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La revue Europe-Echecs n° 762 - Mars 2025 : Vous les aimez en classique ou en freestyle ? par Europe Echecs le
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La 87e édition du tournoi classique de Wijk aan Zee s’est terminée avec panache et un suspens qui a tenu en haleine les grands-maîtres et journalistes venus nombreux dans la salle de presse. Deux des plus jeunes joueurs venus d’Inde luttaient pour la 1re place lors de la dernière ronde. Le champion du monde Gukesh, avec les Blancs, affrontait son compatriote Erigaisi qui choisit la défense Petrov dont la réputation pour le partage du point n’est plus à faire. Beaucoup prédisaient une nulle. Erigaisi, meilleur Elo du tournoi, qui avait commencé de manière catastrophique en encaissant 4 défaites, manifesta au contraire la volonté d’en découdre. Il termina en beauté avec une victoire, sa deuxième après avoir pris le dessus dans la ronde précédente face à un autre prétendant à la victoire, l’Ouzbek Abdusattorov qui occupa la 3e place du podium, distancé d’un demi-point par Praggnanandhaa et Gukesh.
La route semblait dégagée pour permettre à Praggnanandhaa de gagner le tournoi. Il défendait une finale de Dames et Fous de couleurs opposées contre l’Allemand Vincent Keymer. Ce dernier luttait pour l’honneur, classé dans la 2e moitié du tableau. Pourtant il persévéra car, dans ce genre de finale, le Fou de l’attaquant est presque une pièce supplémentaire qui peut livrer bataille, appuyé par la Dame sur les cases de sa couleur. Une imprécision permit au jeune Allemand de conclure avec un réseau de mat. Une belle réussite pour les échecs classiques dont la mort annoncée est quelque peu prématurée.
Un match en cadence rapide devait départager les vainqueurs. Tout fut décidé dans une partie où Gukesh réussit à perdre avec un pion de plus en voulant forcer. Je pense que couronner le vainqueur du tournoi des échecs classiques de cette manière est une sorte d’injustice. Pendant longtemps, les vainqueurs partageaient la première place s’ils étaient ex aequo, sans doute une solution plus équitable.
Peu après Wijk aan Zee, débutait en Allemagne le « Freestyle Chess Grand Slam Tour 2025 » qui fut remporté par Vincent Keymer. Ce tournoi réunissait paradoxalement les meilleurs Elo des échecs classiques. Une variante du jeu présentée comme les échecs du futur. 64 cases, les mêmes pièces, les mêmes déplacements et les mêmes règles avec pour « nouveauté » le placement aléatoires des pièces nobles.
Si je peux comprendre que les joueurs puissent ressentir du plaisir, en tant que spectateur je n’arrive pas à accrocher. Je ne comprends pas, la plupart du temps, ce qui se passe sur l’échiquier. Malgré les moyens médiatiques considérables, l’audience ne suit probablement pas pour les mêmes raisons. La critique du GMI Illescas me paraît pertinente et fondée :
« L’un des graves défauts du Chess960 (Freestyle), est que de nombreuses positions sont pauvres et ne peuvent être jouées que d'une certaine manière, sinon vous vous retrouvez dans une mauvaise position. »
Je me souviens d’un entretien avec le champion du monde Vassily Smyslov qui pensait que la recherche de l’harmonie, la coordination des pièces étaient fondamentales aux échecs, facilitées par un équilibre et une symétrie de la position initiale.
Dans le 960, l’harmonie est souvent absente et, surtout, il fait table rase du passé. Les liens qui nous unissent avec les maîtres du passé sont rompus. L’ouverture Ruy Lopez, un joueur du XVIe siècle, permet d’opposer au cours de l’histoire des variantes dues aux esprits inventifs de Steinitz, Chigorin, Breyer, Smyslov ou le célèbre gambit Marshall, avec des analyses qui ont résisté à l’épreuve du temps. Il en va de même pour la défense Sicilienne avec les variantes Paulsen, Rossolimo, Najdorf, Taimanov, Sveshnikov et j’en passe, qui toutes, au travers de commentaires didactiques, nous ont permis de comprendre les buts stratégiques et de les assimiler, les utiliser à notre tour et contribuer à apporter une petite pierre à l’édifice.
Ici c’est l’aventure en terre inconnue, tout est à défricher ou presque, l’humain doit compter sur ses propres ressources, l’absence de repaire ou de travail de mémoire, souvent du pur calcul conditionné par certaines positions qui limitent les choix. L’intérêt de chercher à comprendre une partie semble vain puisque son enseignement n’a presque aucune chance de pouvoir se répéter sur un plan pratique.
Bonne lecture.
Georges Bertola
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