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En direct de Jurmala (championnat du monde de problèmes d’échecs) par pessoa le
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| Problèmes | |
Un petit sujet pour parler d’un des deux événements sportifs les plus importants de la semaine : le championnat du monde de résolution de problèmes d’échecs, qui se tient à Jurmala en Lettonie.
C’est en réalité plus qu’un championnat puisque c’est le congrès annuel de la fédération mondiale, les compétitions y sont nombreuses : on compose des problèmes, on en résout, on échange des idées et des bouquins, et on va à la plage parce que Jurmala est un station thermale et balnéaire centenaire. Bon, c’est la Mer Baltique, on est plutôt dans la mouvance dite de la baignade revigorante.
J’arrive juste ce samedi soir (manquant ainsi le cocktail de bienvenue), mais les deux autres membres de l’équipe de France sont déjà là, Michel Caillaud et Abdelaziz Onkoud. On ne les présente plus, ça fait seize ans déjà que je vous relate nos aventures sur ces pages. C’est en effet ici que j’ai fait ce championnat pour le première fois, en 2008. Petit pincement de nostalgie...
Pas grand-chose à raconter à ce stade, restez sur notre antenne, vous pouvez aussi visiter le site officiel :
le site officiel
C’était Pessoa, en léger direct depuis la Lettonie.
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Ce matin, petit déjeuner avec l'équipe de France au complet.
L'occasion de dire quelques mots sur les participants.
185 congressistes au total, qui ne sont pas tous des compétiteurs, certains viennent juste pour la rencontre, d'autres sont là en famille.
Au championnat du monde, 82 inscrits sont annoncés, ce qui doit faire 18 équipes (la Lettonie, pays organisateur, peut présenter deux équipes). Une équipe est composée de 2 ou 3 personnes. Comme à chaque série de problèmes, on retient le score des deux meilleurs, il est quand même préférable d'être trois pour suppléer à toute défaillance... En plus des membres de l'équipe nationale, les pays sont autorisés à inscrire des solutionnistes supplémentaires pour peu qu'ils soient dans les catégories jeunes, seniors ou féminines.
Les Russes sont absents. Le contexte politique l'explique sûrement, mais ils avaient une délégation l'année dernière. Les Russes sont autorisés à concourir individuellement sans drapeau (comme aux JO quoi), mais pas par équipe. D'ailleurs le champion sortant, Danila Pavlov, est russe.
Ca laisse les Polonais grands favoris, à la fois pour le titre par équipes mais sans doute aussi pour les médailles individuelles : ils ont trois champions du monde dans leur rangs ! (Piorun, Murdzia et Gorski)
D'autres tournois auront lieu, dans lesquels la France espère briller, un pour les problèmes retro (ce ne sont pas des problèmes démodés mais des problèmes d'analyse rétrograde, on y reviendra) et un pour les problèmes féériques (problèmes avec des règles ou des pièces non traditionnelles).
Plus de détails à venir, là je vais voir la mer.
C'était Pessoa, envoyé spécial pour France-Echecs.
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Merci beaucoup @Pessoa pour ces retours. Bonne chance à vous, à l'équipe de France... et accessoirement à l'équipe de Pologne.
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Il y a un petit musée historique à Jurmala qui retrace l'histoire de cette station balnéaire.
On y trouve le souvenir d'un fort tournoi qui s'est déroulé là-bas en 1937, avec notamment Alekhine, devancé à l'occasion par Reshevsky, Flohr et le champion local Petrovs. Il y avait aussi Keres, Fine, Tartakover, Stahlberg, l'élite des années 1930.
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Bonjour Pessoa, merci pour ces informations échiquennes !
Le championnat du monde des problemes d'échecs m'intrigue beaucoup je l'avoue !
je sais bien ce qu'est la définition de la composition échiquenne grace au formidable livre de Nicolas Giffard " Guide des Echecs" qui y consacre plusieurs pages , mais je me demande comment les auteurs créeent de nouveaux problèmes d'échecs à l'heure de l'informatique et de chessbase ?
est ce que de nos jours un logiciel d'échecs peut CREER des problemes d'échecs ? (et non pas aider à les résoudre...)
