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Les arnaques aux échecs par Krusti le
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[ Annonce ] Dans la perspective d'un "sujet" je fais appel aux licenciés.
Je recherche ce qui pour vous est une arnaque aux échecs (une définition brève) ainsi qu'un exemple (que vous auriez-vu ou vécu).
Merci de m'envoyer ça sur ma bàl krusti01@krusti.net
Reconnaissances éternelles.
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Une arnaque, pour moi, c'est un sauvetage improbable dans une position inférieure, voire perdante, typiquement un coup brillant dissimulé (piège) oublié par l'adversaire rendu possible par une complexification de la position qui donne l'occasion à l'adversaire de se tromper, en particulier en zeitnot..
Christian Bauer, pour qui j'ai beaucoup d'admiration, est un maître en la matière.
Nakamura aussi.
Certains "arnaqueurs" sont très forts pour prendre une tête de victime expiatoire, exprimer en langage non verbal qu'ils sont sur le point d'abandonner, ce qui peut amener l'adversaire à relacher un peu la garde, jouer un coup qui semble logique et permettre a tempo une réplique mortelle.
Un exemple parmi d'autres...
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arnaquer : verbe , 1er groupe
aux échecs ne se conjugue qu'à la forme pronominale :
"je me suis fait arnaquer ... pff "
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Orouet pour être arnaquer il faut un arnaqueur,donc ton affirmation n’est pas tout à fait exacte !
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Un autre exemple, différent de ce qu'évoque clarxel : l"arnaque temporelle" ^^
Une poignée de secondes chacun à la pendule KO, au terme d'une finale de tour avec trois pions d'avance fort maladroitement menée par les blancs, enfin je souffle "j'vais l'avoir !".
Trait aux noirs : sachant que les blancs vont peut-être premover b8=D, il me joue ...Td8!! Emporté par mon premove, je dame, il prend la tour, et on joue n'importe quoi en répétant finalement les coups.
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Classique et la façon de le raconter est amusante.
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@Benji3k: l'arnaque ne serait pas de dire qu'un jeu avec prémove c'est encore des échecs... ;-P
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oui j'ai du mal avec les conjugaisons ;-)
histoire d'avouer qu'arnaqué est + facile qu'arnaqueur ...
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J'ai laissé de côté l'expression "je me suis fait arnaquer", qui ne signifie pas la même chose pour tous, depuis longtemps. Ceux qui l'utilisent ont toutefois un point commun : ils ne sont pas contents.
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Le problème c'est qu'au échecs plus encore que dans la vie réelle, l'arnaque demande une coopération.
Et c'est souvent cela qui fait le plus rager, ce n'est pas d'avoir perdu mais le sentiment d'avoir donné la partie qui exaspère.
Il n'y a arnaque qu'à partir du moment où il y a une différence entre le résultat attendu (qualifié de certains) et le résultat final.
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Arnaque : action malicieuse -voir honteuse- ayant pour but de changer radicalement l'évaluation humaine de la position.
Pour moi complexifier une position moins bonne/perdante ce n'est pas arnaquer.
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@Atha:
Il n'y a arnaque pour moi que si les 2 sont d'accord qu'il y a arnaque. Parce que souvent seul le perdant considère qu'il y a arnaque. Et à ce moment là, je ne suis pas certain que cela rentre dans le cadre de l'arnaque.
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Jamais utilisé ce mot. Cela n'a rien à faire dans le vocabulaire échiquéen.
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Tu es très pur, Chemtov. J'avoue qu'à l'âge de 12 ans, où j'ai commencé à jouer en club, j'ai succombé à la tentation de parler comme tout le monde.
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L’arnaque c’est ça
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@Slucaino : Oui, cela devait probablement se dire aussi chez nous, mais je n'écoutais pas ces joueurs là ! Bon, il y avait bien quelques yougos qui parlaient comme ça quand ils blitzaient ( mais c'était pas vraiment des échecs ! ). Mes modèles, c'était plutôt des vieux qui parlaient aussi mal le français (alsacien, hongrois, yiddish, etc...) mais qui ne devaient pas connaître ce terme. Est-ce que Bergraser utilisait ce mot ? (Cheval, ce n'est pas sûr).
