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Décès de Boris Spassky par Renan le  [Aller à la fin] | Actualités |
Je viens de lire cet article :

https://www.letelegramme.fr/monde/boris-spassky-legende-sovietique-des-echecs-est-mort-6768386.php


Renan, le
Pour moi il restera l’immense adversaire de Bobby Fischer en 1972.
Grand championnat du monde qui restera dans les mémoires grâce à deux joueurs extraordinaires.


un homme de grande classe


Athos, le
Fin de vie difficile, avec une exfiltration assez mystérieuse vers la Russie.

Pour ma part, je retiens 3 images de son si brillant parcours :
- la ténacité pour la conquête du titre, contre Petrosian, il fallait une sacrée résilience;
- l'élégance de son comportement contre Fischer, qui l'avait bien déstabilisé au cours de leur match;
- le panache, qui le fait gagner le Championnat d'URSS après la perte du titre, alors qu'il était très critiqué.

Il aurait pu briller plus longtemps, mais il avait indiqué avoir été usé par tant d'affrontements à haut niveau, ce qui explique un déclin assez rapide.


Davout, le
Le champion du monde, d'après-guerre, le plus sous-estimé. Et pourtant, réussir en 1966, à devenir challenger de Petrosian, perdre le match et revenir 3 ans plus tard avec tous les matchs à passer (voir ses adversaires de 1966 et 1969) pour gagner le titre, chapeau l'artiste.


Meteore, le
Le dîner réunissant Boris Spassky, Bobby Fischer et la famille Polgar à Budapest en 1993 (cf EE) devait être intéressant !


Condoléances à tous les siens
Des belles parties avec Bobby Fischer avec comme Arbitre Lothar Schmid Qu'ils reposent en paix tous les 3.


J'ai eu l'occasion de le voir dans les années 90 à Montpellier. Un grand champion qui aurait pu avoir une autre carrière sans l'arrivée de cette nouvelle génération.


Condoléances également à ses proches. J'ai eu l'honneur de le rencontrer à la Rochade à la fin des années 90. Avec notamment en point d'orgue ce soir où il nous a soumis la fameuse étude que Bondarevsky lui a demandé de résoudre à l'aveugle (et dont Yosha parle ici : https://www.youtube.com/watch?v=ZGMxBZcNv_o&t=1499s).
On y a passé la soirée avec les copains, mais quel plaisir de lui donner la solution le lendemain et de le voir avec un grand sourire aux lèvres ! Il était adorable.


Spassky aura été le meilleur joueur du monde pendant quelques années, dans la deuxième partie des années 60.
On retiendra autant l’homme que le joueur, un bel homme très bien élevé , il avait la classe .
Et un humour incroyable, dans un style unique qui mélangeait souvent un ton réservé, presque froid et objectif avec des saillies finales irrésistibles.
Son style de jeu est assez spécifique, il est remarquable quand ça chauffe, dans les moments importants c’est à dire essentiellement en attaque et en défense, ou bien dans les moments stratégiquement cruciaux.
Au contraire d’un Fischer ou d’un Carlsen qui essaient de jouer toujours le meilleur coup, il était moins perfectionniste pour se concentrer, comme un joueur de tennis, sur les points importants.
C’était aussi un grand psychologue, qui dans les situations difficiles savait compliquer la tâche à ses adversaires en choisissant des options inattendues, renforcées par son masque impénétrable.


Un exemple de l'humour de Spassky donné par Spraggett :
I remember fondly one conversation I had a few years back with Boris Spassky. We were discussing 'THE' Victor Korchnoi ('Victor the Terrible' to many).

Boris and Victor had been bitter adversaries for more than 40 years at the time of this conversation, and they had played more than 60 times in official competitions..(including 2 candidates finals)... only Karpov can boast to have played Victor more times.

Boris, at one point, came up with the incredible statement that Korchnoi had every quality necessary to become world champion BUT lacked ONE very essential quality...and it was precisely this quality that prevented him from attaining chess' highest title.