Autre chose, j'ai feuilleté recemment le livre de Marc Quenehen consacré à Magnus Carlsen , qui présente des centaines de positions , très compliquées, dans lesquelles Carlsen trouve un coup génial ( ou plutôt une séquence de coups) , pour prendre l'avantage. >Et croyez moi c'est vraiment très très difficile à trouver !
Est ce que de nos jours , on peut considérer certaines positions jouées dans des parties réelles par Carlsen par exemple , comme des problèmes d'échecs à résoudre ?
pardonnez moi , si mes questions peuvent paraitre triviales , mais je ne pense pas être le seul sur le forum qui connaisse très mal le monde de la composition et des problèmes.
cordialement
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Difficiles questions. Je répondrai à la seconde, et je garde la première pour une autre fois :-)
Non, une position issue de partie n'est pas la même chose qu'un problème.
Par définition, d'abord : un problème est une composition, c'est-à-dire une position créée délibérément pour montrer telle ou telle idée.
Ensuite, si difficile que soit une position à résoudre, elle ne correspond pas aux principes esthétiques d'un problème d'échecs.
La difficulté n'est qu'un aspect des problèmes d'échecs. Il y en a d'autres.
En particulier, il y a un principe d'économie : toutes les pièces présentes doivent être utiles, aucun ne peut être retirée sans que le problème ne devienne incorrect (ou, au pire, moins riche en idées).
Et en face, il doit y avoir un certaine richesse thématique : on aime par exemple la multiplicité des variantes, ou la répétition d'un même élément etc. Dans un mat donné en partie il est rare qu'on ait des variantes.
Un petit exemple pour se donner une idée, un peu pris au hasard parmi les oeuvres du grand-père du problème d'échecs, le grand Sam Loyd.
Les blancs jouent et matent en deux coups (contre tout défense noire, donc).
Je vous laisse réfléchir un peu et on en reparle.
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thierrycatalan
Ne t'inquiète pas, c'est pas grave si le domaine du problème d'échecs ne t'intéresse pas.
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La solution (à ne pas lire pour ceux qui veulent chercher).
1 Da1 !
Déjà, on remarque l'aspect esthétique en soi du coup, un long coup de dame qui semble l'éloigner de l'action. Qui plus est, la dame se sacrifie, et même doublement.
Ensuite, chose étonnante : les blancs ne menacent rien, ils mettent simplement les noirs en zugzwang (on parle de blocus dans le vocabulaire des problémistes).
On peut lister les coups noirs, je ne le ferai pas exhaustivement, regardons juste trois pièces :
- la dame noire, si elle bouge, permet soit Dh1# soit Cb6#
- la tour noire, elle, permet Da8# ou Ce3#. On note une certaine similitude avec les variantes précédentes.
- le cavalier e2 est immobilisé sous peine de Dd4#. Astucieusement, il peut jour Cc3, dans ce cas-là il coupe la route de sa propre tour, permettant Cxe3#
L'idée est donc plus complexe encore que "un zugzwang de malade avec plein de pièces noires qui semblent libres de leur mouvement", il y a des paires de coup de chaque pièce.
Egalement, la dame visite trois des quatre coins, ce qui est sympa (ce serait encore mieux si elle venait de h8 au premier coup, bien sûr, mais ça ne marche pas dans le cas présent, on a besoin du fou sur la diagonale)
En étant un peu patient, on remarque aussi que toutes les pièces sont utiles, on ne peut en ôter aucune.
Je n'ai jamais vu de position réelle issue de partie avec autant de richesse. Bien sûr, la position de ce problème est hautement improbable, comment par exemple les deux rois sont arrivés là sans se faire mater plus tôt ? Mais les positions de problèmes n'ont pas à être plausibles à partir du moment où elles sont "légales" (=qu'elles peuvent être obtenue par une partie jouée selon les règles, aussi absurdes les coups soient-ils).
Bref, ce problème n'est même pas un chef-d'oeuvre, il est composé selon les goûts du 19è siècle, mais il est significatif de la différence entre un problème et une position de partie.
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je me demande comment les auteurs créent de nouveaux problèmes d'échecs à l'heure de l'informatique et de chessbase ?
Pour répondre à ta question, l'informatique est très utile pour trouver les solutions, mais elle n'est pas créative.