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Chevaldonnet a quitté Toulouse en 78, l'année de mon arrivée. C'était un joueur mythique pour moi, et je n'ai été sûr de son existence que quelques années plus tard, en le rencontrant vraiment pour jouer dans la même équipe. Quant à Bergraser, on ne voit pas qui aurait pu l'arnaquer : il ne jouait pas et venait seulement discuter ou regarder les blitz, souvent les miens pour mon plus grand profit.
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Pour moi l'arnaque, c'est l'essence même du jeu d'échecs. Que ce serait ennuyeux si chacun déroulait ses plans tranquillement, d'ailleurs.
Sans arnaque, il n'y a pas de jeu -soit que l'on voit des arnaques à faire, soit que l'on évite des arnaques. Il existe un bon bouquin récent dessus, The complete Chess Swindler, de Smerdon (NIC)que je recommande à tous.
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Rien à faire dans le vocabulaire échiquéen ?
C'est pourtant un terme très répandu,
Un excellent article sur le sujet,
L'art de la résurrection
Avec quelques brillants exemples.
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@clarxel : il me semble que les exemples ne sont pas appropriés, plutôt des maladresses tactiques de la part de la "victime" (qui ne se méfie pas d'une possibilité de pat, une fois sur deux) que des véritables arnaques -qui sont élaborées de manière parfois machiavéliques -comme tu l'as décrit en début d'article.
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C'est une question de vocabulaire.
En Bundesliga 1995, contre mon ami et GM Stefan Kindermann, 2585 à l'époque (moi que 2450), j'avais une position très mauvaise. Parmi tous les coups possibles, tous faibles, et n'offrant que peu d'espoir à long terme, j'ai choisi de jouer le plus... perdant!
Alors que les autres offraient tous une bonne ligne à mon adversaire, assez facile à trouver, j'ai préféré le coup qui allait peut-être créer une confusion entre de multiples choix. En plus, avant de jouer, j'ai aussi laissé tourner ma pendule, afin de n'avoir plus que très peu de temps, offrant ainsi à mon adversaire une option supplémentaire de jouer mal (exploiter ma pendule). Au final, ça a marché. Il a joué vite, a mélangé les différentes idées gagnantes, loupé plusieurs gains, et à la fin c'était nul.
C'est à mon souvenir, ce que je pourrais le plus rapprocher de l'idée d'arnaque, dans mes parties. Mais même là, je ne pense pas que cela a en été une. C'était juste une perte de lucidité de la part de mon pote Stefan, avec une sous-estimation des côtés psychologiques d'une partie.
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cf diagramme :
Un exemple, 2019 cht des USA, Sevian 2650 contre Garreyev 2550.
Les Noirs au trait sont perdants, basiquement parce qu'ils ne peuvent pas empêcher f6 bien préparé, et g6 est trop fort tandis qu'h6 va tomber.
Garreyev eut une idée absolument géniale : il joua Ta4 !!.
Un coup apparemment stupide, qui permet aux Blancs d'enfermer définitivement la tour par a3- ce que joua Sevian (et qu'aurait joué n'importe quel joueur bien rodé).
Maintenant Garreyev joue un coup logique techniquement, Tb3.
Que jouent logiquement les Blancs ? Evidemment ayant vu la tour enfermée en a4, l'échange de l'autre tour est automatiquement le premier coup candidat. C'est sur ce mécanisme psychologique que repose toute l'arnaque ! Après le logique Td3 des Blancs, il y a un petit truc tactique qui change tout...et que je vous laisse le plaisir de découvrir.
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Waow, on ne le voit pas venir...
Mais ça gagne encore non ? il semble y avoir une lignée forcée.
Edit :
Mouais pas clair. Je pensais à Fg5+, envahir la colonne b et menacer mat ou manger tous les pions. Mais finalement ça va peut-être pour les noirs. Impossible à évaluer. Sans doute en pratique les 3 résultats sont possibles...
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Je viens de voir la fin de la partie sur chessgames.com. Très instructif. Typiquement le type de positions que je perds des deux côtés :-) Bravo aux 2 joueurs !
