France Echecs Bandeau France Echecs |  
---- Thursday 28 November 2024
--- ---- --- Ecrire au webmaster
Nom d’utilisateur   Code d’accès 
--- --- ---
Forums  | Devenir membre | Mot de passe oublié ? | Charte | A propos Contacter France-Echecs
Actualités   Actualités
Tournois   Tournois
Ouvertures   Ouvertures
Clubs   Clubs
Informatique   Informatique
Arbitrage   Arbitrage
Problèmes   Problèmes
FAQ   FAQ
Etudes   Etudes
Finales   Finales
Théorie   Théorie

 Rechercher sur le site  

Abonnez-vous à la revue Europe-Echecs
La revue Europe-Echecs n° 683, janvier 2018 par Europe Echecs le  [Aller à la fin] | Actualités |
L’intelligence artificielle prend la tête

« Le cerveau humain est un ordinateur obsolète qui a besoin d’un processeur plus rapide et d’une mémoire plus étendue. » Larry Page cofondateur de Google

Cette réalité est en adéquation parfaite avec le joueur d’échecs professionnel confronté à une technologie qui s’appuie sur des machines qui peuvent s’améliorer elles-mêmes, connectées à l’échelle planétaire, de plus en plus puissantes et de moins en moins chères. Les ordinateurs sont devenus supérieurs aux humains. Ces derniers sont condamnés à en faire le meilleur usage possible pour rester compétitifs. Avec pour conséquence des préparations concoctées avec l’aide de grands-maîtres et des outils tellement perfectionnés que, à connaissance égale, le matériel le plus sophistiqué est en capacité parfois de faire la différence. Ce n’est pas un hasard si la première ronde de la dernière étape du « Grand Chess Tour 2017 » s’est jouée dans les locaux du « Google DeepMind » à Londres. Ce qui constitue notre humanité est menacé, pour les échecs du moins au plus haut niveau. Les idées, la créativité et, le plus important, le goût du risque nous distinguent des ordinateurs mais ces qualités humaines sont aussi les plus faillibles.

Pour Maxime Vachier-Lagrave tout s’est joué dans la dernière ronde du tournoi de Palma où il enregistra sa seule défaite qui le prive d’une place de Candidat au titre mondial. Maxime reste pourtant optimiste avec ce propos : « Une partie n’est jamais la reproduction à l’identique d’une autre déjà jouée dans le passé. Elle consiste à défricher un territoire inconnu, à se lancer sur de nouvelles pistes, à sortir des sentiers battus pour surprendre l’adversaire et nous avec par la même occasion. Il arrive toujours un moment où nous sommes face à l’inconnu. »

C’est sans doute la clef du problème car les meilleurs logiciels cherchent à tout vérifier, quantifier, faire disparaître l’imprévisible jugé source de danger. Nous ne sommes plus en mesure de concurrencer l’intelligence artificielle dans cette course à la performance. Le choix des ouvertures s’est restreint car celles qui n’offrent pas une base positionnelle solide ou des positions trop déséquilibrées sont généralement écartées. L’audace et l’impétuosité sont sanctionnées même si les meilleurs joueurs affichent un niveau d’excellence probablement jamais atteint jusqu’ici en ne commettant pas ou très peu d’erreurs. Dans un passé révolu, un sacrifice de pièce balancé par le 8e champion du monde de l’histoire, Mikhaïl Tal, pouvait faire l’objet d’un débat passionné par revues interposées pendant des mois. Soumis à la logique implacable des ordinateurs le sujet est clos en quelques minutes.

Mieux standardiser le monde pour mieux le contrôler est l’objectif du « big data ». Le numéro un français l’avoue du bout des lèvres dans son livre « Maxime Vachier-Lagrave joueur d’échecs » (Fayard 2017) : « L’uniformisation de la société est allée de pair avec celle du jeu d’échecs lui-même, devenu plus lisse à cause des ordinateurs. ».

J’espère que l’année 2018 infirmera ce point de vue et que les amateurs persisteront à trouver avant tout du plaisir à jouer, même sur les chemins de traverses de la théorie, sans craindre de commettre des erreurs trop humaines.

Bonne Lecture et, au nom de toute la rédaction, je vous souhaite meilleurs vœux de santé et bonheur pour la nouvelle année.