I coaxed Boris on...He began to list Korchnoi's many qualities:

...Killer Instinct (nobody can even compare with Victor's 'gift')
...Phenomenal capacity to work (both on the board and off the board)
...Iron nerves (even with seconds left on the clock)
...Ability to Calculate (maybe only Fischer was better in this department)
...Tenacity and perseverance in Defense (unmatched by anyone)
...The ability to counterattack (unrivaled in chess history)
...Impeccable Technique (Flawless, even better than Capa's)
...Capacity to concentrate (unreal)
...Impervious to distractions during the game
...Brilliant understanding of strategy
...Superb tactian (only a few in history an compare with Victor)
...Possessing the most profound opening preparation of any GM of his generation
...Subtle Psychologist
...Super-human will to win (matched only by Fischer)
...Deep knowledge of all of his adversaries
...Enormous energy and self-discipline

Then Boris stopped, and just looked at me, begging for me to ask the question that needed to be asked....

I asked: 'But, Boris, what does Victor lack to become world champion?'

Boris' answer floored me:

''He has no chess talent !''


Meteore, le
cela pose la question de savoir ce qu'est :
le "chess talent"

peut être une forme d'intuition sur quel coup jouer? qui s'acquière pendant l'enfance (comme une langue maternelle) et qui est inaccessible à ceux qui commencent les échecs tardivement (après 5/6ans)

???


Le quotidien sportif l'Equipe de ce jour consacre un petit article et cite Karpov :"Il a toujours été l'une de mes principales idoles. Il y avait Capablanca en première position et Spassky en deuxième".


J'avais beaucoup aimé sa remarque, après son divorce : "nous étions comme 2 Fous de couleurs opposées"


Krusti, le
Anecdote (intraduisible à mon sens sauf à en perdre le sel...) à chaud de Nigel Short:

"Memory of the sheer joy with which Boris Spassky used to say "absofuckinglutely" - his favourite English word, which he would shorten to "abso" in polite company - brings a smile to my face 🙂 I'll tell more serious stories another time... A great man, with whom I was privileged to spend many, many hours."

En 1972 je me souviens très bien de toute la lumière prise par son adversaire... (et au cœur de la guerre froide la notion de côté c'était quelque-chose...) le renvoyant lui-même cruellement de l'autre côté. Il n'en avait certainement que plus de mérite.


BS avait aussi l'avantage d'être un des (très) rares champions à ne pas souffrir de la mégalomanie qui semble aller de pair avec le titre suprême.


DrPipo,pour la mégalomanie, je dirais plutôt que c'est du 50/50.
D'accord pour Steinitz, Alekhine,Fischer,Kasparov, et dans une moindre mesure ,Capablanca et Carlsen .
Je trouve que Euwe, Smyslov,Tal ,Petrosian,Spassky, Karpov et Anand échappent à ce défaut.
Je suis plus dans le doute pour Lasker et Botvinnik


Karpov ??
Il est assez discret mais il me semble au dessus de presque tout le monde dans ce domaine !
Depuis Spassky, le seul qui pourrait y échapper éventuellement est Anand, qui a un tempérament peu tapageur, mais même pour Vishy je ne suis pas trop sûr.
Pour Botvinnik et Lasker. il n’y a guère de doute !


Penarol, le
Boris Vasilievich aimait aussi la provocation.
Lors du championnat du monde U20 qu'il remporta (Anvers 1955) il a quand même osé demander au gars du KGB qui accompagnait : " Est-il exact que Lenine soit mort de la syphilis ?". De mémoire il n'avait pas la carte du PC (il y en avait quand même !).
J'ai eu également la chance de partager quelques repas avec BS au domicile parisien de Polougaevsky. BS habitait Meudon. Il n'y avait pas Fischer mais c'était sympa quand même !


Très triste d'apprendre son décès, le livre de cafferty sur ses meilleures parties m'a accompagné une bonne partie de l'adolescence.
Spassky était un champion humble et classe, très humain et pas du tout tueur. Il est sans doute le joueur ayant eu les cycles de qualification les plus difficiles (en 1965 et 1968), triomphant des meilleurs joueurs de sa décennie (Tal, larsen, Geller, Kortchnoi... Rien que ça !)