Les logiciels de résolution de problèmes sont encore limité par:
-Le nombre de pièces dans la position initiale (plus il y a de pièces, plus il y a de possibilités, et plus le logiciel est limité)
-Le nombre de coups pour trouver la solution (entre 10 et 14 coups Max)
-La capacité de la machine qui utilise le logiciel (processeur, espaces mémoire, etc..)
Ces logiciels sont aujourd'hui quasiment indispensable pour composer, dans la mesure ou ils peuvent rapidement certifier la correction d'un problème, mais ils sont incapables d'apporter une solution si le problème est incorrect.
Composer un problème c'est créer quelque chose de "vivant". On part d'une idée (souvent simple au départ). Puis au fur et à mesure du développement du problème, des corrections, l'idée va évoluer, d'autres idées peuvent apparaitre et venir s'associer. Bref si je puis m'exprimer ainsi, le "bébé" évolue, il grandit, jusqu'à donner un problème publiable, et si l'idée est originale (ou l'association des idées est originale) on aura peut être une chance que le problème obtienne une récompense.
Et puis des fois (souvent en ce qui me concerne) ça ne marche pas, il y a toujours un petit truc qui ne va pas, on corrige d'un coté, ça ne marche plus de l'autre...
Dure réalité, le problème ne verra jamais le jour.
C'est toute la beauté et la difficulté de la composition qui peuvent se résumer en deux mots:
-originalité
-correction
Si ça peut te rassurer Thierry Catalan, la question que tu te poses, je me la suis posé il y a plus de 40 ans avant que je compose mon premier problème.
Comment "ils" font pour "faire" des problèmes ?
Au final ce n'est pas très compliqué, le plus difficile c'est d'avoir une idée, le reste ce n'est qu'une question de technique.. et avec plus de 1700 Elo la technique tu l'as à coup sûr.
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Petit point météo. Fortes pluies cette nuit, pour ne pas dire une tempête.
Ca a eu des conséquences fâcheuses sur notre hôtel, le petit-déjeuner est indisponible et la première compétition commence dans trois quarts d'heure.
Et encore heureux qu'on n'ait pas d'épreuve de natation en eaux vives.
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Merci Axel/pessoa pour ce compte rendu annuel qui fait toujours plaisir à lire, grace à ta verve habituelle! Merci de prendre le temps d'écrire malgré les nombreuses activités qui vont bien vous occuper! Allez les schtroumpfs, euh, les bleus je veux dire... ;-)
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@thierrycatalan (et @BCourthiau)
est ce que de nos jours un logiciel d'échecs peut CREER des problemes d'échecs ? (et non pas aider à les résoudre...)
En fait oui, plus ou moins...
Pour ma part j'ai composé un certain nombre de problèmes avec l'aide de programmes fait maison et c'est le cas de quelques autres problémistes (François Labelle, Vaclav Kotesovec, Christian Poisson, un peu Thierry Le Gleuher...). Mais on est alors souvent sur une recherche de record, des problèmes moins artistiques que ceux composés par des humains.
On pourrait dire que le problémiste est habituellement un orfèvre joailler qui cisèle ses problèmes avec finesse (ou pas d'ailleurs! ;-P), alors qu'une composition par ordinateur est plus une pierre brute découverte à l'aide de l'outil approprié (le programmeur étant alors celui qui indique quoi chercher).
Voici deux exemples de problèmes composés/trouvés par ordinateur:
* Trouver l'unique partie se terminant par 3... Dd4# (François Labelle, 2004)
* Avec la diagramme: Ajoutez deux pièces pour obtenir une position légale (Alain Brobecker, 2011, record d'économie pour un problème avec l'énoncé ajouter 2 pièces)
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Et pour être tout à fait exhaustif, il y a aussi cet article de Chessbase sur de la génération automatique de problèmes... Je ne crois pas que l'article ait suscité une enthousiasme démesuré chez les amateurs de problèmes, même si la tentative est intéressante d'un point de vue conceptuel.
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Fin de la première partie du tournoi open. C'est rude!
Competition reportée de trois heures en raison des conditions climatiques qui ont empêché les employés de l'hôtel de rejoindre leur lieu de travail. Force à eux !
A noter qu'il y a dans l'équipe britannique deux champions du monde en titre : John Nunn et Jonathan Mestel, champions du monde par équipe des plus de 65 ans.