Georges Bertola
www.europe-echecs.com

p. 4 ACTUALITÉS EN BLITZ Caruana 1er à Londres ...
p. 6 SPÉCIAL GRAND PRIX DE PALMA / LA CRUELLE DÉSILLUSION DE MAXIME VACHIER-LAGRAVE Interview de Maxime Vachier-Lagrave
p. 16 CHAMPIONNAT DU MONDE JUNIORS / UN NORVÉGIEN EN OR Reportage de Bilel Bellahcene
p. 19 CHAMPIONNAT DU MONDE VÉTÉRANS / LE 1er TITRE DE SVESHNIKOV Reportage de Anatoly Vaisser
p. 22 KINGS TOURNAMENT : VASSILY IVANCHUK ROYAL ET LA REINE ANNA MUZYCHUK Vassily Ivanchuk à l’analyse
p. 25 CHAMPIONNAT D’EUROPE DES ENTREPRISES Reportage de Laurent Fressinet
p. 28 “THE THINKERS”, LE JEU ET LES JOUEURS VUS PAR DAVID LLADA Interview de David Llada
p. 30 ÉCHECS ET FUTUR : INTELLIGENCE ARTIFICIELLE OU APPRENTISSAGE PROFOND ? Par Philippe Mouttou
p. 32 LE JOUEUR DE L’ANNÉE : LEVON ARONIAN SOUS LE SCEAU DE L’ÉMOTION Interview de Levon Aronian
p. 37 LE CAHIER DE LA FÉDÉ “Voeux”
p. 42 FAITES-VOUS LA MAIN : 18 COMBINAISONS DU MOIS SPÉCIAL LEVON ARONIAN Par Bertrand Valuet
p. 46 FÉMININES EN OR / TSOLAKIDOU-ABDUMALIK : UN HÉRISSON SOUS HAUTE TENSION Par Susan Polgar, 8e championne du monde
p. 48 OUVERTURES & IDÉES GAGNANTES: LA DÉFENSE EST-INDIENNE AVEC 8.g4 Par Christian Bauer
p. 52 DISCUTONS OUVERTURES ! DÉFENSE FRANÇAISE Par Marc Quenehen, entraîneur Ligue Île-de-France
p. 54 PROGRESSONS! IN MEMORIAM MAHFOUD BOUDIDA Par Marc Quenehen, entraîneur Ligue Île-de-France
p. 57 LA CRÉATIVITÉ AUX ÉCHECS / IVANCHUK-KARJAKIN : UNE TOURNURE IRRATIONNELLE Par Vassily Ivanchuk
p. 60 LES FINALES INOUBLIABLES / GELFAND-RADJABOV : SUR LA PENTE D’UNE FAUSSE ROUTE Par Darko Anic
p. 64 DANS LE RÉTROVISEUR / BUENOS-AIRES 1939 (3) : L’OLYMPIADE ET LA GUERRE Par Georges Bertola
p. 68 ANNONCES DE TOURNOIS
p. 72 HUMOUR : ÉCHEC ET... GAG ! Par Luc Deroubaix


Chemtov, le
C'est curieux cette persistance à essayer d'opposer l'ordinateur et l'homme. Cet anthropomorphisme n'a absolument aucun sens. Pourquoi ne pas déguiser aussi la machine en Turc de Kempelen ! Une machine est une machine. Elle va évidemment plus vite et calcule évidemment plus loin, on le sait, so what ? Et une voiture va aussi plus vite qu'un homme.

Et si un homme ( il faudrait peut-être comparer avec une équipe d'hommes ? ) pouvait jouer un coup tous les mois et tester tout ce qu'il veut, il serait très fort aussi. On avait déjà vu ça quand Arno Nickel avait gagné contre Hydra 2,5-0,5, en prenant son temps et en utilisant des petits ordis.

Pour moi, toute cette histoire est une non-info pour gogo ( Alpha-gogo ?). L'homme ne rivalisait déjà pas avec stockfish si on le mettait en condition de tournoi avec un temps limité comme 2h00 chacun. Ce qui est génial, c'est qu'il y arrivait presque ! Avec ses faibles moyens, avec son temps limité, sans possibilité de tester, de noter, etc... Alors quoi de neuf ? Les parties d'Alpha nous ont livré des secrets révolutionnaires sur le jeu ? Pas que je sache...toute p

Après, il y a effectivement la préparation des très forts joueurs qui, un jour, posséderont peut-être chacun un truc équivalent à Alpha. Il leur faudra peut-être varier un peu plus leurs répertoires. Mais ces joueurs représentent une minuscule partie du monde des échecs tandis que 99% des joueurs d'échecs sont incapables de se rappeler, comprendre et reproduire ce que joue un simple Fritz antédiluvien.