Reyes, le
Boris Spassky (1937 - 2025)

Un dossier spécial sera consacré à Boris Spassky dans la revue Europe-Echecs d’avril afin de rendre à ce grand champion l’hommage qu’il mérite. L’historien des échecs Georges Bertola et tous les membres de notre équipe vous feront revivre l’exceptionnelle carrière de l’ancien champion du monde à travers ses parties inoubliables. En attendant la publication de ce numéro, nous vous proposons de découvrir les moments-clés dans la carrière de Boris Spassky, illustrés avec des documents d’archives, des vidéos et des parties commentées : https://www.europe-echecs.com/art/boris-spassky-1937-2025-9438.html

— 1949 : Spassky (12 ans), s’impose contre Avtonomov
— 1690 : Le gambit du Roi. Il s’impose en 23 coups face à Bronstein
— 1966 : Spassky finaliste des championnats du monde face à Petrossian
— 1969 : Face à O'Kelly de Galway au tournoi de San Juan
— 1969 : la consécration de Spassky, champion du monde
— 1972 : Spassky, héros malheureux du match du Siècle
— 1973 : Spassky vs Tukmakov, URS Final Moscow
— 1976 : la nouvelle vie française de Boris Spassky
— 1992 : le match revanche contre Bobby Fischer


urizen, le
Hâte de découvrir ce dossier spécial sur Spassky. J'avais particulièrement apprécié celui de Kortchnoi
et en recherche toujours de celui sur Fischer (N°575 épuisé vu à 100 euros sur leboncoin).
Merci à EE.

C'est un joueur que j'appréciais beaucoup et il est temps enfin de lui rendre hommage à ma façon en prenant le livre de Cafferty conseillé d'ailleurs par un membre de ce forum.

Une génération nous quitte.


Chemtov, le
Et oui... La roue tourne... Et comme survivants de plus de 80 ans, il nous reste trois joueurs qui ont été Candidats : Portisch, Olafsson et Hort. Et une poignée de grands maîtres de tout premier plan comme Gheorghiu et Panno. Et la championne du monde Nona Gaprindashvili.

Après, nés dans les années 50, pas mal de jeunots peuvent encore témoigner de ce beau passé, comme Karpov, Timman, Ljubojevic, Andersson, Ribli, Dorfman, Beliavsky, Vaganian, etc...


Davout, le
Le "chess talent" lu plus haut doit correspondre a des aptitudes naturelles plus qu'au travail et à la personnalité du joueur.

Botvinnik a dit que Fischer avait un don pour les échecs, ajoutez à cela sa capacité de travail et on a vu le résultat.

Korchnoy, selon Spassky (et on ne peut pas contester sa thèse sur Viktor) avait la capacité d travail et la personnalité pour être un grand joueur d'échecs.

Il me semble qu'un des futurs entraineurs de Spassky, avait proposer ses services à Korchnoy mais celui-ci refusa en disant qu'il serait champion du monde sans l'aide de personne. Ce même entraineur fit donc sa proposition à Spassky : on connait le résultat.


Bibifoc, le
Merci Boris Spassky pour toutes les merveilleuses parties que tu nous as données.
RIP


Athos, le
Vu sur le site du Figaro, une déclaration dans laquelle il dit que la victoire de Fischer l'a débarrassé du poids énorme que représentait le titre à l'ère soviétique.
Peut-être un clé pour comprendre son départ postérieur en France et la lassitude qu'il a éprouvée, à partir de la fin des années 70, pour les affrontements de haut niveau. A un moment la pression finit par écraser ...

Il y déclare aussi que Fischer a gagné parce qu'il était simplement le meilleur, il est rare de voir une telle humilité. Quelques années avant leur match, Fischer l'avait classé parmi les joueurs les plus notables de l'histoire.
Sur la fin de sa carrière, quand il voulait se concentrer vraiment, le niveau remontait vite. En 93, il perd de justesse un match contre J. Polgar.


Bibifoc, le
Le dernier des mousquetaires avec Tigran Petrossian,Victor Kortchnoi et Michael Tal.
Peut être le d'artagnan de ce groupe.
Urizen dit "la fin d'une génération" c'est exactement ça.


Davout, le
@ Athos
vous écrivez : "Fischer l'avait classé parmi les joueurs les plus notables de l'histoire."

Ce n'est pas l'avis de Nakamura...

Mais entre celui de Fischer et celui de Naka, je préfère l'avis du premier.


Penarol, le
Partie entre Spassky et le GMI roumain Florin Gheorghiu (champion du monde U20 comme lui mais en 1963). Le Roumain en crise de temps renverse le Fou de Spassky, qui tombe par terre. Il ne fait pas l'effort de le ramasser. Spassky ne bronche pas et continue à jouer. A un moment il fait échec et le Roi de Gheorghiu tente de s'échapper. Spassky indique que c'est impossible et qu'il est mat en montrant du doigt son Fou qui est resté par terre et qui contrôle la case de fuite !


