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La plus ancienne partie de tous les temps par atms le
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Le livre "Echecs d'amour" (Escacs d'amor) est un poème publié vers 1497.
Il a été écrit conjointement par les catalans Francí de Castellví, Narcís Vinyoles et Bernat Fenollar.
Je l'ai déniché par hasard en visitant l'abbaye de Saint-Michel de Cuxa, au pied du Canigou.
Il a été édité en 2020 par les Editions de la Merci, qui apparemment ont cessé leurs activités depuis ...
Ce texte est fondateur du jeu d'échecs moderne, puisqu'il suit de près la réforme des règles du jeu touchant les déplacements du Fou et de la Dame.
Le livre présente cette réforme et décrit la première partie connue suivant ces nouvelles règles.
C'est un poème allégorique fondé sur la partie entre Mars (rouge/les Blancs) et Vénus (verte/les Noirs).
Castellví commente le jeu de Mars, Vinyoles celui de Vénus, et Fenollar, représentant Mercure, commente les règles du jeu.
(Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la partie se termine au 21ème coup blanc, cela permet au poème de compter 64 strophes ...)
(p.22) [avant-propos]
« Le jeu est posé comme combat, guerre, bataille ou querelle. Il est le symbole d'un conflit, mythologiquement représenté comme la lutte de la lumière et des ténèbres. Mais la compétition n'est pas seulement centrée sur la partie d'échecs. Ce qui est en jeu c'est aussi la prouesse versificatoire des trois participants, ainsi que la conception amoureuse et philosophique. »
Il faut dire en effet que chaque pièce reçoit un nom symbolique (le Roi blanc est Raison, le Noir est Honneur, les Fous blancs Pensées, les Pions noirs Courtoisies, etc.).
(p.78) Commentaire du coup 1.e2-e4
« Le champ partagé, les gens étant fin prêts, le grand guerrier Mars, sous étendard vermeil, met en branle son pouvoir,
après avoir pris « Amour » comme nom de combat.
Il envoie vers le champ de la belle le plus courageux des Pions de sa compagnie.
Ce dernier s'avance de deux pas vers elle.
Mais du fait d'avoir bougé ce Pion, le Roi met Raison [Roi blanc] à découvert,
ouvrant le pas à Volonté [Dame blanche]. »
(p.80) Commentaire du coup 1...d7-d5 (la Scandinave était en effet l'ouverture à la mode en 1497 !)
« La Dame gentille arbore, non sans courage, la verte bannière d'espérance. […]
Elle fait avancer son Pion avec tempérance et courtoisie.
Dans le jeu d'amour, en effet, c'est la Beauté [Dame noire] qui fait le premier pas ... »
(p.138) Commentaire du coup 11.Ca7xTc8
« Le chevalier rompt complètement tout frein et abat la Modestie [Tc8].
Il veut se rapprocher tant de la Beauté insigne [Dd8], qu'il cherche à mourir, dans la joie, comme le cygne sur la verte prairie... »
La victoire finale du camp vermeil (les Blancs) consacre celle de la Volonté (la Dame Blanche) qui vient mater le Roi noir.
Informations supplémentaires sur le Wikipédia français ou catalan.
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Très intéressant document !
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Intéressant. Sur chessbase cette partie est en effet la plus ancienne et ils la datent de 1475. Année arbitraire?
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Dans le livre, Alexandre Bataller et Carme Narbon Clavero, auteurs de la préface, confirment les dates de 1495-1497 en s'appuyant sur les travaux du philologue Antoni Ferrando.
(le livre serait paru après un autre ouvrage, aujourd'hui disparu, édité en 1495, et Vinyoles, un des auteurs, a reçu le titre de Monseigneur en 1497 ; or ce titre n'apparaît pas dans Echecs d'amour).
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Un autre poeme (plus célèbre, mais beaucoup plus récent , 1836), est "La revanche de Waterloo par Joseph MERY, sur une partie du match La Bourdonnais -McDonnell .
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Oui, Nicolas Giffard en parle dans le Guide des Echecs.
29.g4 mat
Alors un vil pion, venu je ne sais d'où,
Un obscur fantassin, un pion prolétaire,
Qui, depuis le début clouait son pied sur terre,
Un faible pion blanc, que l'œil put oublier,
A sa case, devant le royal cavalier :
Un soldat inconnu, sans blason dans l'histoire,
Sous un mat décisif va fixer la victoire,
Et par un double bond, s'élançant de son coin,
Il crie au roi des noirs : Tu n'iras pas plus loin !
(prononcer pi/on pour conserver l'alexandrin !)