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Merci pessoa pour tes reportages humoristique.
Petite question (généralement le qualificatif petite laisse craindre beaucoup de choses) donc petite question:
La coupe du monde de composition aura t'elle lieu cette année ?
Vu qu'on est déjà dans une période avancée de l'année, j'en doute mais as tu plus d'informations ?
Je t'avais prévenu, c'est une PETITE question
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La coupe du monde de composition de la Fide est en suspens, elle n'aura probablement pas lieu faute d'organisateurs (en gros, Andreï Selivanov, qui était le lien en la Fide et la fédération des problémistes, s'est désisté suite aux sanctions prises contre la Russie).
Les compétitions de compostions de la WFCC (individuelles et par équipes) auront bien lieu.
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Fin de l'open de solutions. C'est surtout une épreuve de rapidité (ou alors c'est moins qui suis lent), deux séries de six problèmes en une heure trente chacune. Il y a chaque fois un mat en deux (ça, ça va encore...), un mat en trois (croyez-moi, ça peut être très complexe), un mat plus long, une étude de gain ou de nulle, un mat aidé (= blancs et noirs coopèrent pour mater le roi noir) et un mat inverse (les blancs forcent les noirs à mater le roi blanc).
Les problèmes seront prochainement mis en ligne sur le site, j'imagine.
Comme il est de tradition, je vous propose le premier problème, un mat en deux. En compétition, on ne demande que la clé (le premier coup blanc de la solution), mais on va essayer de voir aussi les idées qu'il y a derrière ce problème.
Ce problème est dû à Raymond Gevers et date de 1929 (il avait eu à l'époque un premier prix dans la revue allemande die Schwalbe, revue qui d'ailleurs existe encore)
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Question subsidiaire : combien êtes vous dans le monde de la composition (toutes spécialités confondues)
en France ?
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La position de problème de Sam Loyd est passionnante ! je me suis régalé à essayer de trouver la solution .Je suis capable de regarder les cases importantes clefs d'une position , mais je suis souvent incapable de trouver la solution sans bouger physiquement les pièces sur l'échiquier.
Mon cheminement de pensée a été grosso modo celui-ci :
- Le noir noir n'a aucune case de fuite actuellement.
- Les cavaliers blancs sont très menaçants , avec un éventuel mat possible sur les cases b6 et e3, mais les noirs tiennent ces cases critiques avec leur dame et leur tour
- le fou blanc h8 contrôlant la diagonale noire et la case d4 est en prise par le cavalier f7 ... ce cavalier f7 empêchant également le mat en e5 par la dame blanche.
- La dame blanche est mobile , elle pourrait mater sur les cases g2 , f3 , c6 , b7 , mais comment s'y rendre sans perdre le contrôle de la case noire de fuite d4 pour le roi noir ( le cavalier prenant le fou h8).
- peut-on devier la tour noire ou la dame noire , afin de mater avec les cavaliers ?
a ce moment de la réflexion,(15 minutes) j'ai bougé les pièces sur l'échiquier ...et j'ai trouvé Da1 .... qui a l'air de fonctionner !
Merci Pessoa pour ce bon moment d'échecs !
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"Corrigé" du mat en deux.
Il n'est pas inutile, dans un problème et particulièrement dans un mat en deux coups, de regarder ce qu'on appelle le "jeu apparent", c'est-à-dire les suites si le trait était aux noirs.
C'est un bon point de départ pour le "solutionniste", mais ça fait aussi partie, parfois, du contenu, de l'idée même portée par la composition.
Ici, on remarque progressivement que les noirs sont en zugzwang, tous leurs coups mènent à un mat direct pour le blancs (on a vu qu'on appelait ça un blocus, et comme c'est dans le jeu apparent, bin oui on appelle ça un blocus apparent).
Trois pièces sont comme "clouées" : la tour en d3 (car ça mène à Dxg6 mat), le fou qui permet Dg2# dès qu'il bouge une oreille, et aussi le pion car alors c'est Ff4 qui met fin au jeu.
L'autre tour doit garder b5 contre le mat du cavalier, et si elle s'aventure à capturer sa congénère, c'est bien sur 2. Dxc5 qui clôt la discussion.
Enfin (c'est le plus intéressant vous allez voir), si le cavalier bouge il perd la garde de c8 et 2. Cc8 mate.