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@yegonzo : égal pour l'ordi, mais plus tard dans la partie les Noirs étaient gagnants.
Tout le principe de l'arnaque implique une "collaboration" de la victime (voir le film !).
Sevian voyait qu'il avait un avantage, mais lorsque son adversaire lui a offert la partie sur le plateau, il aurait pu se demander : pourquoi un fort GM me joue un coup aussi débile que Ta4 ?
Et sachant qu'après Tb3, 2e partie de l'arnaque, l'avantage blanc est passé de +3 à +8(!) pourquoi ne s'est-il pas un peu méfié ?
C'est arrivé aussi au jeune Anand, en championnat du monde contre Kasparov, qui a cru qu'il pouvait planter une fourchette évidente (attaque des deux tours) au grand Gary. Evidemment c'était un piège, et le score qui était de 1-1 est passé en trois parties à 4-1.
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Désolé de m'incruster au milieu de ces parties de (G)MI, mais j'ai un exemple personnel à vous montrer.
Inutile de dire que j'en suis très fier (ah ben si, je l'ai dit).
Le contexte joue aussi : mon adversaire était un Hongrois expérimenté avec 200 points Elo de plus que moi. Au match aller (tournoi fermé) il m'avait laminé.
J'ai les Blancs, j'arrive à gagner un Pion dans l'ouverture mais la réalisation technique est un peu ... discutable.
On arrive ici, les pièces adverses se sont bien infiltrées, trait aux Noirs :
1...Cd2+
(ici le prudent 2.Re2 Ce4 (menaçant Tb2) 3.Fe1 ne me disait trop rien)
2.Rf4
(j'avais vu la suite et je bouillais intérieurement)
2...Tf1?
Tentant ! Mais 2...Ce4 empêchait tout.
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Très joli atms !
Il y a une célèbre arnaque de Pascal Chomet contre Degraeve, cht de France 1998 je crois, qui repose sur le même motif.
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merci DocteurPipo 🙂 (pour ma part, j'avais été impressionné par Short-Timman 1991 et je garde toujours ce genre de coups en tête)
3.Rg5!
(avec l'idée Txf2 Rh6 et mat)
3...Rh7?
(panique)
4.Txf7+ Rg8 5.Rg6 1-0
(après 3...Tb1 4.Rh6 Tb8 l'avantage blanc est manifeste mais il faut encore le faire fructifier)
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Je pense que chez les bons joueurs il y a pleins de moyens de ne pas perdre une partie, mais ce n’est pas la même chose en tournoi rapide (15 min ou moins ) qu’en tournoi lent...il peut y avoir plus de moyens sur l’échiquier et quelques uns grâce à la pendule ou au règlement (pour les rapides)...le pat est en quelques sorte une "arnaque "...
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"il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour"
Il n'y a pas d'arnaque, il n'y a que le sentiment d'arnaque ...
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Pas mal ! Effectivement, si certains pensent que l'arnaque n'existe pas ou minimisent le terme, c'est probablement parce qu'ils n'ont jamais eu l'impression d'avoir été ''arnaqué'' ou d'avoir ''arnaqué'' leurs adversaires ( du moins sur l'échiquier !). Il y a des pièges aux échecs, des stratégies pour brouiller les pistes, des plans tordus, des ''trucs'' en zeitnot, etc... certes... mais comme dit précédemment, c'est une question de vocabulaire.
Mais Orouet vise juste. Ce sentiment d'avoir été floué, parfois sans même comprendre ce qui s'est passé, ça , ça existe bien. Mais après coup, après avoir analysé la partie, on se rend souvent compte, objectivement, que tout était bien normal et qu'on a juste pas été à la hauteur de la situation.
Souvent aussi, certains joueurs ''s'auto-arnaquent'', en voulant se persuader qu'ils peuvent jouer certaines positions qu'ils ne maîtrisent pas du tout. Et une fois la partie perdue, ils disent que l'adversaire les a arnaqués.
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Shankland - Safarli 2019
27.a4?? Ta6??
28.a5!! Tc6??
29.Fc5 et nulle en 62 coups.
Pas à proprement parler une arnaque mais un très mauvais coup joué volontairement par Shankland qui illustre très bien la dimension psychologique que peuvent prendre les échecs.
