par conséquent, alors que ...) que je pressens une différence entre les langues plus que dans le vocabulaire (nommer les choses)
Sinon la lecture de droite à gauche (arabe ...) nous influence-t-elle?
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@Elpancho31 : Je ne suis pas certain qu'on puisse assimiler, connaître en profondeur quelque chose si l'on a pas de mots pour le nommer. La pensée et le langage sont profondément liés et difficilement dissociable.
Le concept de case faible était sans doute utilisé bien avant Nimzovitch, mais sa théorisation par les hypermodernes a permis aux meilleurs joueurs d'accéder à un niveau supérieur de compréhension du phénomène (quant aux mazettes de mon genre, ils ne pourraient même pas l'utiliser si on avait pas le mot pour le leur enseigner). En gros, avec le nom, on passe de l'acquis empirique à l'assimilation consciente, qui ne remplace pas l'expérience, mais vient s'y ajouter et la compléter.
Concernant les différentes langues, il me semble avoir observer que les bilingues ne pensent pas de la même manière dans les différentes langues qu'ils maîtrisent. Par ailleurs, certaines langues sont particulièrement bien adaptées à l'expression de certains types de concepts (ainsi de l'allemand et de sa facilité à créer de nouveaux mots, ce qui est fort utile pour rédiger des méditations métaphysiques absconses aux titres grandiloquents - Hegel, Heidegger et Kant en savent quelque chose...). Mais comme souvent, à trop spécifier on finit par dire des conneries : ainsi dire que l'allemand offre une souplesse de création de néologismes utile pour la philo est vrai, dire que l'allemand est mieux adapté que le français à la philo me paraît spécieux...
Une dernière remarque : Borges disait que de très nombreux écrivains (il donne plusieurs exemples que j'ai oublié) se sont plaints que leur langue maternelle ne leur permettait pas d'exprimer toute leur pensée. Le plus amusant, c'est que les espagnols aimeraient parler français, les français, anglais, etc.
Et Gary explique dans un de ces bouquins qu'il parle français, polonais et allemand, rédige en anglais ou en français, mais que quand il a besoin d'insulter quelqu'un, il passe spontanément au russe.
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Food for thought :L'influencee de la langue sur la façon dont on décrit le monde (en anglais)
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