Bien.
Il suffirait donc que les blancs maintiennent le statu quo et ça ferait donc un mat en 2 assuré.
Mais voilà, vous l'avez deviné, on ne peut maintenir le statu quo. Par exemple, Rh6 libère le coup tout bête g5 et les noirs ont échappé au blocus !
La solution finalement c'est de jouer 1. Cg8 !
Ca maintient la plupart des clouages, certes, mais le cavalier blanc qui vient de bouger a perdu le coup d'oeil sur c8, donc le cavalier noir est libéré.
Voire... Car maintenant, si le cavalier noir joue, par exemple, disons, en a4, les blancs matent par 2. Td8# En effet, en quittant e7, le cavalier contrôle désormais e7 (ha ha !).
Les plus finauds diront : oui d'accord, mais si le cavalier ne va pas "n'importe où" mais en d7, le mat Td8 n'est plus possible ! Certes (on nomme ça une "correction", mais si je me lance dans le vocabulaire on n'est pas couché). Mais alors les blancs ont la ressource 2. Te6# car les noirs ont bloqué la case d7 donc on peut couper le chemin du fou blanc vers cette case.
Et si encore les noirs jouaient 1... Cd5 ? Ca intercepte la tour blanche, de sorte que le roi peut fuir en e5 après Td8+.
Oui, mais non, car la tour blanche est déclouée, le fou noir perd l'accès à c6, et la case bloquée en d5 libère la tour de son rôle de garde de cette case, et alors 2 Tc6 mate.
Et on a fait le tour.
Enfin, peut-être pas tout à fait encore : est-ce que les blancs n'auraient pas pu jouer ailleurs qu'en g8 pour commencer ?
Malheureusement (heureusement, sinon le problème serait incorrect), les autres coups du cavalier blanc causent des dommages à leur camp ; par exemple après 1 Cxg6?, la tour noire est libérée car Dg6 est désormais empêché.
Un dernier point de vocabulaire, car on a ici un thème prisé. L'idée est que les noirs étaient en blocus apparent, mais que les blancs doivent garder le blocus tout en "changeant" certains mats (ici, les mats sur les coups de cavalier). Cette idée paradoxale s'appelle un "mutate".
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Dernières nouvelles avant extinction des feux, quelques résultats.
Le tournoi open a deux vainqueurs ex aequo. Le Polonais Piotr Murdzia (huit fois champion du Monde s'il vous plaît) est accompagné de l'Allemand Boris Tummes. Kacper Piorun (autre champion du monde polonais) complète le podium.
Les français Michel (18e), Abdelaziz (34e) et moi-même (62e) tiennent leur rang.
Ce soir, le tournoi de solution d'échecs rétro proposé par l'ami Vlaicu Crisan a réuni une quinzaine d'amateurs. On rappelle que c'est une spécialité française puisqu'un championnat national est organisé tous les ans à la Riface (la rencontre annuelle des problémistes français).
Résultat, Michel remporte facilement le tournoi, devant le Lituanien Vidmantas Satkus. Et j'ai l'honneur de partager la médaille de bronze avec le jeune autrichien Joachim Hambros !
C'était Pessoa, en direct de Jurmala, à demain pour la première journée du championnat du Monde !
edit : orthographe de Piotr Murdzia
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Merci beaucoup c'est passionnant.
Bravo pour votre médaille et bon courage pour la suite.
PS petite coquille sur le premier polak cité Piotr Murdzia avec un d.
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Merci pour vos articles, c'est très intéressant en plus d'être agréable à lire.
Bonne continuation sur la Baltique !!
(Très joli le Sam Loyd proposé.
C'est marrant, j'ai toujours une sorte de sentiment d'impuissance quand je découvre ces positions et que j'essaie de trouver.
Pourtant c'est toujours le même échiquier, et les mêmes pièces.)
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Petite précision sur les ordinateurs.
Ils savent résoudre les problèmes, mais aussi déceler le contenu.
Le logiciel "pro" winchloé reconnaît ainsi que le problème ci-dessus est un mutate et donne aussi d'autres éléments que j'ai énoncés, avec leur petit nom ("Somov"...)