Je partage l'avis de Chemtov en grande partie . Toutefois il faut reconnaître que ces logiciels d'échecs progressent à des niveaux insoupçonnés.
Certes Fritz 5.32 bat 99% des joueurs humains , mais lui même ne peut plus rivaliser avec Houdini ou stockfisch...
Alpha machin est un concept révolutionnaire de programmation quand on voit les résultats sur l'echiquier.
Maintenant je reste persuadé qu' un joueur comme Anand par exemple, assisté par stockfisch mettrait la pâtée à Alphagoogle !
Et quelque part cela me rassure .
Cordialement.


Chemtov, le
A mon avis, il n'y aurait quasiment que des nulles. Mais, de nouveau, la question n'est pas du tout là. Un match homme-machine n'a pas de sens. Les parties d'échecs sont des luttes sportives, en un temps limité ( 2x2h00 ), entre deux humains qui utilisent leurs capacités physiques pour faire la différence.
On n'essaye pas de résoudre le jeu d'échecs ! L'équation à résoudre c'est celle de notre corps qui essaye de gérer un combat avec un autre humain le plus durablement et le plus efficacement possible. Franchement, est-ce que le passage de Fritz à Stockfih a changé quelque chose pour le commun des mortels ?
Quand j'organise un week-end avec dix matchs du club, avec 70 échiquiers à remplir, 140 joueurs présents qui se bataillent, je n'ai pas l'impression que plus de deux ou trois joueurs ont testé préalablement ce qu'ils jouent réellement, avec un ordi. Et ceux qui ont essayé ne se rappelle plus de leurs prépas ou ont des positions inattendues à résoudre! Et quand ils prennent un avantage grâce à l'ordi, ils le reperdent car la position est trop complexe, inconnue ou trop éloignée de leurs connaissances stratégiques. Et là, donc, il s'agit de joueurs de compétition (minorité dans le monde) . Par ailleurs, souvent, ces shootés à l'ordi s'écartent des bases du jeu et ne sont plus capables d'adapter stratégiquement leurs positions à leur niveau. Il faut se méfier des idoles et des faux dieux (et du vrai aussi !)


Chemtov, le
Bon...c'est tout de même une bonne chose cet Alpha zéro, si :
1) cela peut faire progresser la science, mais dans d'autres domaines ( autres aussi que faire gagner de l'argent aux vendeurs d'ordi ! )
2 ) faire parler du jeu d'échecs.

Mais à ce sujet, il y a tout de même un paradoxe. D'un côté, on parle de cette résolution du jeu d'échecs, cette recherche de l'absolu, par des calculs de profondeur de millions de coups à la seconde sur plusieurs heure, en inventant une rivalité homme-machine, d'un autre côté on fait la promotion du jeu en tournoi rapide et blitz où on affaiblit volontairement le joueur d'échecs pour rendre les parties plus humaines et présentables au grand public. Bref... tout est bon pour la cause ! Pourquoi pas... mais, nous-mêmes, ne soyons pas dupes.


ins8604, le
Pour ne pas être trop pessimiste, ce qui était science fiction au XXème siècle va devenir réalité, ce qui peut être positif ou négatif selon les points de vues. Le livre de Pierre Assouline "Golem" a pour héros un joueur d'échecs dont le cerveau a été modifié.
Dans les services les robots "décideurs" ont fait leurs apparitions. Les assureurs , les banquiers et autres services subissent une véritable révolution. Dans la compagnie où je suis toujours actif, l'objectif est de résoudre 80% des dossiers sans intervention humaine... Pourtant 100% des clients sont des humains! Les conséquences sont pour le moins difficiles à prévoir et un mutant homme machine est une éventualité à ne pas écarter.
Pour l'instant je partage le point de vue de Chemtov en ce qui concerne les opens mais comme le remarquee thierrycatalan c'est la rapidité avec laquelle tout ceci se passe...