@davout, athos : La liste des meilleurs joueurs de l’histoire par Fischer tient plus des Marx Brothers que de la logique échiquéenne.
Elle date des années 60 et à sa décharge il lui était dur d’y placer Carlsen, Kasparov ou Karpov. Cela étant ses choix sont complètement farfelus, même pour l’époque.


Triste nouvelle que le decès Boris Spassky, même si cela n'est pas vraiment une surprise, auregard de son âge et de ses ennuis de santé.
Tous mes médias russes lui rendent hommage, reconnaissant en lui un des plus grands joueurs du 20 eme siècle ( malgrè sa défaite contre Fischer.).

Sa venue en France dans les années 80 a été immensement bénéfique pour faire progresser les échecs français au niveau international. c'est malheureux que son départ de la France se soit passé dans des conditions aussi déplorables.

voici une partie que j'ai eu l'honneur de jouer avec lui, à lyon en 1990 , en simultanée sur 10 échiquiers. (immense Merci à Jean Claude Loubatière) cela reste un excellent souvenir pour moi, grace au comportement bienveillant et sympathique de Spassky ...
Sur 10 échiquiers, il revenait très vite devant chaque échiquier ... , j'aurais eu besoin de beaucoup plus de temps de reflexion pour mieux jouer ... Etonnament je suis resté très vite le dernier joueur en liste à jouer, tous les autres avaient perdu ...il est donc resté seul devant moi aux alentours du 25 eme coup... et très sportivement il m'a accordé une minute de reflexion à chaque coup... un vrai gentleman , amoureux des échecs , qui prenait plaisir à jouer même contre un amateur !
Tous les champions d'échecs ne sont hélas pas comme lui !

[Event "Simultanée 10 échiquiers "]
[Site "Lyon"]
[Date "1990.12.??"]
[Round "?"]
[White "SPASSKY, Boris (GMI)"]
[Black "HUGUES, Thierry"]
[Result "1-0"]
[ECO "B38"]
[WhiteElo "2500"]
[BlackElo "1610"]
[Annotator "Lyon 10 échiquiers"]
[PlyCount "75"]

1. e4 c5 2. Nf3 Nc6 3. d4 cxd4 4. Nxd4 d6 5. c4 g6 6. Nc3 Bg7 7. Be3 Bd7 8. Be2
a6 9. O-O Nxd4 10. Bxd4 Nf6 11. Rc1 O-O 12. f3 Rb8 13. Qd2 Nh5 14. Bxg7 Nxg7
15. f4 f5 16. Kh1 Bc6 17. Bf3 Qd7 18. Rce1 Rbe8 19. e5 Bxf3 20. Rxf3 Qc6 21. b3
dxe5 22. Rxe5 e6 23. Rd3 Rf7 24. c5 Rfe7 25. Rd6 Qc7 26. b4 Ra8 27. Na4 Kf7 28.
Nb6 Rb8 29. Re3 Ne8 30. Rd4 Nf6 31. Red3 Rbe8 32. Nc4 Nd5 33. Nd6+ Kf6 34. Rxd5
exd5 35. Qb2+ d4 36. Qxd4+ Ke6 37. Re3+ Kd7 38. Nc4+ 1-0


Athos, le
@DocteurPipo : liste pas si farfelue, puisqu'on y trouve Morphy, Staunton, Capablanca, Alekhine et Tal aussi. A l'époque, Spassky était champion, avec un jeu extrêmement complet, et il menait contre Fischer dans leurs affrontements.
Si Fischer avait dû refaire une liste dans les années 90, il est probable qu'elle aurait été complétée.


Dans l'hommage sur le site EE, on voit un extrait du commentaire du match de 1972, présent dans la revue d'alors, et qui est très intéressant.

Fischer souligne que la seconde partie du match fut très difficile pour lui, car Spassky avait trouvé le moyen de le presser. "C'était terrible" dit-il, avant de proposer de le rejouer si "les prix étaient intéressants", sans vouloir "se donner en spectacle aux Etats-Unis" (sacré Bobby ...).
Et Spassky commente ainsi le jeu de Fischer :
"J'ai manqué de nerfs et de force physique. J'avais l'impression de l'avoir entre mes mains mais il fuyait comme un poisson. Fischer est avant tout un pragmatique. Je n'ai pas remarqué de création dans son jeu. Technique, pragmatisme, énergie et désir de lutte, c'est ce que j'aime en lui. Mais il y a une poignée de joueurs qui le dépassent dans la compréhension profonde du jeu, dans la compréhension positionnelle".