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C'est vrai que Winchloe est un outil très performant, avec une base de plus de 900 000 problèmes il est capable de déceler les thèmes sous réserve que ceux ci soit définis (c'est à dire que leur identification se fait informatiquement, donc automatiquement).
C'est ainsi que j'ai découvert qu'il existait des thèmes exotiques dont je ne soupçonnais même pas l'existence comme le thème Pelle ou le thème du Dentiste (et il y en a bien d'autres).
Pour les thèmes plus complexes, ce sont des thèmes indéfinis et eux ne sont pas identifier informatiquement, mais renseignés manuellement (l'informatique ne fait pas encore tout tout tout).
Pour compléter l'information sur Winchloé il est possible par un système de requête de rechercher des problèmes dans la base répondant à des critères spécifiques et enfin il est possible d'éditer les problèmes au format compatible Word avec leur solution (solution, essai, Jeu apparent) dans différentes langues.
Tout ceci fait de Winchloé l'outil, sans aucun doute, le plus complet accessible sur le Marché.
Mais malgré toutes ces possibilités et bien d'autre que j'oublie, Winchloé est incapable de composer un problème.
Comme le souligne Abrobecker il est possible avec des programmes "maison" de composer des problèmes spécifiques, mais pour le moment ça semble encore très limité par rapport aux nombres de problèmes publiés chaque année à travers le monde.
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Première journée du championnat du monde ce matin.
Trois séries de problèmes :
D'abord des mats en deux coups. Trois à résoudre en vingt minutes. Ce n'est pas très dur mais ça va très vite. On a vite fait de se tromper, comme moi sur le suivant :
Mat en 2 coups, Paul Steiner (paru dans The Problemist en 2001)
La plupart des participants ont tout trouvé.
Ensuite des mats en trois coups, c'est beaucoup plus complexe.
On a une heure pour en trouver trois. Il faut être très attentif, car on demande toutes les variantes (jusqu'au deuxième coup blanc), et il y en a souvent un bon nombre. C'est l'occasion de perdre quelque points (un problème complet rapporte 5 points, une ou deux variantes oubliées c'est un point ou 2 de perdus).
Après ces deux rondes, 19 participants font encore un sans faute, donc Michel et Abdel (je n'évoquerai pas mon cas personnel, euh, disons que c'est par modestie).
Enfin le juge de paix de la matinée, les études. Deux études de gain (les blancs jouent et gagnent), une de nulle. On dispose d'une heure quarante - et c'est quand même très difficile. C'est là que les meilleurs peuvent être en défaut. Les joueurs de partie sont avantagés (Piorun, par exemple, est un bon 2600), mais ça ne suffit pas toujours.
Les résultats de cette ronde ne sont pas encore disponibles, plus d'info un peu plus tard dans la soirée !
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Ça y est, les résultats sont arrivés.
Plus personne n'est à 100% des points, les études étaient costaudes. Mais les écarts ne sont pas faits.
Le tournoi est mené, c'est une surprise, par Jon Mestel (ça sert, d'être un GM pour la partie). 11 joueurs se tiennent à cinq points (la valeur d'un problème), donc tout est à faire.
Ne boudons pas notre plaisir, Abdel est actuellement 5ème, au même niveau que Piorun. Les deux ont juste loupé une étude (pas la même). Michel est en embuscade à la 16ème place, et je suis moi-même à une médiocre 70e place sur 82 :-(
Par équipe, les Britanniques devancent la Pologne d'un souffle. A noter que le sélectionneur des problèmes est lui-même polonais, on ne peut pas dire que ce soit à l'avantage des favoris !
La France pointe à une belle 6ème place, là encore les écarts sont faibles et tout est possible.
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Tiens, j'en profite pour vous bailler la solution du mat en deux ci-dessus.
Par quoi on commence, vous souvenez-vous ? Par le jeu apparent. On peut remarquer que les cavaliers noirs sont cloués à cause des mats Cf3# et Cf5#. Bon, c'est à peu près tout pour le jeu apparent.
C'est peu, mais ça nous oriente vers un problème à menace plutôt qu'un nouveau blocus.
Ensuite, il faut trouver des idées de clé. Les clés ne sont jamais des coups d'échec, on cherche donc un coup tranquille qui permette de menacer un mat en un.