Safarli loupe une première fois le gain du Fd6 et joue involontairement un bon coup, ce qui oblige Shankland à prendre une décision radicale, basée sur la probabilité que Safarli n'ayant pas vu la tactique une fois, se trompe au coup suivant !
Pokerface oblige.
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C'est sur ? (confirmé par le joueur) Ou bien c'est votre interprétation ?
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Il me semble qu'au moment où j'ai rentrée la partie, j'étais sûr de mon fait, mais maintenant que vous le dites, je ne trouve pas de source confirmant mes propos. Le mieux est de demander au principal intéressé, ce que je vais essayer de faire !
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Une très belle arnaque au National 2 d'Epinal en 1986. Nous étions 3 jeunes prometteurs de 15 à 16 ans (Apicella, Degraeve et moi-même), mais c'est un gamin qui nous volait la vedette : Joël Lautier, alors âgé de 13 ans, qui affirmait haut et fort qu'il serait champion du monde avant l'an 2000. Autant dire qu'on était bien décidés tous les trois à tout donner contre lui pour lui faire ravaler sa salive.
Pour Apicella, même très motivé, ça s'est très mal passé. Malgré l'avantage des blancs, il ajournait avec plusieurs pions de moins et très peu d'espoir de sauver la partie. Arrive cette position (je ne suis pas sûr de la position exacte) :
Et là, Apicella nous gratifie d'une vraie performance d'acteur : il prend en main son pion f, feint la surprise puis le désespoir, et finalement lâche le pion en f5, visiblement abattu.
Lautier se jette sur la tour sans attendre. Et bien sûr, son adversaire sacrifie l'autre tour avec échec, forçant le pat ou l'échec perpétuel.
Ceci n'a pas empêché Lautier de faire la brillante carrière qu'on connaît.
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Ah oui, il était bien ''jeune'', dans tous les sens du terme. En fait, c'était la même bande qu'en 1988 au Championnat de France des jeunes à Lyon.
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Apicella,M (2285) - Lautier,J (2220) [B92]
FRA-chB Epinal (6), 1986
1.e4 c5 2.Nf3 d6 3.d4 cxd4 4.Nxd4 Nf6 5.Nc3 a6 6.Be2 e5 7.Nb3 Be7 8.0-0 0-0 9.a4 Nc6 10.Kh1 Nb4 11.f4 Bd7 12.Bf3 Bc6 13.Qe2 b6 14.Rd1 Qc7 15.Be3 Qb7 16.Bg1 Rfe8 17.Qc4 a5 18.Nd5 Bxd5 19.exd5 Rec8 20.Qb5 e4 21.c3 exf3 22.cxb4 fxg2+ 23.Kxg2 Rc2+ 24.Kh1 Rxb2 25.bxa5 Qc8 26.Bd4 Rxa5 27.Bxb2 Rxb5 28.axb5 Qh3 29.Bxf6 Qf3+ 30.Kg1 gxf6 31.Rd2 h5 32.Rg2+ Kh7 33.Nd2 Qxd5 34.Re1 Bf8 35.Ne4 Qf5 36.Ng3 Qxb5 37.Kh1 h4 38.Ne4 Qf5 39.Rg4 h3 40.Nf2 Bh6 41.Re3 Qb1+ 42.Rg1 Qc2 43.Ne4 Qc6 44.f5 Bxe3 45.Rg7+ Kxg7 ½-½
Avant 44.f5 :
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En partie rapide il n'y a pas d’arnaque grâce au temps ou aux pièces encore présentes par exemple quand il reste 15 secondes ???
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Un aveuglement ( un ''biais cognitif'' comme disent certains ) peut se produire quel que soit le temps restant. J'ai vu des gens bloqués, avec dame contre roi et pion en septième ( blancs Re8, Pion f7, noir Ra1, Df6) ne donnant jamais l'échec en e6 de peur que la dame soit prise par le pion ( en marche arrière ! )
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@Chemtov : c'est nul ceci dit, dans cette configuration il me semble.
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Oui, c'est vrai ! J'ai pris le pion f sans réfléchir ! Mais on peut quand même essayer !
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