C'est un avis surprenant, limite "coup de pied de mule", mais il est donné par le premier intéressé, lui-même grand champion. Cela inspire au moins 2 remarques :
- à haut niveau, la maîtrise physique (énergie, sang-froid) est décisive, ce qu'on savait déjà. Combien de joueurs très talentueux ont été victimes de ce paramètre ? Ils sont nombreux.
- traiter Fischer de "pragmatique" est d'autant plus amusant que le roi du "pragmatisme" s'appelait Lasker et que Fischer le considérait comme un "joueur de café".


Pour être exhaustif, voici la page wilki :
En 1964 Bobby Fischer avait établi son top 10 dans Chessworld : Morphy, Staunton, Steinitz, Tarrasch, Chigorin, Alekhine, Capablanca, Spassky, Tal, Reshevsky. Il considérait que Morphy était le meilleur, écrivant même : « Dans un match de compétition, il battrait n'importe quel joueur vivant aujourd'hui. (In a set match he would beat anyone alive today33). »

In 1970 Fischer établit dans CHESS magazine une autre liste avec, dans l'ordre : Morphy, Steinitz, Capablanca, Botvinnik, Petrossian, Tal, Spassky, Reshevsky, Svetozar Gligorić et Bent Larsen.

Chacun pourra se faire son idée sur le sérieux de ces listes !


Pour établir une liste des 10 meilleurs joueurs ....on a tous une certaine tendance à priviligier les joueurs que l'on a rencontré sur l'échiquier ..ou dont on a étudié les parties avec admiration...
Il est naturel de sous-estimer les joueurs qui ne sont pas de notre géneration , ou qu'on connait mal...ou qui sont nés après notre mort....

Pour ma part, je mettrais donc dans ma liste des 10 : Nimzowitch (mon systeme) , Tartakover (bréviaire), Alekhine (75 meilleures parties), Tal (100 meilleures parties)....


A l’occasion d’une interview de Spassky, en 1992, je lui avais demandé qui étaient les joueurs les plus forts.
Il a répondu Fisher, mais aussi il a insisté pour donner le nom des plus importants pour le développement du jeu. Selon lui c’était Philidor et Botvinnik .
Quant à lui- même, il disait simplement que pendant une période,il avait été le meilleur.
Le distinguo est intéressant parce que par exemple on sait que si Nimzovitch était un très bon joueur, sa force n’avait rien à voir avec celle de ses contemporains, Capablanca, Alekhine, Lasker ou Rubinstein.


Davout, le
Korchnoi, dans les années 80, a dit la même chose que Spassky sur Fischer.

Voici la vidéo de Nakamura classant certains joueurs d'échecs selon des catégories que l'on peut critiquer...

A 0h58, voyez où il place Spassky... Pitoyable...

Concernant lui-même, il a la grosse tête...

Remarquez aussi l'argumentaire utilisé pour classer ces champions avec celui de Spassky sur Korchnoi. J'affirme que celui de Spassky fait honneur à l'analyse tandis que ceux de Naka sont ridicules.

https://www.youtube.com/watch?v=kMU7Z8RZxy4&list=PLXThXCoc-Th8loJoJOgtvUcsRfk-mWwn1&index=11


Athos, le
Pour ce qui est de la fameuse liste de Fischer, dont nous avions débattu dans un autre fil, il s'agit de celle faite en 1964, que l'on retrouve dans la fabuleuse collection d'articles faite par E. Winter :
https://www.chesshistory.com/winter/extra/fischer4.html

Cela permet de mieux contextualiser. Même si ses avis sont parfois réducteurs (Ex : il dit qu'Alekhine surpassait les autres en créant des complications tactiques, principalement, grief qu'il reprend quelque peu au sujet de Tal), sa liste garde fière allure pour l'époque, puisqu'elle mêle des théoriciens (Tarrasch, Staunton), des attaquants centrés sur le matériel ou la position et des maîtres de l'équilibre, comme Capablanca.
Et il avait "détecté" Spassky 5 ans avant son accession au titre. Bonne pioche.

Après ses choix étaient dictés par ses propres conceptions du jeu, et il omet un peu vite des joueurs qu'il ne semble pas aimer du tout, comme Botvinnik ou Lasker (des "pragmatiques", ce que lui reprochait justement Spassky !).