C'est à ce moment que peut venir l'idée de jouer le fou. D'abord parce que placé où il est il n'a pas l'air de servir à grand-chose, ensuite parce que si le fou dégage, la tour gagne le contrôle de d5, et donc ça menace Db6# puisque la dame est déchargée de cette tâche.
Alors, sur quelle case ce fou va-t-il atterrir ?
En f3 ? Mais on a besoin de cette case pour le cavalier, n'est-ce-pas ? Si 1 Ff3, le cavalier g5 est libre et peut aller parer le menace en jouant 1... C5e4 !
Et sur f5 c'est la même chose, ça libère l'autre cavalier, donc 1... C3e4 et pas de mat derrière.
Reste alors c2 qui n'est pas terrible, on y répond simplement par Txc2.
Reste aussi d'aller prendre en d5. Ce n'est plus la même idée, car ça crée une menace de mat à la découverte (une "batterie" dans notre jargon) par 2 Fxf7 (ou même 2 Fe6)# Les noirs contrôlent la dame et l'empêchent de nuire avec 1... Td8.
Par élimination, il ne reste que 1 Fd3 qui a une bonne tête - mais non ! Il existe une défense subtile, 1... Fxb2, qui donne la case c3 au roi noir.
Alors ? alors, il faut une nouvelle idée.
Ce qui est parfois utile, c'est de chercher les clés qui donne une case de fuite au roi noir, nous parlons de clé "ampliative".
La tour, en effet, peut abandonner le fou parce que Rxe4 est suivi par Df4#
Du coup la clé est 1 Tc3 !, qui menace 2 Tc4# (le pion est cloué). Si les noirs prennent le fou avec l'un ou l'autre canasson, non seulement ils perdent la garde de f3 ou f5 comme on l'a vu, mais ils bloquent e4, les mats du cavalier qu'on a vu au jeu apparent sont toujours là.
Reste une dernière défense, la prise 1... fxe4, qui se conclut par 2 Df6#
Résumé, quatre prises possible du fou en e4 qui donnent quatre mats différents.
Un joli problème, piégeur pour le solutionniste.
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Fin du championnat ce matin.
Les trois dernières rondes font place aux stipulation exotiques (mais très communes dans le monde du problème, en réalité), les mats aidés et les mats inverses, avec aussi une ronde pour les mats longs (entre 4 et 7 coups en l'occurrence).
On n'aura les résultats que dans l'après-midi je pense.
Hier, j'ai pu profiter du spa de l'hôtel en ruminant les compositions du matin, par exemple cette étude.
L'auteur est bien connu, je pense, il s'agit de Jan Timman, ex numéro 3 mondial, qui est aussi un compositeur réputé.
Il y a quelques forts joueurs parmi les compositeurs d'études (dont le champion du monde Vassily Smyslov), il est plus rare qu'un GMI compose dans d'autres styles, ou alors occasionnellement.
Donc, voici. Les blancs jouent et gagnent.
Bon amusement !
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Les résultats sont arrivés !
Comme c'est très serré, je serai un peu prudent, il peut arriver que les juges se trompent et qu'un ou deux points en plus ou en moins soient attribués.
En individuel, Kacper Piorun remporte son sixième titre. Il devance John Nunn d'un petit point (pris dans les études, Nunn n'ayant pas trouvé la pointe finale de l'étude de Timman). La médaille de bronze vient à la surprise grecque, Nikos Sidiropoulos.
Michel finit 17ème, Abdel 21ème et moi-même 61ème.
Par équipes, coup de tonnerre, puisque la Grande-Bretagne devance la Pologne. Les deux ont exactement 153 points, c'est donc au temps que la différence se fait. En plus de Nunn, les Britons ont profité de la vitesse de David Hodge et des excellentes études de Jonathan Mestel.
La troisième place échoit à Israël, de peu devant l'Allemagne, la Lituanie - et, cocorico, la France a une très belle sixième place, devant la redoutable Serbie, bel exploit (avec une marge fantastique d'un demi-point, quand je vous dit que c'est serré cette année !)
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Le saviez-vous ?
Nous ne sommes pas vraiment à Jurmala, mais à "Jūrmala". Avec cet accent plat qu'on retrouve à Tōkyō, chez les Māori, mais aussi à l'Élysée puisqu'on appelle ce diacritique un "macron".