Je viens de finir de me balader dans la revue ... je voudrais attirer l'attention des membres du forum sur certains articles qui méritent à eux seuls d'acheter la revue :
- Les analyses relatives à l'élimination de MVL du tournoi des candidats , et l'interview de MVL lui même qui fait preuve de beaucoup de lucidité, et de force mentale dans la défaite, ce qui est selon moi un grand facteur de marge de progression.
L'interview d'Aronian, futur candidat en mars 18 à Berlin, est aussi très très intéressante.
- l'article de Philippe Moutou (dont je n'ai jamais entendu parlé ! rires) sur l'intelligence artificielle est passionnant : cet homme démontre sa propre intelligence dans chacune de ses phrases. une réflexion argumentée, profonde, à mille lieux des poncifs habituels sur le sujet.
- l'article sur le livre artistique de photos de joueurs d'échecs "The Thinkers" par David Llada chez l'éditeur Quality chess , les quelques photos illustrant l'article sont magnifiques ! j'en aurais voulu plein d'autres !.. sourires. Je pense que je vais m'offrir ce livre prochainement !!
Cordialement à tous sur le forum .



Pour moi, les ordinateurs ont enlevé au jeu d'échec une grande partie de leur magie et de leur mystère.

Comme le souligne EE ci-dessus avec l'exemple des sacrifices de Tal, nombre de variantes pouvaient passer en 30 ans du statut de réfutées à celui de ressuscitées, en passant par ceux de "défense inférieure" à "spécialité de tel ou tel GM", etc...

L'arrivé de l'Ordinateur a poser parfois un verdict définitif.

Que dire des ajournements et des parties par correspondance ?
Et la force d'un maître, l'inéluctabilité de son jeu le menant infailliblement à la victoire, relevait de l'insondable génie.

A présent, les échecs gardent de l'intérêt et restent un jeu passionnant, mais les choses ont quand-même bien changé.



Je ne dirais pas que les ordinateurs ont enlevé aux échecs une partie de leur magie ou de leur mystère , mais plutôt qu'ils ont permis d'explorer des sentiers inconnus jusqu'ici.

Pour moi la magie ou le mystère sont toujours présents lorsque je rejoue sur l'échiquier en bois de mon salon une vieille partie de Capablanca vs Alekhine, car lorsque que je revois une magnifique combinaison, je reste émerveillé,comme au premier jour, mais plus encore je suis transporté dans une autre dimension de mystères , lorsque j'analyse la partie pour me rendre compte que la combinaison est possible, parce les pièces sont arrivées sur leurs bonnes cases presque "par hasard" pour une autre raison, et ceci quelquefois 15 coups ou 20 coups auparavant .
Pour moi la véritable magie des échecs est là sous mes yeux , l'intuition extraordinaire de ces grands maitres pour choisir les "bonnes cases " sans forcément savoir ce qui se passera plus tard sur l'échiquier.

La plus grande désolation dont les ordinateurs sont responsables , c'est à mes yeux la perte de prestige et de fascination par beaucoup de joueurs chevronnés (même ceux qui fréquentent le forum !!) pour les "Grands maitres" légendaires, car les analyses en direct des ordinateurs , font croire à n'importe quelle mazette (même classée 2400!! ) qu'elle pourrait jouer comme des légendes nommées Tal , Capablanca, Alekhine, karpov, Kaspararov, ou même comme Morozewitch ou Ivantchouk ! Ce qui est complètement faux !!
C'est à l'image des grands maitres auprès de l'ensemble des joueurs d'échecs que les ordinateurs ont fait le plus de mal.

Personnellement je préfère un livre d'échecs dédicacé par Nicolas Giffard ou Eric Prié ou Gilles Miralles ou Marc Santo-Roman (joueurs que j'ai croisé et tant admiré quand j'ai découvert les échecs) plutôt que par l'informaticien qui a écrit le logiciel de Alpha-machin classé à 3800 elo !!

Cordialement à tous sur le forum.




Reyes, le
"For every door the computers have closed they have opened a new one." — « Pour chaque porte que les ordinateurs ont fermé ils en ont ouvert une nouvelle. » - Viswanathan Anand




© 2024 - France Echecs  | Utilisation des cookies  | Politique de confidentialité