Pour ma part je partage son avis sur Morphy, bien que tout ce qu'on peut dire à ce propos soit invérifiable. Quand on passe un 8-3 contre un Anderssen, on dispose d'une facilité quasiment "extra-terrestre", il volait littéralement au-dessus des autres.
On en saurait plus s'il avait pu rencontrer Steinitz, mais à force de voler il s'est envolé du jeu. Peut-être qu'une affection mentale avait décuplé sa science du jeu, la même qui l'en a éloigné ensuite, mais là c'est vraiment un autre débat ...

Après restituer Philidor et Botvinnik à la place qu'ils méritent, comme l'a fait Spassky, était très pertinent.
Quant à Nakamura ... no comment.


Chemtov, le
''des joueurs qu'il ne semble pas aimer du tout, comme Botvinnik'' ?

Les tous premiers mots de la préface d'Alexei Suetin dans son livre sur Botwinnik sont une citation de... Fischer ! (un peu étonnant pour un livre soviétique !) :

En allemand, dans l'édition est-allemande :
Vorwort : ''Den stärksten Eindruck machte Botwinnik auf mich wegen seiner Selbstdisziplin. Sein Spiel war eine Schule dafür, wie Oberflachichkeit zu vermeiden ist. Ebenfalls beeindruckt bin ich von seiner Selbtsbeherrschung und seine eiserne Logik '' Robert James Fischer (11.Schachweltmeister)

Préface : ''Botvinnik m'a fait la plus forte impression en raison de son autodiscipline. Son jeu était une école sur la façon d’éviter la superficialité. Je suis également impressionné par sa maîtrise de soi et sa logique de fer.''
Robert James Fischer (11ème Champion du Monde d'Echecs).

(Traduction approximative...)

A noter que leur seule rencontre (de deux générations !) sur l'échiquier a été titanesque (nulle en 68 coups dans une célèbre finale de tours). Fischer l'analyse sur 13 pages dans ses ''60 meilleures parties''.


Athos, le
En effet, d'où ma surprise de ne pas le voir dans la liste de 1964. Après ce sont des qualités dont disposait Fischer lui-même, et toute liste de 10 est forcément limitée. Ajoutons que, en 1964, Botvinnik venait de perdre son titre mais était le grand leader de l'armada soviétique tant aimée par Fischer ...


En 1960 , le journaliste TORAN (Ajedrez espanol ) interviewe FISCHER et lui
demande qui est le joueur le plus fort en activité .
Réponse de FISCHER :
« C'est difficile à dire. BOTVINNIK et TAL sont parmi les meilleurs . J'aime
aussi SPASSKY, mais je pense que PETROSIAN est le meilleur de tous. Sa faiblesse est
de concéder trop de nulles , même contre des adversaires qu'il pourrait battre
facilement . Peut-être manque t-il de confiance en lui . »


Oui, en 1960 il est objectif, et petit à petit il s’écarte de la réalité.
De Fischer on doit retenir ses parties étincelantes et son magnifique livre ( 60 memorable games ) rédigé avant 1970.
Pour le reste, il faut prendre l’héritage avec beaucoup de réserves.


Athos, le
Il ne faut pas confondre les meilleurs à un instant T et ceux qui sont des références dans l'histoire du jeu. D'ailleurs Fischer le dit dans ses déclarations de 1964, le Champion du monde depuis de longues années n'est pas nécessairement un "great player", au sens d'être une référence.
Après son évaluation de Petrosian, qu'on avait évoquée ailleurs, me paraît juste. Mais ce n'était pas une question de confiance chez lui je pense, Petrosian avait été comblé par son titre et son tempérament "paisible" le poussait à s'économiser.

Toute liste est sûrement subjective et évolutive, sauf si elle est réellement documentée de façon précise. Or, que ce soit Fischer ou d'autres, il y est répondu sans réelle démonstration.

Il est probable que, dans la chaîne des joueurs cités par les uns et les autres, chacun d'entre eux a fait au moins un apport sur un aspect du Jeu, au moins à un certain moment, sans constituer une référence absolue. De Philidor à ... Carlsen.


Athos, le
Grâce au fabuleux Edward Winter, vous trouverez, dans le lien plus bas, un historique très complet et (hyper) truffé de renseignements à propos du match Fischer-Spassky, 1972. Une vraie mine d'or, assortie de nombreuses photos.