Ça marque une voyelle longue. "Yoooourrmala" (paraît qu'il faut rouler le r, aussi).
Ce soir, petite démonstration (les compétitions s'enchaînent), avec le "combiné baltique". L'idée est amusante : chaque participant propose un problème, puis tout le monde "affronte" les problèmes des adversaires. Un peu comme dans un tournoi quoi.
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Jetons un oeil à cette étude de Timman.
Les blancs, évidemment, ont un énorme avantage et des menaces de mat. Mais les noirs, pour l'instant, menacent un échec perpétuel de la tour en b7 et a7, dont il n'est pas facile de se dépêtrer. On devine aussi qu'ils auront des ressources à base de pat.
Il est trop tôt pour le simple 1 Cd6 car les noirs jouent le très ennuyeux 1... Fd8, donc on commence par sacrifier un peu :
1 Tf8+ !
il suit :
1... Fxf8 2 Cd6 Fxd6 et de nouveau :
3 Tf8+ ! Fxf8 et on a enfin ouvert la diagonale h2-b8 donc
4 Fh2 !
Et on arrive au vrai premier point délicat de cette étude (jusque-là c'était presque forcé). Quelle est la ressource noire ? Viser le pat trop tôt ne suffit pas : 4... Fd6 5 Fxd6 Dh2 6 Fxh2 libère le pion noir, mais surtout 6 Da1 et le mat suit.
Les noirs doivent donc combiner deux idées, le pat, mais aussi l'attaque contre le roi blanc. Voici comment :
4... Fxc5 + ! 5 bxc5 d6 6 Fxd6
Les noirs ont renoncé au perpétuel et sont dans un réseau de mat très puissant, mais les tableaux de pat abondent à présent.
6... Dh2, haha ! Les noirs ne font pas que provoquer 7 Dxh2 pat, ils peuvent aussi s'en prendre au roi blanc par exemple 7 Da1 ne fonctionne plus : 7... Db2+, oups.
Les blancs jouent donc 7 Dg2 ! et on est parti pour quelques pas de danse entre deux dames mutuellement imprenables.
7... Dg3 8 Df3 Df4 9 De4 De5 10 Dd4 !
C'est quasiment la dernière pointe, reste juste le finale :
10... Dh2 11 Dh8+ Dxh8 et 12 Fxc7# enfin !
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La joie de Kacper Piorun
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Merci Pessoa pour tes "reportages" et pour les infos
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Dernière compétition de la semaine en résolution, le petit tournoi de solutions féériques.
Deux séries de six problèmes parmi les plus exotiques : pièces chinoise, sauterelles, échecs madrasi, aidés de série, bref toutes les fantaisies sont possibles.
Les problèmes étaient d'ailleurs bien complexes, parmi les 24 participants, seuls deux en ont trouvé au moins la moitié : Michel une fois de plus, mais aussi le Belge Eddy Van Beers qui le devance d'une poignée de points.
Je finis à la treizième place. Il n'y a pas de classement par équipe alors je le calcule moi même, parce que ça permet de donner la victoire à la France !
Demain auront lieu les remises de prix des concours de composition, nombreux comme à chaque fois.
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Les résultats du "combiné baltique" sont arrivés.
Michel a réussi à résoudre tous les problèmes présentés, mais ça ne lui donne que la troisième place derrière le vainqueur Ilia Serafimovic et Jonathan Mestel, qui ont aussi bien résolu mais ont proposé des problèmes plus coriaces.
Un format amusant en tout cas !
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Je peux témoigner que Michel vient aux congrès avec une valise supplémentaire vide afin de rapporter tous ses trophées.
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Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, Léon Marchand et Teddy Riner aussi ils sont forts dans leur discipline.
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Oui mais les médailles d'or c'est plus petit et ça tient moins de place que les coupes..
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Nunn et Mestel sont deux fois champions du monde par équipe en un mois ! (Vétérans + Problèmes)
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Les compétitions de compostions de la WFCC (individuelles et par équipes) auront bien lieu.
Dernière "petite" question pessoa, est ce que ça veut dire que le WCCI aura lieu en début d'année prochaine ?
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Je viens de découvrir la note de la FIDE, donc à priori le WCCI pour la période 2022-2024 aura bien lieu en début 2025, pour la suite.. rien n'est moins sur..
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