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Il y avait aussi les Quatrains échiquéens de Fred Lazard (ce qui ne nous rajeunit pas) qui illustraient le Bréviaire des Echecs de Tartacover (ça ne nous rajeunit pas non plus.
Il avance, il recule, il échange, il menace//
Il sent la galerie admirer son audace //
Il tombe dans le piège en s'écriant "Vivat"//
Prêt à crier "Victoire", il périt sous le mat
ou encore
Pour la gloire seule on combat //
Comme la France//
Et quand s'achève le débat//
On recommence//
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La tour blanche, près du roi, aurait pu se placer
Et le destin du pion en eût été brisé
Sa glorieuse épopée est le fruit du hasard
Les choix du joueur blanc l’ont fait maître de l’art
Mais l’aventureux noir semblait de toute façon
Condamné à subir une bonne leçon:
Au centre du plateau, le danger est immense
Au milieu du chaos, survivre serait pure chance
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Et ces deux catalans, de quel côté des Pyrénées sont-ils ? Faut-il les compter au rang des Français ou des Espagnols ?
Est-ce que quelqu'un pourrait proposer la plus ancienne partie de chacun des pays contigus à la France ? Et la France aussi, tant qu'à faire !
L'Italie et l'Espagne (idem pour le Portugal), ça doit remonter à très haut...
La Belgique sans doute au XIXe siècle. Siècle dont la fin vit la domination anglo-saxonne. Mais à quand remonte la plus ancienne partie jouée au Royaume-Uni et [au territoire correspondant à] l'Allemagne ? Mystère en ce qui me concerne. A part Grob, y a-t-il en des joueurs helvètes ?
Je propose que nous excluions Andorre, le Luxembourg et Monaco...
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Le manuscrit est écrit en valencien, un dialecte catalan situé clairement côté espagnol.
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@Mazettov : Et quelle fut la partie d'échecs historique jouée à Marostica en 1454 ? Et les parties des tournois de Nürnberg de 1467 et 1477 ? A quoi ressemblaient-elles ? Il y eut certainement beaucoup de parties jouées dans de nombreux pays. Les rares dont on connait les coups sont dans les bases. Mais toutes les autres sont probablement perdues à jamais.
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Je crois que Fahrni (notamment) était suisse (antérieur à Grob).
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Tout cela est passionnant. Merci beaucoup.
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Ce fil est effectivement passionnant. Merci .
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Echecs et poésie : ceux qui s'intéressent au sujet, ou à toute représentation des échecs dans les arts (très large spectre !),
doivent absolument faire un tour sur le blog Lignes d'échecs !
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Relevé par Aldo Haïk dans son anthologique "Echecs spectaculaires".
"Ce sonnet était signé C.D.M. dans le Recueil des Bonfons de 1598."
Ça, jouons aux échecs et donnez-moi la Dame.
Catherine, mon cœur, ne dois-je pas justement
La recevoir de vous ? Vous qui, incessamment,
D'un mal inévitable emprisonnez mon âme.
Cupidon, votre Roi, que sans fin je réclame,
De ses traits, vos pions, m'attaque finement :
Et si je pense fuir, vos deux yeux, promptement,
Comme bons Chevaliers m'arrêtent de leur lame.
Dedans votre beau sein se pommellent deux Tours
Qui, d'un autre côté, m'empêchent mes détours,
Et vos bras, deux Archers, ne font d'autres finesses ;
En bref, vos perfections savent si bien mater
Que je n'espère plus votre mal éviter :
Donnez-moi donc la Dame ou l'une de vos pièces.
(là encore il faudra prononcer pi/on!)
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Pardonnez moi pour cette incursion, mais je vous invite à admirer ces enluminures du manuscrit Libro de los Juegos (MS T.I.6)
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Nicolas Giffard et d'autres sources considèrent que le premier livre sur les échecs est de 842 par Al Adli, et le premier match en 847 entre Al Adli et le persan Ar Razi (qui gagna) mais il semble que les parties ne sont pas connues.
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J'aimerais nous faire dévier non vers les parties dont on connaît l'identité des 2 joueurs, mais vers les parties dont on a conservé la notation.
Et géographiquement parlant, se limiter aux pays contigus à la France + le Portugal, sinon on n'en sortira jamais !
Espagne : j'ai dans la base une partie de Ruy Lopez (1560)
Italie : Polerio (1602)
France : De Legal - Saint-Brie (1750 : le mat de Legal)
Chemtov propose Fahrni pour la Suisse. Il participa au tournoi de Barmen (Allemagne) en 1905. Ce doit être le seul tournoi à l'étranger auquel participa le Bruxellois Middleton (mais sa nationalité est incertaine).
Portugal : ? (j'avais pensé à Damiano, mais je n'ai pas de parties)
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