On y apprend notamment que Byrne avait pronostiqué le score exact et le nombre de parties (12.5-8.5), trois mois avant le match ...
On y apprend aussi que Karpov avait servi de sparring, mais ... sur une seule partie, une Espagnole qu'il dit avoir perdu bêtement. Etc.

Bonne dégustation !

https://www.chesshistory.com/winter/extra/spasskyfischer.html

Si la FIDE distribuait des légions d'honneur, il en faudrait une pour Mister Edward ...


Athos: plutôt d'accord avec vous sur votre analyse, et vos éloges sur WINTER .
Seule réserve, le jugement de Fischer sur Petrosian date de 1960 . L'Arménien n'était pas encore Champion du monde .
Il "s'économisait" déjà pour le devenir !


Meteore, le
une célèbre partie Spassky vs Bronstein (1960) 1- 0 -gambit roi.

avant le spectaculaire 15.Cd6 !!?

L'ordinateur attribue à ce coup 0.00 alors que sur le plus pragmatique Dxe2 il donne +2.05.




L'ordinateur devrait attribuer 007 à ce coup !


Meteore, le
Bronstein a joué :
15......Cf8?
16.Cxf7! (+3.2) et Spassky a gagné brillamment

alors que sur la ligne la plus évidente que Spassky a du calculer et estimer:

15......e2xTf1=D (quitte à subir une attaque autant prendre le matériel)
16.TxD FxC (élimine un attaquant et libère e7 pour le roi)
17.Dh7+ Rf8
18.cxd6 cxd6
19.Dh8+ Re7
20.Te1+ Ce5
21.Dxg7 Fe6
22.dxe5 dxe5
23.Cxe5 (cf diagramme)


Les noirs ont une qualité mais vu la faiblesse de leur roi cela semble intenable! néanmoins l'ordinateur continue de donner 0.00 avec une ligne un peu folle

23......Dd4+
24.Rh1 Dd2
25.Cg6+ Rd8
26.Td1 Fd5!!
27.Ce5! Dxc2
28.Txd5+ Rc8




Penarol, le
Supergogol bien raison pour 007 puisque la fin de partie avec Bronstein a été utilisée dans le film « Bons baisers de Russie » en 1963. Il a noter que dans le film il manque deux pions car le producteur avait peur de payer un copyright (amateur !!!!)


Meteore, le
importante interview du fils de BS dans le Figaro.

https://www.lefigaro.fr/culture/boris-spassky-son-fils-raconte-la-vie-trepidante-du-maitre-des-echecs-dont-la-mort-est-recuperee-par-le-maitre-du-kremlin-20250305

Au début de l'article il y a une photographie inédite, joyeuse et très sympathique des deux champions revisitant le roman de Dumas, "vingt ans après"

un court extrait de cet article :

Il voyait Fischer comme Don Quichotte, comme un romantique qui n’était pas adapté au monde dans lequel il vivait. Il n’avait aucun problème à se voir comme le Sancho Panza de cet Homme de la Mancha. Il avait compris dès leur première rencontre que Fischer vivait une tragédie secrète. Quand il est mort, pendant quelques jours, mon père est resté prostré, vous savez. Il répétait, presque de façon psalmodique : « Bobby est mort, Bobby est mort..». C’est une amitié complexe, un peu inexplicable.


Davout, le
David Bronstein raconte dans son livre :"L'apprenti sorcier".

"Il y a de nombreuses années, le tournoi de Mar Del Plata, devint un évènement annuel et je crois que Najdorf a dû le gagner une dizaine de fois. Je m'étais envolé pour l'Argentine en compagnie de Boris Spassky. Un contretemps climatique nous retint un moment à Londres, ce qui me donna la chance de faire découvrir à Boris la vie nocturne londonienne !
A notre arrivée à Buenos Aires, nous découvrîmes le nom de Fischer sur la liste des participants.
Le lendemain matin, en arrivant à la gare où nous devions prendre le train pour Mar Del Plata, j'aperçus Bobby qui me faisait de grands signes depuis la fenêtre du train. J'eus ainsi le plaisir de présenter le grand joueur américain à Boris Spassky, et ils devinrent instantanément amis - et le sont restés jusqu'à ce jour."

Cela peut aisément expliquer la prostration de Spassky à la mort de Fischer.




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